ZNIEFF 930012786
MASSIF DE LA GRANDE ET DE LA PETITE AUTANE

(n° régional : 05115100)

Commentaires généraux

Description

Etabli à l’ouest du département des Hautes Alpes, au nord est de la commune de Gap, le site correspond aux premières montagnes du massif du Champsaur avec la Grande et la Petite Autane (respectivement 2 782m et 2 519m). Le site, entièrement situé au-dessus de 1480m, est inclus dans les étages de végétation montagnard supérieur, subalpin et alpin. Il est entièrement situé en zone périphérique du Parc National des Ecrins.
D’une structure géologique et géomorphologique complexe, marquée par l’érosion, le site comprend des terrains calcaires, marno calcaires et schisteux avec en particulier la présence des Flyschs à Helminthoides appartenant à la nappe sédimentaire du parpaillon.
Les formations végétales qui composent le site sont très diverses : landes et fourrés, pelouses mésophiles et pelouses écorchées d’altitude, hêtraies, sapinières et chênaies mixtes, saulaies de torrents, éboulis calcaires thermophiles et alpins, rochers et dalles rocheuses.

Milieux remarquables

Le site possède un ensemble de milieux remarquables comprenant notamment des milieux ouverts à forte valeur patrimoniale, tels que des prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)], des pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)] installées sur sols superficiels aux étages de végétation subalpins et alpins et des pelouses écorchées à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) des Alpes du Sud [sous all. phyto. Ononido cristatae Helictotrichenion sempervirentis (36 432)], qui colonisent les fortes pentes caillouteuses calcaires sèches. En partie inférieure du site apparaissent, peu abondantes, des prairies de fauche de fauche de plaine et de moyenne altitude à Fromental (Arrhenatherum elatius) [all. phyto. Arrhenatherion elatioris (38.22)].
Les milieux rocheux et rocailleux comprennent eux aussi des formations végétales d’intérêt patrimonial, comme les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)], les éboulis calcaires alpins à éléments moyens à Tabouret à feuilles rondes (Noccaea rotundifolia) [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)] et les formations végétales des rochers et falaises [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].
La rivière de la Rouanne présente par endroits un linéaire boisé intéressant constitué par des fourrés ripicoles pionniers à Saule pourpre (Salix purpurea) et Saule drapé (Salix eleagnos) [all. phyto. Salicion incanae (44.111 et 24.223)].

Flore

Le site comprend deux espèces végétales déterminantes qui n’ont pas de statut de protection : l'Oeillet de Séguier (Dianthus seguieri subsp. seguieri) et la Renoncule à feuilles de Rue (Callianthemum coriandrifolium), cette dernière n’a pas fait l’objet d’observation récente sur le site et serait à rechercher sur les milieux rocailleux longuement enneigés.
Par ailleurs, le site comprend trois espèces végétales remarquables. Deux sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, et le Sainfoin de Boutigny (Hedysarum boutignyanum). Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris), qui colonise fissures de rochers et éboulis calcaires terreux.

Faune

Ce massif dispose d’un peuplement faunistique relativement intéressant puisque trente-cinq espèces animales patrimoniales, dont huit déterminantes, y ont été inventoriées.
Les mammifères locaux d’intérêt patrimonial sont notamment représentés par la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), espèce forestière déterminante, vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) espèce déterminante et menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière relativement fréquente, le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 à 3100 m d’altitude. Chez les oiseaux nicheurs, maintes espèces intéressantes ont été recensées sur ce site : Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Aigle royal (Aquila chrysaetos), Autour des palombes (Accipiter gentilis), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, semble-t-il en régression, Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, Bécasse des bois (Scolopax rusticola), espèce forestière remarquable d’affinité médio européenne, Pic noir (Dryocopus martius), Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière et déterminante, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Monticole de roche (Monticola saxatilis), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, Caille des blés (Coturnix coturnix), Venturon montagnard (Serinus citrinella), espèce paléomontagnarde remarquable, typique des boisements de conifères semi ouverts, Bruant fou (Emberiza cia), Tarin des aulnes (Carduelis spinus), Sizerin flammé (Carduelis flammea), deux nicheurs possibles, Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), Pipit rousseline (Anthus campestris) et Torcol fourmilier (Jynx torquilla). Bien qu’ils ne nichent pas sur le site, le massif est parcouru par les trois grands vautours, le Vautour moine (Aegypius monachus), le Vautour fauve (Gyps fulvus) et le Gypaète barbu (Gypaetus barbatus). Chez les amphibiens notons la présence d’une espèce déterminante, le Triton alpestre (Ichthyosaura alpestris).
Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par un cortège de lépidoptères rhopalocères (« papillons de jour ») : l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable et protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 500 et 2 500 m d’altitude, le Nacré des Balkans (Boloria graeca subsp. tendensis), espèce déterminante à distribution fractionnée, dans les Balkans et les Alpes occidentales, représentée par la sous espèce tendensis en région Provence Alpes Côte d'Azur, dans les pelouses subalpines à Violette éperonnée Viola calcarata, l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce remarquable et protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce déterminante et endémique franco italienne, cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata), l’Hermite, espèce remarquable en forte régression en dehors des Alpes, liée aux milieux très ouverts et secs où croissent ses plantes hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes), et le Céphalion (Coenonympha gardetta macromma), sous espèce remarquable et endémique du centre et de l’ouest des Alpes, à aire de répartition disjointe, inféodée aux pelouses et fourrés de l’étage subalpin.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 n’englobe pas de ZNIEFF de type 1.
Le principal enjeu pour ce site consiste en la conservation des habitats d’espèces végétales liées aux espaces pastoraux. Il convient de chercher à pérenniser des pratiques de pastoralisme extensives et respectueuses du site.

Commentaires sur la délimitation

Le site coiffe un petit massif sédimentaire. Sa délimitation intéresse principalement la partie haute de ses versants et exclut les parties inférieures d’intérêt biologique moindre. Elle est positionnée, lorsque c’est possible, sur des repères visuels marqués ou sur des éléments topographiques et géographiques importants : lisières, talwegs, ruptures de pentes, etc.