ZNIEFF 930012791
MASSIF DE MONTBRISON - CONDAMINE - VALLON DES COMBES

(n° régional : 05105100)

Commentaires généraux

Description

Etabli dans la partie nord est du département des Hautes Alpes, à proximité de Briançon, le massif de Montbrison Condamine s’insère entre la vallée de la Durance à l’est, et celle du Gyr et de l’onde à l’ouest, au niveau où elles confluent pour former la Gyronde.
Il inclut la Réserve Naturelle Volontaire du vallon des Combes Partias Condamine (Commune de Puy Saint André).
Il s’agit d’un petit massif aux dimensions modestes, en comparaison de son puissant voisin le Massif des Ecrins Pelvoux qui le jouxte à l’ouest. Culminant à la cime de la Condamine (2939 m), son arête faîtière est orientée nord sud et comprend des sommets qui dépassent 2500 m d’altitude : Tête d’aval (2689 m), Tête d’Amont (2818 m) et Pic de Monbrison (2825 m).
Massif de roches sédimentaires appartenant à la zone briançonnaise, la diversité géologique est particulièrement importante associant des calcaires dolomitiques et dolomies triasiques, roches dures à l’origine de spectaculaires parois verticales (Tenailles de Montbrison), des calcaires jurassiques, des calcschistes et des grés engendrant des reliefs plus doux. Des quartzites du Trias et des formations du Houiller : grés et conglomérats apparaissent sur la partie est du massif et déterminent des sols acides. Les formations récentes (anciens glaciers rocheux, moraines locales du Würm, éboulis et cônes torrentiels) sont une composante importante du site, où elles couvrent des surfaces étendues au pied des pentes dans les vallons et dépressions.
Situé dans la zone biogéographique intra alpine dauphinoise, le site se trouve inclus dans les étages de végétation montagnard, subalpin et alpin entre 1150 m et 2939 m d’altitude.
Bois de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) étendus, fruticées xérophiles, prairies et pelouses sèches en phase d’embroussaillement marqué, pelouses pionnières des dalles rocheuses et rocailles, associations végétales des éboulis et zones rocheuses escarpées sont les principales unités végétales qui s’observent à l’étage de végétation montagnard. Au dessus, bois de Pin à crochets (Pinus uncinata), mélèzins, prairies subalpines de différents types, pelouses alpines sur calcaire ou sur substrat acide décalcifié, formations des combes à neige à sous arbrisseaux nains, rocailles et pelouses pionnières des débris rocheux ou des dalles calcaires, associations végétales des éboulis et milieux rocheux, sources, ruisselets, zones humides, bas marais arctico alpins, milieux post glaciaires des vallons froids d’altitude constituent les entités de végétation les plus caractéristiques.

Milieux remarquables

Quatre habitats déterminants sont présents sur le site. Il s’agit des éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)], des bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] et des ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)].
De nombreux autres habitats remarquables sont également présents : les saulaies arctico alpines des bas marais et bords de ruisseaux à Saule arbrisseau (Salix foetida) [all. phyto. Salicion lapponi glaucosericeae (31.6212)], les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les landes à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et Airelles (Vaccinium myrtillus, Vaccinium uliginosum, Vaccinium vitis idaea) [all. phyto. Rhododendro Vaccinion et Loiseleurio procumbentis Vaccinion microphylli (31.4)], les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3), les pinèdes de Pin à crochets (Pinus uncinata), les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et localement siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii et Asplenion septentrionalis (62.2)], les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)] et les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)].

Flore

Le site comprend treize espèces végétales déterminantes. Deux sont protégées au niveau national : l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica) et le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata). Sept sont protégées en Région Provence Alpes Côte d’Azur : la Listère en forme de cœur (Neottia cordata), discrète orchidée forestière de montagne, la Bardanette réfléchie (Hackelia deflexa), qui occupe les éboulis de gros blocs, l'Euphraise visqueuse (Macrosyringion glutinosum), plante hémi parasite des pelouses sèches dont les populations briançonnaises (les seules françaises) sont excentrées de l'aire sud est européenne de cette espèce, le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, le Pâturin vert glauque (Poa glauca), le Trisète en épi à panicule ovale (Trisetum spicatum subsp. ovatipaniculatum) et le Saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensioides). Quatre espèces n’ont pas de statut de protection : l'Astragale d'Autriche (Astragalus austriacus), petite fabacée plus largement répartie en Europe centrale, très rare en France, où elle est localisée aux pelouses d'affinités steppiques des vallées de la Durance et de l'Ubaye, la Gentiane asclépiade (Gentiana asclepiadea), historiquement signalée et à rechercher, l'Aster linosyris (Galatella linosyris var. linosyris) et la Pulsatille des montagnes (Anemone montana), belle renonculacée à floraison printanière liée aux pelouses sèches à répartition très restreinte en France.
Par ailleurs, le site comprend sept espèces végétales remarquables. Cinq sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, le Sainfoin de Boutigny (Hedysarum boutignyanum), la Gagée des champs (Gagea villosa), le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une est protégée en Région Provence Alpes Côte d’Azur : la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris). Une espèce n’a pas de statut de protection : le Genépi noir (Artemisia genipi).

Faune

Ce site possède un patrimoine faunistique d’un intérêt élevé. Les inventaires naturalistes ont permis d’y dénombrer pas moins de quarante-six espèces animales patrimoniales, dont onze sont déterminantes.
Le Bouquetin des Alpes (Capra ibex) espèce déterminante emblématique des Alpes, le Cerf élaphe (Cervus elaphus), le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 à 3100 m d’altitude, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite les milieux forestiers surtout riverains de l’eau pour la chasse et les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, et la Barbastelle (Barbastella barbastellus), espèce forestière remarquable et vulnérable, en régression, d’affinité médio européenne, très résistante au froid, sont les représentants les plus éminents des mammifères.
Quant à l’avifaune, elle est riche en espèces déterminantes et remarquables à prendre en considération : Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum ), qui affectionne les vielles forêts de montagne riches en clairières, Aigle royal (Aquila chrysaetos), Autour des palombes (Accipiter gentilis), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare et déterminant mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, semble-t-il en régression, Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), Petit duc scops (Otus scops), Huppe fasciée (Upupa epops), Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Pic épeichette (Dendrocopos minor), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Monticole de roche (Monticola saxatilis), Fauvette orphée (Sylvia hortensis), Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce paléomontagnarde remarquable et relativement rare, recherchant les gorges et escarpements rocheux, Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, Venturon montagnard (Serinus citrinella), passereau paléomontagnard remarquable, typique des boisements de conifères semi ouverts, Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), passereau paléomontagnard remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés, Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce déterminante paléoxérique, d’affinité méridionale, Bruant fou (Emberiza cia), Bruant ortolan (Emberiza hortulana), Alouette lulu (Lullula arborea), Fauvette grisette (Sylvia communis).
Chez les insectes patrimoniaux, les peuplements de lépidoptères se distinguent par de nombreuses espèces d’un grand intérêt : l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude, l’Azuré du baguenaudier (Iolana iolas), espèce remarquable méditerranéenne très localisée, strictement inféodée à la présence de son unique plante hôte (Colutea arborescens), l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce déterminante de lépidoptère, protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1 700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, le Semi Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 mètres d’altitude, le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce remarquable et protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aïzoon (Saxifraga aizoides), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude, le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce déterminante de lépidoptère d’affinité méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à Fétuque cendrée Festuca cinerea, le Moiré aveugle (Erebia pharte), espèce alpine déterminante liée aux prairies subalpines humides et aux pelouses entre 1 500 et 2 000 m et sensible au surpâturage, le Grand sylvain (Limenitis populi), espèce remarquable de Nymphalidé typique des lisières et clairières à Trembles, l’Isabelle (Actias isabellae), superbe espèce déterminante de lépidoptère, protégée au niveau européen, de répartition ouest méditerranéenne morcelée (en France : Alpes du sud et Pyrénées orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre des versants abrités entre 600 et 1800 mètres d’altitude, le Sphinx de l'argousier (Hyles hippophaes), espèce déterminante de lépidoptère, protégée en Europe, inféodée aux ravines sèches, berges de cours d'eau peuplées d'Argousiers, rare et probablement en régression, dont le bassin de la Durance représente un bastion en France. Un second groupe d’insectes se distingue par la présence de nombreuses espèces patrimoniales, celui des orthoptères avec le Sténobothre cottien (Stenobothrus cotticus), espèce remarquable de criquet endémique de l'arc alpin, inféodée aux éboulis, rochers à végétation maigre et pelouses écorchées entre 2 000 et 2 800 m d’altitude, le Sténobothre alpin (Stenobothrus rubicundulus), espèce remarquable présente dans la Péninsule balkanique et dans les Alpes qui affectionne surtout les milieux secs et pierreux, le Criquet ensanglanté (Stetophyma grossum), espèce remarquable d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses et la Miramelle des frimas (Melanoplus frigidus frigidus), espèce remarquable de criquet d'affinité boréo alpine qui s'observe surtout au-dessus de 2000 m et jusqu'à la limite des névés.

Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 n’englobe pas de ZNIEFF de type 1.

Commentaires sur la délimitation

La délimitation du site intéresse le massif de Montbrison, de façon à inclure l’essentiel de ses richesses biologiques à forte valeur patrimoniale. Toutefois, ses limites n’incluent pas la partie inférieure des versants fortement anthropisée : zones semi urbanisées des vallées de Vallouise et de la Haute Durance et domaines skiables de Serre Chevalier.