ZNIEFF 930012795
VERSANTS UBACS DU MASSIF DU COMBEYNOT - VALLON DU FONTENIL - BOIS DES BERGERS - VERSANTS EN RIVE GAUCHE DU TORRENT DU PETIT TABUC

(n° régional : 05104107)

Commentaires généraux

Description

Etabli dans le nord du département des Hautes Alpes et à la pointe nord est de la zone centrale du Parc National des Ecrins, le site correspond à la plus grande partie du massif du Combeynot, petit sous ensemble du vaste massif des Ecrins Pelvoux. Seule la façade sud ouest du massif du Combeynot n’est pas incluse dans le site.
La Réserve Naturelle du versant nord des pics de Combeynot, ainsi qu’une partie de la zone centrale du Parc National des Ecrins sont comprise dans le site ainsi défini.
Le massif du Combeynot constitue le socle cristallin sur lequel se sont déposés les sédiments ultra dauphinois qui ont été repoussés à ses pieds lors de la surrection alpine. L’ossature du massif constituée de gneiss migmatitiques, parfois oeillés, est analogue aux massifs voisins de la Meije. Ce bâti hercynien est traversé par un complexe volcanique très ancien ayant fourni des microgranites, ryolithes, tufs ryolithiques et ignimbrites, qui attestent d’une ancienne activité volcanique explosive avec nuées ardentes. L’ancienne chambre magmatique affleure désormais au cœur du massif, au niveau des plus hautes crêtes sous forme d’un granite à biotite.
Outre la très grande diversité de minéraux et concrétions, la grande particularité du Combeynot réside dans l’existence de glaciers rocheux : amas de blocs, de farine d’abrasion glaciaire et de glace qui s’écoulent de la même manière qu’un glacier, en formant des bourrelets frontaux. Ceux ci se localisent notamment dans les vallons de Laurichard et des Clochettes et à l’emplacement des sources de la Guisane, où ils dessinent encore de beaux bourrelets. Parmi eux, seul encore en activité, le magnifique glacier rocheux de Laurichard, réactivité lors du petit âge glaciaire et qui avance de quelques dm par an. Les héritages glaciaires les plus typiques sont : le cirque glaciaire des Clochettes et le vallon glaciaire de Laurichard, qui montre encore ses moraines latérales jalonnées par des curieuses « traînées de pierres » en aval de la combe.
Sur les faces nord et nord est du Combeynot, quelques petits glaciers neigeux sont encore présents. Le plus important (glacier du Combeynot) montre une moraine très fournie qui se prolonge par un cône d’épandage, accumulation nivo fluvio glaciaire très active incisée par de nombreux chenaux.
Le site renferme également un lac d’altitude important sur sa façade est dans le vallon du Fontenil : le Lac de Combeynot.
Situé dans la zone biogéographique intra alpine, à la transition entre Alpes du Nord et Alpes du Sud, le site est inclus dans les étages de végétation subalpin, alpin et nival, entre 1580 m et 3155 m d’altitude au pic ouest de Combeynot.
Une très grande diversité de formations végétales se rencontre dans le massif et compose une mosaïque paysagère de forte valeur biologique. Boisements de Mélèze (Larix decidua) de bas de versant, aulnaies vertes des couloirs d’avalanches et pentes d’ubac, landes subalpines à Airelles (Vaccinium pl. sp.), landines froides à Camarine (Empetrum nigrum subsp. hermaphroditum), rhodoraies à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum), fourrés de saules arbustifs arctico alpins (Salix glaucosericea, Salix hastata, Salix foetida…), mégaphorbiaies particulièrement opulentes sur le versant nord du Combeynot, prairies subalpines et pelouses alpines de différents types, formations des combes à neige à Saules nains (Salix herbacea, Salix retusa, Salix reticulata), pelouses pionnières des dalles rocheuses et débris, associations végétales des moraines et éboulis ou des parois rocheuses, bas marais froids d’altitude, végétation des bords de sources et ruisselets… en sont les éléments les plus marquants.

Milieux remarquables

Deux habitats déterminants sont présents sur le site. Ce sont les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] et les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)], milieux de surfaces très réduites, mais d'une très grande valeur patrimoniale.
De très nombreux autres habitats remarquables sont présents sur ce site d’exception. Ce sont en particulier des milieux qui occupent des surfaces importantes sur le site, tels que : les landes à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et Airelles (Vaccinium myrtillus, Vaccinium uliginosum, Vaccinium vitis idaea) [all. phyto. Rhododendro Vaccinion et du Loiseleurio procumbentis Vaccinion microphylli (31.4)], les fourrés d’Aulne vert (Alnus alnobetula) [all. phyto. Alnion viridis (31.611)], les saulaies arctico alpines des bas marais et bords de ruisseaux à Saule arbrisseau (Salix foetida) et les saulaies arctico alpines des pentes rocheuses froides et humides à Saule soyeux (Salix glaucosericea) [all. phyto. Salicion helveticae (31.6211)], ainsi que les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)].
Parmi les autres habitats à remarquer sur le site figurent les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)] et des mélèzins (42.3) dont l’extension se limite au bas des versants. Aux altitudes supérieures, la couverture végétale est essentiellement constituée de pelouses silicicoles, avec en particulier sur les expositions chaudes des pelouses en gradins des vires rocheuses à Fétuque bigarrée (Festuca acuminata) [all. phyto. Festucion variae (36.333)], des pelouses à Nard raide (Nardus stricta) [all. phyto. Nardion strictae (36.31)]. Les pelouses à haute altitude sont notamment des pelouses à Fétuque de Haller (Festuca Halleri) appartenant à l’association phytosociologique du Festucetum halleri (36.342)]. Parmi les autres habitats à mentionner, figurent les bas marais acides à Laîche brune (Carex fusca) [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae (61.11)], la végétation des rochers et falaises siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii et Asplenion septentrionalis (62.2)] et la végétation pionnière des alluvions torrentielles d’altitude [all. phyto. Epilobion fleischeri (24.221)], localisée en bordure de quelques torrents.

Flore

Le site comprend trente sept espèces végétales déterminantes. Douze sont protégées au niveau national : l'Ail dressé (Allium lineare), le Lycopode des Alpes (Diphasiastrum alpinum), l'Androsace des Alpes (Androsace alpina), l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), le Dracocéphale de ruysch (Dracocephalum ruyschiana), le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata), la Camélée striée (Daphne striata), le Choin ferrugineux (Schoenus ferrugineus), à retrouver, la Laîche des tourbières (Carex limosa), rare cypéracée caractéristique des tourbières et bas marais tremblants, la Potentille du Dauphiné (Potentilla delphinensis) et le Saxifrage fausse mousse (Saxifraga muscoides), anciennement mentionné et à rechercher.

 Neuf sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Céraiste des Alpes (Cerastium alpinum), l'Androsace septentrionalis (Androsace septentrionalis), la Pyrole moyenne (Pyrola media), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, le Pâturin vert glauque (Poa glauca), la Laîche fimbriée (Carex fimbriata), la Potentille à divisions nombreuses (Potentilla multifida), historiquement signalée et à rechercher, la Potentille blanche (Potentilla nivea) et le Saxifrage à deux fleurs (Saxifraga biflora). Seize espèces n’ont pas de statut de protection : la Campanule à larges feuilles (Campanula latifolia), très rare dans les Alpes internes, le Buplèvre à feuilles allongées (Bupleurum longifolium), grand buplèvre liée aux mégaphorbiaies et érablaies de ravin, très rare dans les Alpes du Sud où il se localise dans le Briançonnais et le Dévoluy, l'Ail victoriale (Allium victorialis), l'Armoise noirâtre (Artemisia atrata), la Campanule en thyrse (Campanula thyrsoides), belle campanule à fleurs jaunes en voie de raréfaction du fait de l'intensification du pastoralisme, le Cirse faux hélénium (Cirsium heterophyllum), le Silène de Suède (Viscaria alpina), la Gentiane asclépiade (Gentiana asclepiadea), le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, la Laîche très noire (Carex atrata var. aterrima), la Linaigrette vaginée (Eriophorum vaginatum), seule station de PACA, la Renoncule à tête d'or (Ranunculus auricomus), le Chardon bardane (Carduus personata), le Pigamon simple (Thalictrum simplex), la Potentille des neiges (Potentilla nivalis) et la Potentille inclinée (Potentilla inclinata).


Par ailleurs, le site comprend huit espèces végétales remarquables. Cinq sont protégées au niveau national : la Drave blanchâtre (Draba incana), la Gagée jaune (Gagea lutea), la Gagée des champs (Gagea villosa), le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses. Deux espèces n’ont pas de statut de protection : le Génépi laineux (Artemisia eriantha) et le Genépi noir (Artemisia genipi).

Faune

Ce site possède un patrimoine faunistique d’un intérêt très élevé. Il détient en effet quarante neuf espèces animales patrimoniales, dont douze sont déterminantes.
Les mammifères locaux d’intérêt patrimonial sont représentés par le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé dont les populations locales sont issues de réintroductions, le Loup (Canis lupus) et le Mulot alpestre (Apodemus alpicola), espèces déterminantes, le Cerf élaphe (cervus elaphus), espèce remarquable dont la colonisation est récente, le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce emblématique des Alpes, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière relativement fréquente, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite les milieux forestiers surtout riverains de l’eau pour la chasse et les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes et enfin le Petit Murin (Myotis blythii) espèce déterminante thermophile occupant des cavités souterraines ou bâtis en reproduction et chassant en milieux ouverts.
Le peuplement avien nicheur local est riche en espèces déterminantes et remarquables dont certaines sont rares dans les Alpes et en Provence : l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), l'Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), la Bondrée apivore (Pernis apivorus), la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, la Caille des blés (Coturnix coturnix), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière et déterminante, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), le Pic noir (Dryocopus martius), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), le Monticole de roche (Monticola saxatilis), la Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce paléomontagnarde remarquable et relativement rare, recherchant les gorges et escarpements rocheux, la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, le Tarin des aulnes (Carduelis spinus), nicheur occasionnel dans le massif, le Venturon montagnard (Carduelis citrinella) et le Sizerin flammé (Carduelis flammea), nicheurs localisés des forêts d'altitude, la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés et le Bruant fou (Emberiza cia). Le Milan royal (Milvus milvus), le Gypaète barbu (Gyapeus barbatus) et le Vautour fauve (Gyps fulvus) ne fréquentent qu'occasionnellement le site et ne n'y se reproduisent pas. L’herpétofaune locale patrimoniale est représentée par le Lézard vivipare (Zootoca vivipara), espèce remarquable, typiquement nord eurasiatique, relicte glaciaire, en limite sud de son aire de répartition dans les Alpes, liée aux pelouses, prairies et landes humides, tourbières et bords de ruisseaux.
Les insectes d’intérêt patrimonial comprennent notamment les espèces suivantes : la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce remarquable à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes des Brassicacées, le Solitaire (Colias palaeno europomene), espèce déterminante de lépidoptère, protégée en France, localisée et dont cette sous espèce est endémique des Alpes internes, inféodée aux landes à Ericacées et biotopes marécageux où croissent ses plantes hôtes, des airelles (Vaccinium sp.), l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, l'Azuré de la canneberge (Agriades optilete), espèce holarctique remarquable localisée en France dans les Alpes du nord, fréquente les landes et tourbières entre 1500 et 2200 m d'altitude, le Semi Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce remarquable et protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aizoon (Saxifraga aizoides), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable et protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 500 et 2500 m. d’altitude, le Moiré aveugle (Erebia pharte), espèce alpine déterminante de la famille des Satyrinés liée aux prairies subalpines humides et aux pelouses entre 1500 et 2000 m et sensible au surpâturage, le Moiré des pâturins (Erebia melampus), espèce remarquable endémique du massif alpin, rare et localisée au niveau régional. On y rencontre également le Bourdon Bombus brodmannicus delmasi, dont cette sous espèce est déterminante et endémique des pentes fleuries ensoleillées, riches en Cerinthe glabra et C. minor dont il butine les fleurs, des Alpes du sud, et dont la sous espèce nominale ne se trouve qu’au Caucase, le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce remarquable d'orthoptère d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses, la Miramelle des frimas (Melanoplus frigidus frigidus), criquet remarquable d'affinité boréo alpine qui s'observe surtout au-dessus de 2000 m et jusqu'à la limite des névés, la Decticelle des bruyères (Metrioptera brachyptera), sauterelle remarquable d'Europe occidentale inféodée aux prairies humides (mais parfois présente en prairie sèche à végétation haute), le Ptérostique à points épars (Pterostichus vagepunctatus), espèce de Coléoptère remarquable vivant à proximité des torrents des forêts de montagnes.
Concernant les autres arthropodes, citons Pardosa saturatior, espèce déterminante d’araignée et pour les Myriapodes (« milles pattes »), l’Iule des sables (Ommatoiulus sabulosus), espèce déterminante de Diplopodes de grande taille, appartenant à la famille des Iulidés, fréquente en montagne où elle peut dépasser 2000 m d’altitude dans les Alpes, mais globalement localisée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_104_100   Partie nord est du massif et du Parc National des Écrins   massif du Combeynot   massif de la Meije Orientale   Grande Ruine   montagne des Agneaux   haute vallée de la Romanche – barre des Ecrins – Mont Pelvoux».

Commentaires sur la délimitation

Le site est délimité par sa topographie définie par de hautes crêtes d’altitude élevée et de bas de versant accusés. Il englobe l’essentiel des éléments patrimoniaux présents sur cette partie du massif des Ecrins.