ZNIEFF 930012798
BOIS DE PRENTIQ ET DE L'UBAC - VERSANTS UBACS DE LA TÊTE DU LAUZAROT

(n° régional : 05111172)

Commentaires généraux

Description

Localisé dans la partie moyenne de la vallée du Valgaudemar, sur la bordure centre nord du département des Hautes Alpes, ce site est constitué de l’ensemble des versants nord et nord est du vallon de Prentiq, dominés par la Tête du Lauzarot (2264m).
Son substrat géologique est principalement composé par les roches du socle cristallin du massif des Ecrins associant granites et migmatites. Ces roches dures aux modelés abrupts, qui engendrent des pentes raides entrecoupées de ressauts rocheux, sont localement recouvertes d’éboulis et de placages morainiques.
Du point de vue climatique, le site est établi dans la zone biogéographique des Alpes intermédiaires dauphinoises. Les influences atlantiques s’y font encore nettement sentir au débouché des principales vallées comme le Valgaudemar dont l’entrée est largement tournée vers l’ouest.
Compris entre 1000 m et 2325 m d’altitude, le site s’étend aux étages de végétation montagnard, subalpin et alpin inférieur.
Sa géomorphologie variée, associant des crêtes, des versants abrupts entrecoupés d’éboulis et d’escarpements, et des cours d’eau, autorise la présence de formations végétales très diverses associant des boisements montagnards de feuillus et de conifères, des mégaphorbiaies, des landes, des prairies et pelouses, avec des formations d’éboulis et de milieux rocheux.

Milieux remarquables

Les hêtraies sapinières neutrophiles [all. phyto. Fagion sylvaticae (41.13)] et surtout acidiphiles [all. phyto. Luzulo luzuloidis Fagion sylvaticae (41.112)], recouvrent les parties basse du site, à l’étage montagnard. Au dessus, les autres milieux forestiers remarquables du site qui succèdent aux précédents associent des pessières subalpines des Alpes [all. phyto. Piceion excelsae (42.21)] qui s’enrichissent en Pin cembrot en altitude préfigurant ainsi la réinstallation spontanée de la cembraie (42.3) suite à la régression des activités pastorales. L’ensemble des milieux forestiers du site présente une très importante naturalité, avec des parties boisées anciennes qui ont été jusqu’alors peu perturbées par les activités sylvicoles. Ces milieux forestiers sont localement associés à des groupements de clairières à Epilobes et Digitales [all. phyto. Epilobion angustifolii (31.8711)].
Parmi les autres milieux remarquables du site figurent les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae (37.8)], les formations prairiales des combes humides et fraîches [all. phyto. Calamagrostion villosae (37.8)] et les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)]. En montant en altitude, les pentes se couvrent graduellement de landes à Genévriers nains [all. phyto. Juniperion nanae (31.43)] et de landes à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et Myrtille (Vaccinium myrtillus) [all. phyto. Rhododendro ferruginei Vaccinion myrtilli (31.42)]. Des fourrés d’Aulne vert (Alnus alnobetula) [all. phyto. Alnion viridis (31.611)], occupent les couloirs balayés par les avalanches et les pentes fortes fraîches et humides en versant ubac à l’étage subalpin. Ces formations, ainsi que les mégaphorbiaies recèlent de nombreuses espèces végétales patrimoniales.
Les autres habitats remarquables comprennent des milieux rocheux avec les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae, Allosuro crispi Athyrion alpestris et Senecio leucophylli (61.11)] et les formations végétales des rochers et falaises siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii et Asplenion septentrionalis (62.2)], souvent associées, aux étages montagnard supérieur et subalpin, à des pelouses rupicoles en gradins à Fétuque bigarrée (Festuca acuminata) et Jonc trifide (Juncus trifidus) [all. phyto. Festucion variae (36.333)], occupant les bombements et escarpements siliceux secs et ensoleillés et, à l’étage alpin, à des pelouses à Fétuque de Haller (Festuca Halleri) [assoc. phyto. Festucetum halleri (36.342)]. Les pelouses acidiphiles à Nard raide (Nardus stricta) [all. phyto. Nardion strictae (36.31)] occupent les replats et les pentes douces aux étages subalpin et alpin.
Ponctuellement s’observent de petits secteurs de bas marais acides à Laîche brune (Carex fusca) [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)]. Les bords de cours d’eau montrent localement une végétation pionnière herbacées des alluvions torrentielles et bancs de graviers [all. phyto. Epilobion fleischeri (24.221)].

Flore

Le site comprend neuf espèces végétales déterminantes. Trois sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Lunaire vivace (Lunaria rediviva), crucifère généralement inféodée aux boisements frais de ravins des étages collinéen supérieur et montagnard, particulièrement rare en région Provence Alpes Côte d’Azur, la Circée des Alpes (Circaea alpina), très rare dans les Alpes du Sud, et la Dorine à feuilles alternes (Chrysosplenium alternifolium). Quatre espèces n’ont pas de statut de protection : l'Asarum d'Europe (Asarum europaeum), le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius), le Doronic à feuilles cordées (Doronicum pardalianches), le Silène visqueux (Viscaria vulgaris), le Streptope à feuilles embrassantes (Streptopus amplexifolius) et la Laîche très noire (Carex atrata var. aterrima).

Par ailleurs, le site comprend une espèce végétale remarquable protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses.

Faune

Ce site possède treize espèces animales patrimoniales, toutes remarquables.
Les mammifères sont représentés localement par le Cerf élaphe (cervus elaphus) dont la colonisation est récente et le Lièvre variable (Lepus timidus), relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 à 3100 m d’altitude. Quant aux oiseaux nicheurs, leur cortège local comporte quelques espèces intéressantes : l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), l'Autour des palombes (Accipiter gentilis), la Bondrée apivore (Pernis apivorus), le Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), galliforme méridional de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce fragile, emblématique des Alpes, le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), le Pic noir (Dryocopus martius), le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria) et le Bruant fou (Emberiza cia).
Une seule espèce d’insecte d’intérêt patrimonial a été recensée : l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_111_100   Partie sud ouest du massif et du Parc National des Écrins   vallée du Valgaudemar   Grun de Saint Maurice   vallée de la Séveraissette   le Cuchon   pic Queyrel   versant ouest du Vieux Chaillol».
Ce site est un des nombreux vallons du Valgaudemar, lesquels présentent des continuités écologiques marquantes.

Commentaires sur la délimitation

Le site, qui englobe une forte variété d’habitats et d’espèces à forte valeur patrimoniale, est délimité par sa topographie marquée : crêtes principales, talwegs principaux et ruptures brutales de pente en pied de versant raide, au contact d’un fond de vallée à peu près plan.