ZNIEFF 930012801
BORDURE OUEST DU DÉVOLUY - CRÊTES DU GRAND FERRAND ET DES AIGUILLES - GARNESIER - GORGES DE LA SOULOISE

(n° régional : 05121100)

Commentaires généraux

Description

Localisé sur la bordure ouest du département des Hautes Alpes, en limite du département de l’Isère, le site englobe les hautes crêtes et versants supérieurs de la bordure ouest du Dévoluy depuis la Tête de Lapras (2584 m) au sud de l’Obiou jusqu’au Roc de Garnesier (2383 m).
Marqué d’une longue ligne de crêtes orientée nord sud, le site possède d’imposantes falaises, de nombreux éboulis et vallons.
Sur le plan géologique, les hautes crêtes du site sont constituées de calcaires sénoniens, roches relativement dures et assez riches en sables siliceux qui forment les reliefs les plus marqués. Les fonds de vallons sont occupés par des terrains marno calcaires, des poudingues et des lauzes à silex du Maestrichien. Des formations d’éboulis recouvrent ces diverses formations sur des surfaces importantes en pied de versant. Localement sur les parties les plus basses du site apparaissent des dépots glaciaires.
Le site présente par ailleurs une très riche géomorphologie associant de nombreuses formes d’érosion karstique, telles que grottes, gouffres et dolines.
Localisé dans la zone biogéographique des Préalpes du Dauphiné, il est soumis à un climat montagnard où se rencontrent les influences méditerranéennes, qui règnent sur les Alpes du sud, et atlantiques en provenance du nord ouest.
Etabli entre 983 m et 2758 m d’altitude, le site s’inscrit dans les étages de végétation montagnard, subalpin et alpin.
Ce site comprend des habitats naturels d’une grande variété et de forte valeur patrimoniale où se remarquent en particulier des milieux rocheux : crêtes d’altitude, falaises et éboulis, des formations herbaçées, et localement des landes et des espaces forestiers.

Milieux remarquables

Deux habitats déterminants sont présents sur le site. Il s’agit des éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)].
De nombreux autres habitats remarquables sont présents, parmi lesquels les milieux forestiers sont dans l’ensemble localisés et couvrent des surfaces restreintes. Ce sont : quelques pinèdes de Pin à crochets (Pinus uncinata) (42.4), des hêtraies et hêtraies sapinières neutrophiles [all. phyto. Fagion sylvaticae (41.13)], des hêtraies et hêtraies pinèdes sèches sur calcaire [all. phyto. Cephalanthero rubrae Fagion sylvaticae (41.16)] et des pinèdes sylvestres sèches supra méditerranéennes [all. phyto. Cephalanthero rubrae Pinion sylvestris (42.59)]
Les autres habitats remarquables comprennent des pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], dont certaines sont caractérisées par l’Avoine des montagnes (Helictotrichon sedenense), et localement quelques bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], car les eaux superficielles sont rares sur le site, où elles sont très vite absorbées par le réseau karstique. Ce dernier qui caractérise d’ailleurs bien le site, comprend d’innombrables gouffes et grottes (65).
Le site est avant tout caractérisé sur ses parties hautes et escarpées par des milieux rocheux comprenant les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et des éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)]. Ces milieux rupestres remarquables abritent des espèces végétales endémiques ou rares et une avifaune de grand intérêt.

Flore

Le site comprend dix-sept espèces végétales déterminantes. Huit sont protégées au niveau national : la Corbeille d'argent du mont Aurouse (Iberis aurosica), la Berce naine (Heracleum pumilum), petite ombellifère des éboulis calcaires alpins et subalpins, endémique delphino provençale, le Panicaut blanc des Alpes (Eryngium spinalba), ombellifère épineuse des éboulis thermophiles et des pelouses sèches endémique des Alpes sud occidentales, la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium), la Primevère auriculée (Primula auricula), l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens) et le Géranium à feuilles argentées (Geranium argenteum). Trois sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Chardon du mont Aurouse (Carduus aurosicus), endémique locale des éboulis calcaires fins qui serait à rechercher sur le site, le Myosotis à petites fleurs (Myosotis minutiflora), petite boraginacée des balmes et entrées de grottes calcaires, et le Pâturin vert glauque (Poa glauca). Six espèces n’ont pas de statut de protection : la Céphalaire des Alpes (Cephalaria alpina), le Raisin d'ours des Alpes (Arctostaphylos alpinus), le Gaillet grêle (Galium aparine subsp. tenerum), le Gaillet des rochers (Galium saxosum), l'Avoine des Abruzzes (Helictochloa versicolor subsp. praetutiana), graminée franco italienne des pelouses calcaires d’altitude, distribuée dans les montagnes du sud de l’Italie et dans les Alpes du sud, récemment découverte en France, et la Potentille des neiges (Potentilla nivalis).
Par ailleurs, le site comprend trois espèces végétales remarquables. Deux sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une espèce n’a pas de statut de protection : le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia).

Faune

Le site est doté d’un patrimoine faunistique d’un intérêt élevé. On a pu y dénombrer vingt quatre espèces animales patrimoniales, dont quatre sont déterminantes.
Les mammifères locaux d’intérêt patrimonial sont notamment représentés par le Cerf élaphe (Cervus elaphus) et le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable en régression, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 à 3100 m d’altitude. Les oiseaux nicheurs comprennent quant à eux diverses espèces intéressantes : Bondrée apivore (Pernis apivorus), Aigle royal (Aquila chrysaetos), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare et déterminant mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, semble t il en régression, Caille des blés (Coturnix coturnix), Gélinotte des bois (Bonasia bonasia), espèce paléarctique remarquable, d’affinité nordique, recherchant préférentiellement les forêts mixtes, Lagopède alpin (Lagopus mutus), Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière et déterminante, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, Grand duc d’Europe (Bubo bubo), Monticole de roche (Monticola saxatilis), Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce paléomontagnarde remarquable et relativement rare, recherchant les gorges et escarpements rocheux, Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés, Bruant fou (Emberiza cia). L’herpétofaune locale patrimoniale est représentée par le Triton alpestre (Ichthyosaura alpestris), espèce déterminante d’affinité montagnarde.
L’entomofaune locale est quant à elle représentée par cinq espèces de lépidoptères : le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), espèce remarquable d’Hespéridés en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs, l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce remarquable et protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki) et l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 englobe la ZNIEFF de type 1 : «05_121_190   Vallon du col des Aiguilles   crêtes du Vallon».

Commentaires sur la délimitation

C’est une logique de massif qui est ici privilégiée pour la délimitation du site. Celui ci concerne la partie Hautes Alpes de la chaîne montagneuse occidentale qui borde sur son côté ouest la petite région du Dévoluy. A l’ouest et au nord, sa délimitation coïncide avec la ligne des plus hautes crêtes, sur laquelle s’inscrit le pourtour départemental. Au sud, elle suit les lignes marquées de fond de talweg. A l’est, elle longe les principales ruptures de pente de pied de versant, en évitant les zones les plus fortement anthropisées du centre du Dévoluy.