ZNIEFF 930012804
ENVIRONS DU COL DU NOYER - VERSANT UBAC DU PIC PONSIN - CRÊTES DE LIERAVER

(n° régional : 05123175)

Commentaires généraux

Description
Etabli dans la partie centre ouest du département des Hautes Alpes, au nord ouest de la ville de Gap, ce site de 370 hectares est localisé sur les contreforts est du massif du Dévoluy. Le site comprend les versants d’ubac et d’adret situés de part et d’autre de la Crête de Lieraver joignant le Pic Ponsin (2 335 m). A cheval entre le massif du Dévoluy et le Champsaur, le panorama qui se dévoile au promeneur est spectaculaire. Massif sauvage et préservé, le Dévoluy ne possède que peu d’accès routiers, le col du Noyer constitue le seul passage par l’est au travers de la formidable muraille rocheuse qui limite le massif de ce côté.
Le substrat géologique du site est composé par une couverture sédimentaire de terrains tertiaires et secondaires. Les lauzes à silex et les lauzes rubanées du Maestritchien (Néocrétacé) constituent ainsi les hautes crêtes rocheuses. Elles surmontent les niveaux de marnes jaunissantes, les bancs marno calcaires et les calcaires lithographiques beiges du Néocomien, ainsi que les niveaux calcaires et marneux du tithonique et du Dogger. L’ensemble est en partie recouvert par des éboulis stabilisés ou encore mobiles et par des cônes de déjections torrentielles.
Etabli dans la zone biogéographique des Préalpes delphino provençales, il est soumis aux influences climatiques océaniques, continentales et méditerranéennes.
Réparti entre 1 590 m et 2 338 m d’altitude, le site est compris dans les étages de végétation subalpin et alpin inférieur.
Il offre un splendide paysage de versants et crêtes rocailleuses calcaires dénudées, accompagnées d’éboulis et de pelouses calcicoles écorchées. En contrebas le col du Noyer (1 664 m) offre un superbe contraste avec ses pelouses et pâturages verdoyants.

Milieux remarquables
Ce petit site se caractérise par la présence de vastes zones de milieux ouverts comprenant des pelouses et des éboulis, habitats typiques d’espèces végétales rares et vulnérables. Occupant des surfaces importantes sur le site et constituant les habitats préférentiels d’espèces végétales à forte valeur patrimoniale, les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)], dont en particulier des groupements végétaux d’éboulis fins, représentés par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321)], sont très représentatifs du site. Ces derniers constituent avec les pelouses des Alpes méridionales à Seslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.432)] les  habitats déterminant du site, alors que les autres types d’éboulis sont classés remarquables.
Parmi les autres habitats remarquables du site, figurent les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae-Cystopteridion fragilis (62.15)].
Les milieux herbacés ouverts remarquables, d’intérêt patrimonial élevé et à fort recouvrement sur le site, comprennent en particulier, les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], installées sur sols superficiels. Disséminées au sein du site apparaissent les pelouses des combes à neige sur calcaire à Saule réticulé (Salix reticulata) [all. phyto. Arabidion caeruleae (36.12)] et les pelouses pionnières calcicoles écorchées sur dalles rocheuses calcaires à Orpins (Sedum pl. sp.) et Joubarbes (Sempervivum pl. sp.) [all. phyto. Alysso-Sedion albi (34.1)].

Flore
Le site comprend huit espèces végétales déterminantes. Six sont protégées au niveau national : le Panicaut blanc des Alpes (Eryngium spinalba), ombellifère épineuse des éboulis thermophiles et des pelouses sèches endémique des Alpes sud occidentales, la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium), l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), le Géranium à feuilles argentées (Geranium argenteum) et le Dracocéphale d'Autriche (Dracocephalum austriacum), lamiacée à floraison spectaculaire inféodée aux rocailles et pelouses steppiques, rarissime en France. Deux espèces n’ont pas de statut de protection : la Passerage de Villars (Lepidium villarsii) et l'Avoine des Abruzzes (Helictochloa versicolor subsp. praetutiana), graminée franco italienne des pelouses calcaires d’altitude, distribuée dans les montagnes du sud de l’Italie et dans les Alpes du Sud, récemment découverte en France.
Par ailleurs, le site comprend trois espèces végétales remarquables. Deux sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une espèce n’a pas de statut de protection : l'Anémone de Haller (Anemone halleri), qui fleurit au printemps sur les pelouses ventées.

Faune
Dix-neuf espèces animales d’intérêt patrimonial, toutes remarquables, ont été inventoriées sur ce site.
Chez les mammifères, une chauve-souris a été contactée sur le site, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude. Cette espèce se reproduit potentiellement dans les milieux qui lui sont favorables. A signaler également la présence de la Sérotine bicolore (Vespertilio murinus), dont l’état actuel des connaissances ne permet pas de conclure sur la présence de gîtes sur place.
De nombreux oiseaux se reproduisent dans cette zone : l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), espèce holarctique assez rare en PACA et présente du littoral à la haute montagne (concentrée sur les trois départements alpins) dans les milieux ouverts à sites rupestres, le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale au régime alimentaire ophiophage, la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 100 et 2 900 m, le Tétras lyre (Lyrurus tetrix), espèce assez rare, en léger déclin, d’affinité montagnarde, typique des écotones entre forêts (lisières), prairies, pelouses et landes, entre 1 100 et 2 500 m, l'Alouette lulu (Lullula arborea), espèce des paysages ouverts à semi-ouverts, la Niverolle des neiges (Montifringilla nivalis) passereau paléomontagnard caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés, le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, le Bruant fou (Emberiza cia), oiseau qui affectionne les pelouses et les landes avec rocailles bien ensoleillées, les éboulis avec des buissons et des arbres clairsemés, les landes ouvertes, etc. et menacé par la fermeture des milieux, le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), espèce de milieux à faible végétation en régression dans la région, le Venturon montagnard (Carduelis citrinella), espèce paléo-montagnarde typique des boisements de conifères semi ouverts, la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle, le Pipit rousseline (Anthus campestris), espèce eurasiatique présente en PACA dans les milieux méditerranéens ouverts et secs et le Monticole de roche (Monticola saxatilis), oiseau qui affectionne les éboulis et les affleurements rocheux bien exposés des étages montagnard et subalpin, entre 1 200 et 2 500 m d'altitude.
Les insectes sont représentés par trois espèces de lépidoptères, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude, l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude et le Céphalion (Coenonympha macromma), Satyrinés endémique du centre et de l’ouest des Alpes, à aire de répartition disjointe, inféodée aux pelouses et fourrés de l’étage subalpin.
Enfin, citons la présence de trois espèces de mollusques, l’Hélicon des Préalpes Delphinatia fontenillii alpina, la Fausse-veloutée des vallées Urticicola glabellus et la Semilimace globuleuse Oligolimax annularis.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930012803   Dévoluy méridional : massif de Bure   Gleize   vallée de Chaudun   Charance ».

L’enjeu principal pour ce site consiste en la conservation des habitats d’espèces végétales liées aux rocailles et éboulis calcaires, ainsi qu’aux pelouses subalpines.

Commentaires sur la délimitation

Le site englobe les pentes qui environnent le Col du Noyer. S’il est avant tout destiné à englober des populations d’espèces à très forte valeur patrimoniale, liées aux éboulis, rochers calcaires et pelouses rocailleuses, ses limites s’appuient lorsque c’est possible, sur des lignes topographiques : crêtes et talweg, pied ou sommets de barres rocheuses…