Description
A l’ouest de la ville de Gap, dans la partie centre ouest du département des Hautes Alpes, ce massif s’individualise en bordure ouest du bassin du gapençais grâce à la couronne calcaire formée par les falaises de Céüse (synclinal perché), dont le point culminant est à 2016m. La pointe de la Petite Céüse (1681m) lui fait face au sud. Les deux sommets sont séparés par le Col des Guérins (1312m).
Sur le plan géologique, le site s’inscrit dans une série de roches sédimentaires d’âge secondaire associant des terrains calcaires et marno calcaires du Néocomien, qui occupent l’essentiel du cœur du synclinal de la montagne de Ceüse, avec des calcaires massifs plus durs du Tithonique, lesquels constituent le plateau et les crêtes sommitales de Ceüse et de la Petite Ceüse, ainsi que les spectaculaires falaises verticales de ceinture. Sur les versants du pourtour du site apparaissent des calcaires marneux du Malm. Ceux ci sont en grande partie recouverts d’éboulis récents, stabilisés ou encore actifs.
Situé dans la zone biogéographique des préalpes sud dauphinoises, le site est soumis à un climat montagnard marqué d’influences supra méditerranéennes, à la confluence entre la Durance et le petit Buëch.
Etabli entre 1030 et 2016 m d’altitude, le site est inclus dans les étages de végétation collinéen supérieur, montagnard et subalpin.
Les contre forts du site, sont boisés par des forêts de différents types : hêtraies et hêtraies sapinières, pinèdes sylvestres et reboisements de mélèzes et de pins. Encore plus à l’ouest, la crête de Combe Noire, orientée nord sud, présente également d’importants escarpements, tout en restant fortement boisée, notamment de Pin noir (Pinus nigra) et Pin sylvestre (Pinus sylvestris). Les parties hautes sont caractérisées par des landes, notamment caractérisées par le Genêt radié (Genista radiata), par des pelouses et des rocailles calcicoles.Milieux remarquables
Le site recèle trois habitats déterminants : les hêtraies neutrophiles méridionales des Alpes du Sud à Trochiscanthe à fleurs nues (Trochiscanthes nodiflorus) [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho fagetum (41.17)], implantées notamment sur les contreforts est du site, les entrées de grottes et les balmes thermophiles à annuelles [asso. phyto. Anthrisco caucalidis Asperugetum procumbentis) (65)], caractérisées par une végétation de petites plantes annuelles et recelant des espèces d’intérêt exceptionnel comme le Myosotis à fleurs minuscules (Myosotis minutiflora) et la Benoïte à fruits de deux sortes (Geum heterocarpum), et les étendues de landes delpino provençales à Genêt à rameaux rayonnants (Genista radiata) (31 226), localisées au centre de la couronne du synclinal de Ceüse. Ce dernier milieu, particulièrement rare puisque connu seulement sur trois sites en France, se répartit de 1490m à 1815m sur le site.
Le site est par ailleurs riche en autres milieux remarquables présentant des physionomies variées. Ce sont en particulier : les pelouses écorchées à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) des Alpes du Sud [sous all. phyto. Ononido cristatae Helictotrichenion sempervirentis (36 432)], qui colonisent les fortes pentes caillouteuses calcaires sèches, notamment au niveau des pentes situées en exposition chaude sous les falaises, et qui accueillent de nombreuses plantes rares, et les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)].
Par ailleurs, les formations arbustives et sous arbustives, généralement associées à la dynamique succédant aux pelouses sèches, comprennent un certain nombre d’habitats remarquables parmi lesquels : les garrigues supra méditerranéennes à Thym (Thymus vulgaris) [all. phyto. Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis (32.63)], les landes supra méditerranéennes et oro méditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliae Genistion cinereae (32.61 et 32.62)], les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)] ainsi que les fruticées d’arbustes divers [all. phyto. Berberidion vulgaris (31.81)].
Les milieux rocheux comprennent eux aussi des habitats remarquables, à forte valeur patrimoniale, comme les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].Flore
Le site possède une flore exceptionnelle avec dix neuf espèces végétales déterminantes, dont quatre sont protégées au niveau national : le Panicaut blanc des Alpes (Eryngium spinalba), ombellifère épineuse des éboulis thermophiles et des pelouses sèches endémique des Alpes sud occidentales, l'Inule variable (Inula bifrons), composée à fleurs jaunes des lisières et broussailles sèches, l'Aspérule de Turin (Asperula taurina), caractéristique des hêtraies méridionales, et la Benoîte à fruits divers (Geum heterocarpum). Cinq autres espèces sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : la Laitue à feuilles de chêne (Lactuca quercina), rarissime laitue sauvage inféodée aux lisières forestières, dont les observations récentes en France ne concernent que les deux localités des Hautes Alpes, l'Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), le Myosotis à petites fleurs (Myosotis minutiflora), petite boraginacée des balmes et entrées de grottes calcaires, le Genêt radié (Genista radiata), arbuste rarissime en France et la Dauphinelle fendue (Delphinium fissum), rare renonculacée des rocailles et éboulis xériques. Les autres espèces végétales déterminantes du site sont : le Doronic à feuilles cordées (Doronicum pardalianches), historiquement signalé et à rechercher, le Cynoglosse de Dioscoride (Cynoglossum dioscoridis), la Passerage de Villars (Lepidium villarsii), la Céphalaire des Alpes (Cephalaria alpina), le Gaillet grêle (Galium aparine subsp. tenerum), le Jonc à fruits globuleux (Juncus sphaerocarpus), l'Avoine des Abruzzes (Helictochloa versicolor subsp. praetutiana), graminée franco italienne des pelouses calcaires d’altitude, distribuée dans les montagnes du sud de l’Italie et dans les Alpes du Sud, récemment découverte en France, le Pigamon simple (Thalictrum simplex), la Potentille inclinée (Potentilla inclinata) et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius).
Il abrite également trois espèces végétales remarquables : la Gagée des champs (Gagea villosa), protégée au niveau national, la Fausse Giroflée des montagnes (Coincya monensis subsp. cheiranthos), protégée au niveau régional, et l'Ibéris droit (Iberis linifolia subsp. stricta).Faune
Vingt-cinq espèces animales patrimoniales, dont 4 déterminantes, ont été recensées sur ce site.
Pour les oiseaux nicheurs, citons notamment le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, une autre espèce remarquable strictement rupestre, le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), le Bruant fou (Emberiza cia), l’Alouette lulu (Lullula arborea), le Venturon montagnard (Carduelis citrinella), le Pipit rousseline (Anthus campestris), la Fauvette grisette (Sylvia communis), au niveau des boisements résonne le chant du Pic noir (Dryocopus martius). On y rencontre également le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare et déterminant mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), la Bondrée apivore (Pernis apivorus), le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus) et la Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro-sibérienne déterminante et rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies).
Au niveau de l’herpétofaune locale, mentionnons la présence de trous espèces remarquables, le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), amphibien qui fréquente ici des zones humides à une altitude remarquable de près de 1 800 m, le Lézard des souches (Lacerta agilis), espèce d’affinité médio européenne nordique, des landes, lisières de forêts et prairies herbeuses jusqu’à 2 000 m d’altitude ainsi que la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.
Quant aux insectes d’intérêt patrimonial, ils sont représentés par deux espèces de lépidoptères déterminants : la Zygène de la Vésubie (Zygaena brizae vesubiana), espèce protégée de Zygénidés, endémique des Alpes du sud franco italiennes, localisée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur à quelques stations situées dans les trois départements alpins (04, 05, 06), où elle fréquente les pelouses xérophiles et mésoxérophiles dans lesquelles sa chenille peut facilement trouver sa plante hôte le Cirse Cirsium eriophorum et le Semi Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, à la répartition fragmentée et assez localisée, dont la chenille vit sur la Corydale solide (Corydalis solida), des clairières et lisières de bois, entre 500 et 2 200 m d’altitude. Elles sont accompagnées par cinq espèces remarquables : l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), Polyommatiné, en régression, plutôt localisé, protégé au niveau européen (directive CEE « Habitats » ), menacé par la destruction de son habitat (les bois clairs et ensoleillés, les prairies, les zones buissonneuses et les friches sèches à Serpolet jusqu’à 1 800 m. d’altitude), l’Azuré de la Croisette (Maculinea alcon), espèce remarquable, lié aux prairies sèches et pentes herbeuses vers 1 200 à 1 800 m. d’altitude, dont la chenille vit sur la Gentiane croisette (Gentiana cruciata), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable et en régression, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 300 et 2 500 m d’altitude, l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), Hespéridés en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs, l’Hermite (Chazara briseis), Satyrinés en forte régression, lié aux milieux très ouverts et secs où croissent ses plantes hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes) et l'Echiquier de Russie (Melanargia russiae), espèce méditerranéo asiatique liée aux pelouses sèches et prairies mésophiles de 500 à 2 000 m d'altitude.
Enfin, chez les mollusques, citons la présence du Maillot des rochers (Pupilla sterrii), espèce remarquable localisée dans le Jura et les Alpes, liées aux milieux montagnards orientaux de la région et vivant dans les habitats rocailleux et ensoleillés.
Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFFCette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 « 930012752 - Massifs des préalpes delphino provençales de Céüse, Crigne-Aujour et de l'Aup Saint Genis ».
Ce site est un îlot d’espèces animales et végétales rares ou remarquables, présentant à bien des niveaux une forte singularité, bien qu’il soit géologiquement lié aux synclinaux longeant la Durance plus au sud du département.
Il s’inscrit au nord, dans une série de trois synclinaux perchés delphino provençaux avec le Pic de Crigne - Crête des Selles au centre, et la Montagne de l’Aup ou de Saint Genis, plus au sud. L’ensemble de ces massifs présente de grandes similitudes floristiques et constitue un complexe méditerranéo montagnard en inter relations étroites.
C’est une logique de massif, qui préside ici à la définition du site. Celui-ci englobe des espaces ouverts ou semi-ouverts et rocheux, d’altitude déjà importante, et qui constituent avec des espacesboisés diversifiés un ensemble remarquable. Si les enjeux pour la délimitation du site sont avant tout d’ordre biologique, les limites établies tentent de s’appuyer, autant que possible sur des éléments topographiques, géographies ou paysagers notables (reliefs marqués, dessertes routières, lisières), quand il en existe à proximité.