ZNIEFF 930012808
MARAIS DE MANTEYER ET DE LA ROCHE DES ARNAUDS

(n° régional : 05100204)

Commentaires généraux

Description

Le marais de Manteyer et de la Roche-des-Arnauds se situe en bordure sud e la route D994, entre la Freissinouse et la Roche des Arnauds, à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de la ville de Gap, dans la partie centre ouest du département des Hautes Alpes. Il est cerné au nord par la route départementale D 994 et la voie ferrée, à l’ouest par la route départementale D 218, à l’est par la route départementale D 118 et au sud par un chemin carrossable.
Le marais de Manteyer/La Roche-des-Arnauds se situe dans le fond d’une vallée morte creusée par les eaux de fonte glaciaire et comblée par des alluvions modernes d’âge Quaternaire, qui sont à peine réentaillées par le lit actuel des cours d’eau. Au niveau de l’extrémité nord ouest du site, se trouve une zone d’alluvions récentes qui correspond à des dépôts glaciaires anciens à éléments allochtones (grés et roches cristallines).
Son altitude la plus basse est à 935 m au niveau du petit lac central, et la plus haute à 960 m dans la partie sud est, et se trouve compris à la transition des étages de végétation collinéen supérieur et montagnard inférieur.
Ce marais est situé au cœur d’une vaste cuvette de 60 hectares dont il recueille les eaux de surface. Avec ses 40 hectares de superficie, il constitue l’ensemble marécageux le plus vaste du département des Hautes Alpes.
Il est traversé par des canaux, dont certains sont reliés à des torrents permanents notamment au sud du marais. Un petit lac en eau libre, d’une surface de 500 m² environ, est présent dans la partie centrale du marais qui reste inondée en permanence, mais avec une variation du niveau de l’eau au cours de l’année.
Le présence d’écocomplexes étroitement imbriqués et interdépendants (zone d’eau libre, roselières à phragmites, prairies humides encore pâturées ou à l’abandon, saulaies, massifs de Bourdaine (Frangula alnus) et de Saule cendré (Salix cinerea), boisements de feuillus divers et de Pins sylvestre (Pinus sylvestris), haies et parcelles cultivées) sont à l’origine d’une importante richesse faunistique (oiseaux, reptiles, amphibiens et insectes) et botanique (flore des milieux et prairies humides en particulier, orchidées de marais).

Milieux remarquables

Le site comprend un ensemble de formations végétales liées aux zones humides, milieux de plus en plus rares et souvent dégradés en Europe de l’ouest. Elles y constituent un écocomplexe très intéressant, associant en particulier une roselière inondée à Roseau phragmite (Phragmites australis) [all. phyto. Phragmition communis (53.111)]. Cet habitat, est un milieu exceptionnel dans le département des Hautes Alpes, où il possède ici l’une de ses plus vastes étendues : Le rôle fonctionnel de cet habitat est ici particulièrement net, car en plus d’abriter des plantes rares, c’est un milieu fondamental pour l’avifaune lors des périodes de migration et de reproduction.
Parmi les autres milieux remarquables, se remarquent également des secteurs de bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)] et des formations végétales herbacées hautes peu communes comme les prairies humides eutrophes et oligotrophes [all. phyto. Molinion caeruleae et Calthion palustris (37.2 et 37.3)], les prairies humides hautes à Reine des près (Filipendula ulmaria) et formations végétales associées [all. phyto. Thalictro flavi Filipendulion ulmariae (37.1)] et les magnocariçaies de grandes laîches [all. phyto. Magnocaricion elatae (53.21)].
Parmi les autres habitats présentant un intérêt écologique certain, figurent les fourrés et massifs de Saule cendré (Salix cinerea) [all. phyto. Salicion cinereae (44.921)] et les formations à hautes herbes des franges humides méso nitrophiles à Liseron des haies (Convolvulus sepium) [all. phyto. Convolvulion sepium (37.7)].

Flore

Le site possède quinze espèces végétales déterminantes, dont deux sont protégées au niveau national : l'Orchis à odeur de punaise (Anacamptis coriophora subsp. coriophora) et le Choin ferrugineux (Schoenus ferrugineus). Sept autres sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : l'Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), l'Orchis des marais (Anacamptis palustris), la Gesse des marais (Lathyrus palustris), la Pédiculaire des marais (Pedicularis palustris), la Petite violette (Viola pumila), la Laîche à fruits velus (Carex lasiocarpa), rare cypéracée caractéristique des tourbières et bas marais tremblants, et le Rubanier nain (Sparganium natans). Les autres espèces déterminantes de ce site sont : le Sélin à feuilles de carvi (Selinum carvifolia), la Gesse blanchâtre (Lathyrus pannonicus), la Gentiane des marais (Gentiana pneumonanthe), l'Utriculaire citrine (Utricularia australis), le Saule à feuilles étroites (Salix repens) et la Clématite droite (Clematis recta), rare renonculacée d’affinité orientale liée aux lisières et bois clairs des plaines alluviales.
Le site abrite une seule espèce remarquable : la Gagée des champs (Gagea villosa), espèce protégée au niveau national.

Faune

Le site possède un patrimoine faunistique d’un intérêt avec 24 espèces animales patrimoniales, dont 6 déterminantes.

Dans le cortège avien nicheur de ce site, figurent plusieurs espèces déterminantes dont le Blongios nain (Ixobrychus minutus) le Héron pourpré (Ardea purpurea) et, peut-être occasionnellement, le Rollier d’Europe (Coracias garrulus) espèce d’affinité méditerranéenne. A noter que le Busard cendré (Circus pygargus), rapace déterminant d’affinité steppique méditerranéenne, des milieux ouverts à végétation herbacée plutôt dense et recouvrante, n’a pas été revu comme nicheur depuis plusieurs années. Ce cortège peut être complété par le Faucon hobereau (Falco subbuteo), le Pic épeichette (Dendrocopos minor), la Caille des blés (Coturnix coturnix), la Chevêche d’Athéna (Athene noctua), le Petit Duc scops (Otus scops), la Huppe fasciée (Upupa epops), le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), la Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris) et la Rousserole turdoïde (Acrocephalus arundinaceus), la Fauvette grisette (Sylvia communis), la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), le Bruant fou (Emberiza cia),le  Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), le Bruant proyer (Miliaria calandra) et l’Alouette lulu (Lullula arborea). A noter que le marais de Manteyer, une des plus importante zones humides du département constitue également une halte migratoire et d’hivernage importante pour un grand nombre d’espèces.

La faune entomologique est représentée par l'Azuré de la sanguisorbe (Maculinea teleius), espèce déterminante et protégée en France, liée aux milieux humides à Sanguisorbe officinale, surtout menacée par la disparition de ses habitats, le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce déterminante de lépidoptère d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea) et qui occupe ici la zone sèche en partie centrale, le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce remarquable d'orthoptère d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuse et la Cordulie à taches jaunes (Somatochlora flavomaculata), odonate remarquable lié aux marais, prairies inondées et roselières.

Les mollusques sont représentés par deux espèces déterminantes inféodés aux zones humides, la Grande brillante (Cochlicopa nitens), escargot dont les populations sont très morcelées et qui fréquente les marais calcaires de moyenne montagne à partir de 800 m en région PACA et le Vertigo étroit (Vertigo angustior), escargot eurasiatique vulnérable à l’échelle européenne, inféodé aux habitats humides ouverts, majoritairement distribué aux départements alpins de la région.

 

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.
Le marais de Manteyer/La Roche des Arnauds est classé en tant que ZICO (Zone d’Intérêt Communautaire pour les Oiseaux) du fait de son rôle en tant que zone de nourrissage, de repos et d’arrêt migratoire et d’hivernage pour les oiseaux. Il fait l’objet de mesures de protection par arrêté préfectoral de conservation de biotope en date du 26 mars 1986.
Ce site a véritablement une fonction essentielle tant au niveau hydrologique, avec la captation des eaux de surfaces, qu’au niveau corridor, avec son rôle dans la migration d’oiseaux.

Commentaires sur la délimitation

Le site correspond à une cuvette marécageuse assez vaste, clairement délimitée au nord par une voie ferrée doublée par une route départementale et au sud par le réseau de dessertes locales. Il se cale côté est et ouest sur des limites géographiques et paysagères : lisières et espaces cultivés plus intensifs. La délimitation prend en compte également l’utilisation de l’espace par l’Azuré de la sanguisorbe entre les différentes zones de reproduction et d’alimentation.