ZNIEFF 930012810
MASSIFS DE LA MONTAGNE DE L'AUP, DU SERRE DE LA BOUISSE ET DE LA CRÊTE DE SAUMANE

(n° régional : 05129100)

Commentaires généraux

Description

Localisé dans la partie sud-ouest du département des Hautes Alpes, à l’ouest de la petite ville de Serres, dans la région des Baronnies, le site est composé d’une succession de moyennes montagnes : crête de Saumane, Serre de la Bouisse et Montagne de l’Aup.

Du point de vue géologique, il est constitué de roches sédimentaires comprenant une succession de terrains marneux et marno calcaires de l’Hauterivien Valanginien, couronnés de calcaires durs du Berriasien et du Tithonique.

Les calcaires tithoniques, durs et massifs, forment une barre rocheuse soulignant les plus hautes crêtes du site (crête de Saumane et Serre de la Bouisse). Des éboulis occupent une grande partie des flancs de versants, notamment à l’ubac et masquent en partie ces formations géologiques.

Situé dans la zone biogéographique des préalpes delphino provençales, à la rencontre des influences méditerranéennes et alpines, le site est compris dans les étages de végétation supra méditerranéen et montagnard, entre 670 m et 1645 m d’altitude.

Les formations forestières dominent largement, en particulier sur les versants en ubac. Elles associent des boisements de Chêne pubescent (Quercus humilis) et de feuillus mixtes thermophiles, des pinèdes sylvestres, des hêtraies pinèdes méso xérophiles et des hêtraies mésophiles en altitude. Prairies sèches, pelouses rocailleuses, fruticées xérophiles, lavandaies, éboulis thermophiles et milieux rocheux sont les autres formations végétales et minérales caractéristiques du site.

Milieux remarquables

Les milieux forestiers typiques ou remarquables du site comprennent en particulier les hêtraies et hêtraies sapinières neutrophiles [all. phyto. Fagion sylvaticae (41.13)], les hêtraies calcicoles méridionales à Andosace de Chaix (Androsace chaixii) (41.1752) établies principalement en versant nord, les hêtraies et hêtraies pinèdes sèches sur calcaire [all. phyto. Cephalanthero rubrae Fagion sylvaticae (41.16)], les pinèdes sylvestres sèches supra méditerranéennes à Buis (Buxus sempervirens) [all. phyto. Cephalanthero rubrae Pinion sylvestris (42.59)] et les boisements thermophiles et supra méditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) à Buis (Buxus sempervirens) [all. phyto. Quercion pubescenti sessiliflorae – ass. phyto. Buxo Quercetum (41.711)].

Parmi les autres milieux remarquables du site figurent les pelouses pionnières calcicoles écorchées sur dalles rocheuses calcaires à Orpins (Sedum pl. sp.) et Joubarbes (Sempervivum pl. sp.) [all. phyto. Alysso sedion albi (34.1)], les pelouses sèches écorchées des rebords de corniches et de vires rocheuses calcaires [all. phyto. Seslerio caeruleae Xerobromion erecti (34.33)], les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)], les landes supra méditerranéennes et oro méditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande vraie (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliae Genistion cinereae (32.61 et 32.62)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].

Flore

Le site comprend deux espèces végétales déterminantes, dont une protégée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : la Saxifrage du Dauphiné (Saxifraga delphinensis), rare endémique delphino provençale des falaises et crêtes calcaires, qui présente sur ce site l’une de ses plus belles populations départementales. L’autre espèce déterminante du site est l'Avoine des Abruzzes (Helictochloa versicolor subsp. praetutiana), graminée franco italienne des pelouses calcaires d’altitude, distribuée dans les montagnes du sud de l’Italie et dans les Alpes du Sud, récemment découverte en France.

Il abrite par ailleurs une espèce végétale remarquable : l'Anémone de Haller (Anemone halleri), belle renonculacée à floraison printanière typique des pelouses et rocailles ventées.

Faune

Ces massifs offrent un intérêt assez marqué pour la faune, puisque 21 espèces animales patrimoniales, dont huit déterminantes s’y rencontrent.

Le Lynx boréal (Lynx lynx), carnivore forestier déterminant, à faibles effectifs mais semble-t-il en expansion à l’heure actuelle ainsi que le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne sont signalés dans ce secteur.

Plusieurs oiseaux nicheurs patrimoniaux fréquentent aussi ce secteur dont le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), espèce déterminante et plusieurs espèces remarquables telles que le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, le Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), le Bruant fou (Emberiza cia).

L’herpétofaune locale patrimoniale est représentée par le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), espèce déterminante à effectifs faibles et vulnérable, en déclin, d’affinité médio européenne et montagnarde, affectionnant les petits points d’eau peu profonds, dans les endroits restant frais et humides en été.

Les cours d’eau abritent un poisson d’eau douce : le Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce remarquable d’affinité méridionale, des cours d’eau clairs et bien oxygénés à débit rapide sur substrat de graviers. Beaucoup de ces observations sont anciennes et des prospections complémentaires seraient à réaliser sur ce secteur méconnu.

La faune entomologique est représentée par huit espèces d’intérêt patrimonial dont trois papillons de jour déterminants protégées au niveau européen : l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce rare et peu abondante, d’affinité méditerranéo montagnarde et propre aux régions accidentées et ensoleillées jusqu’à 1700 m d’altitude, où croît sa plante hôte principale Ptychotis saxifraga, le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude et la Bacchante (Lopinga achine) qui fréquente les lisières semi-ombragées à strate herbacée développée jusqu'à 1200m d'altitude. Classé "disparue au niveau régional" sur la liste rouge régionale, cette espèce connait un déclin généralisé en France et reste très rare notre région, restreinte à quelques localités des Hautes-Alpes et des Alpes de Haute-Provence. Les espèces remarquables sont représentées par L’Apollon (Parnassius apollo), espèce relicte de l’ère tertiaire, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, les pelouses et les friches sèches à serpolets jusqu’à 2400 m d’altitude, l'Echiquier de Russie (Melanargia russiae), espèce méditerranéo asiatique liée aux pelouses sèches et prairies mésophiles de 500 à 2000 m d'altitude, le Grillon de montagne (Eugryllodes pipiens), espèce assez rare colonisant de préférence les pentes sablonneuses parsemées d'éboulis des collines sèches et aride. Deux espèces de coléoptères déterminantes sont inventoriées localement : l'Acanthocine réticuleux (Acanthocinus reticulatus), espèce rare de Cerambycidae à répartition européenne où elle colonise les sapinières matures froides et humides, sa larve se développant dans les troncs de gros diamètre, et le Lyce discret (Erotides cosnardi), espèce eurosibérienne des conifères et feuillus décomposés, très rare en PACA où elle est connue seulement des sapinières relictuelles du nord-ouest des Hautes-Alpes qui semblent constituer la limite sud-occidentale de sa répartition alpine.

Commentaires sur la délimitation

Les limites du site sont établies de manière à englober une crête montagneuse de moyenne montagne et ses sommets de versant. Elles sont positionnées sur les parties inférieures de versant, en évitant les zones où l’anthropisation est la plus accentuée. Elles se calent au mieux sur des repères visuels marqués ou sur des éléments topographiques et géographiques importants : réseaux de dessertes forestières ou rurales, lisières, talwegs, ruptures de pentes, etc.