ZNIEFF 930012811
MONTAGNE DE MARAYSSE

(n° régional : 05100216)

Commentaires généraux

Description de la zone

Etabli dans la partie sud-ouest des Hautes-Alpes, dans la région des Baronnies, au nord-est du village de Rosans, entre les villages de Ribeyret et de Montmorin, le site s’inscrit sur la bordure nord de la petite région du Rosanais.
La ZNIEFF comprend la Montagne de Maraysse (1 567 m), petite montagne delphino provençale orientée est-ouest, du Col des Tourettes (1 126 m) au Col des Pins (1 325 m). Il s’étend sur ses versants nord, jusqu’à la colline de Coste Rastre, et sud, en arrière du village de Ribeyret.
Le substrat géologique du site composé de roches sédimentaires associe des terrains marno calcaires de l’Hauterivien et du Berriasien surmontés de calcaires durs et massifs du Tithonique qui constituent les plus hautes crêtes de l’Isère. Ces formations sédimentaires sont largement recouvertes d’éboulis stabilisés et encore localement actifs, sur les parties moyennes et inférieures des versants.

Situé dans la zone biogéographique des Préalpes delphino provençales, à la rencontre des influences méditerranéennes et alpines, le site est inclus dans les étages de végétation supra méditerranéen supérieur et montagnard, entre 970 m et près de 1 567 m d’altitude.

Boisements de Chêne pubescent (Quercus humilis), pinèdes sylvestres, hêtraies, landes et fruticées xérophiles, prairies sèches, pelouses rocailleuses écorchées et escarpements rocheux sont les milieux les plus représentatifs du site. De petits cours d’eau temporaires dévalent son versant sud.


Habitats naturels

Ce site à fort caractère minéral possède quatre habitats déterminants : les entrées de grottes et les balmes thermophiles à annuelles [asso. phyto. Anthrisco caucalidis-Asperugetum procumbentis) (H1.1)] constitués par une végétation de petites plantes annuelles, dont de nombreuses espèces à forte valeur patrimoniale, les pelouses oroméditerranéennes ébouleuses à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (E4.432)], les landes sèches d’adret à Genévrier sabine (Juniperus sabina) [sous all. phyto. Berberido vulgaris-Juniperenion sabinae (F2.2322)] qui sont bien représentées sur son versant sud, et les pinèdes de Pin à crochets (Pinus mugo subsp. uncinata) sur escarpements rocheux (G3.322).
Parmi les autres milieux remarquables du site figurent des formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae-Cystopteridion fragilis (H3.25)], les pelouses rocheuses à orpins et joubarbes [all. phyto. Alysso-Sedion albi (lE1.11)], les landes à Genévrier nain (Juniperus communis subsp. nana) [all. phyto. Juniperion nanae (F2.231)], et les hêtraies sèches à Androsace de Chaix (Androsa chaixii) [all. phyto. Cephalanthero rubrae Fagion sylvaticae (G1.6752)].
Les autres habitats représentatifs du site sont les landes supra méditerranéennes et oro méditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliae-Genistion cinereae (F6.6)], et des boisements thermophiles et supra méditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) à Buis (Buxus sempervirens) [all. phyto. Quercion pubescenti-petraeae (G1.71)].


Flore

Ces crêtes d’altitudes élevées et ventées, constituent des entités supra forestières, analogues à un archipel, qui ont permis le maintien d’un cortège floristique très diversifié et comportant des éléments endémiques delphino provençaux préalpins.

Le site abrite sept espèces déterminantes dont deux sont protégées au niveau national : l'Ancolie de Reuter (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest, et le Panicaut blanc des Alpes (Eryngium spinalba), ombellifère épineuse des éboulis thermophiles et des pelouses sèches, également endémique des Alpes du Sud-Ouest. Trois autres espèces déterminantes sont protégées en Provence-Alpes-Côte d’Azur : le Cytise de Sauze (C Cytisus ardoinoi subsp. sauzeanus), endémique locale occupant les rocailles, lisières et sous-bois clairs sur substrats calcaires, le Cotonéaster du Dauphiné (Cotoneaster delphinensis) et le Saxifrage du Dauphiné (Saxifraga delphinensis), rare endémique delphino provençale des falaises calcaires ombragées. Le Buplèvre de Toulon (Bupleurum ranunculoides subsp. telonense) et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster intermedius) sont les deux autres espèces déterminantes du site.


Faune

Ce site accueille 18 espèces animales patrimoniales, dont cinq sont déterminantes.

Pour les oiseaux nicheurs, ou probablement nicheurs, citons la présence de deux espèces remarquables, l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), espèce holarctique assez rare en PACA et présente du littoral à la haute montagne (concentrée sur les trois départements alpins) dans les milieux ouverts à sites rupestres et le Pic noir (Dryocopus martius), oiseau des forêts de conifères assez âgées, entre 700 et 2 200 m d'altitude, d'où il dépend d'arbres de grande taille dans lesquels il peut creuser ses cavités de repos ou de nidification.

Le cortèges d’insectes est composé de plusieurs espèces de coléoptères d’intérêt patrimonial liés aux milieux forestiers. Parmi elle, trois sont déterminantes, l'Acanthocine réticuleux (Acanthocinus reticulatus), espèce rare de Cerambycidae à répartition européenne où elle colonise les sapinières matures froides et humides, sa larve se développant dans les troncs de gros diamètre, le Saphane de Truqui (Drymochares truquii), espèce rare et localisée, présente en France exclusivement en région Provence-Alpes-Côte d’Azur dans les Alpes du sud, liée aux forêts de feuillus telles que les boisements de noisetiers, aulnaies, ostryaies et hêtraies et qui se développe dans les branches mortes de feuillus de petit diamètre, et le Pique-prune ou Osmoderme (Osmoderma eremita), Scarabaeidae protégée au niveau européen, rare et en régression, inféodée aux vieux arbres dans lesquels sa larve se développe au sein des cavités volumineuses pleines d’humus. Elles sont accompagnées de quatre espèces remarquables, Brachygonus campadellii, d'Elateridae (taupin) ouest-européen, à larve prédatrice dans le bois carié et les cavités d'arbres généralement feuillus, depuis la plaine jusqu'en moyenne montagne, Hypoganus inunctus, espèce localisée se développant dans le bois en décomposition de feuillus ou de résineux, cantonnée dans le sud de la France aux forêts de montagne mais se trouvant aussi en plaine plus au nord, le Taupin à cou sanglant (Ischnodes sanguinicollis), localisé en PACA et dont la larve prédatrice se développe dans le terreau des cavités basses des feuillus et le ténébrionide Nalassus harpaloides, coléoptère endémique de France, présent surtout en région PACA où il fréquente les forêts de montagne et notamment les boisements de conifères.

Les milieux plus ouverts accueillent quant à eux plusieurs espèces de papillons d’intérêt patrimonial dont deux sont déterminants, la Zygène de la Vésubie (Zygaena brizae), espèce protégée en France, rare et localisée, qui fréquente les pelouses et prairies à cirses et dont la sous-espèce vesubiana est endémique franco-italienne des Alpes du Sud et le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), accompagnés de trois espèces remarquables, la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris), espèce d'hétérocère diurne d'affinité ibéro-provençale, liée aux pelouses et friches sèches où croît sa plante hôte (Bugrane jaune Ononis natrix), l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2 400 m d’altitude et l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude.

Enfin, signalons la présence du Cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), espèce de grande taille, inféodée par sa larve aquatique aux ruisseaux des versants pentus des montagnes sud européennes.

Pour finir, trois espèces remarquables de mollusques continentaux ont été observés sur la montagne de Maraysse. L’Aiguillette bordée Acicula lineata lineata, espèce millimétrique vivant dans la litière des bois de feuillus, souvent en contexte d’éboulis. Cette espèce est très localisée dans la région avec quelques populations à l’ouest des Hautes-Alpes et dans les Alpes-Maritimes. La Semilimace globuleuse Oligolimax annularis est quant à elle une espèce montagnarde se rencontrant dans les habitats frais à modérément secs dans les Alpes, et de manière plus anecdotique dans les massifs montagneux provençaux tel que la Sainte-Baume. Enfin, la Fausse-veloutée des vallées Urticicola glabellus glabellus se rencontre uniquement dans le Sud-Est de la France, de la Savoie aux Alpes-Maritimes, ce qui en fait une espèce à enjeu pour la région.


Fonctionnalité lien avec ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.


Ce site est englobé dans un système de crête et de barres rocheuses orientées est ouest. Cette muraille, formée par les Montagnes de Raton (1 400 m), de l’Archier (1 494 m) et de Maraysse (1 567 m) présente un intérêt écologique dans son ensemble.

Commentaires sur la délimitation

Le site obéit ici à une logique de massif, puisqu’il englobe un petit secteur de moyenne montagne, recelant de nombreux habitats et espèces à valeur patrimoniale. Ses limites périphériques s’appuient autant que possible sur des repères paysagers : lignes secondaires de la topographie, sentier et pistes.