ZNIEFF 930012813
ROCHER D'AGNIELLE - CRÊTE SAINT-MICHEL - CHABESPAN

(n° régional : 05100214)

Commentaires généraux

Description

Etabli dans le sud ouest du département des Hautes Alpes, un peu au nord de la petite ville de Serre, le site s’étend de part et d’autre de la clue et du village de Sigottier. Il se compose de moyennes montagnes, culminant à 1170m, avec à l’ouest la crête Saint Michel et la Montagne de Chabestan, et à l’est le Rocher d’Agnielle.
Sur le plan géologique, le site est constitué de roches sédimentaires principalement marneuses et marno calcaires de l’Argovien, de l’Hauterivien et du Valanginien. Ces terrains sont surmontés par des calcaires plus durs et plus massifs du Tithonique qui constituent l’échine rocheuse des plus hautes crêtes du site.
Situé dans la zone biogéographique des préalpes delphino provençales, à la rencontre des influences méditerranéennes et alpines, le site est compris, entre 670 m et 1170 m, dans les étages de végétation supra méditerranéen et montagnard inférieur.
Le paysage s’organise à partir d’une ligne de crêtes principales d’orientation nord ouest à sud est qui délimite deux versants principaux, exposés au nord et au sud, boisés de hêtraies à l’ubac, et de chênaies pubescentes et pinèdes sylvestres du coté mieux exposé, accompagnées de landes sèches et fourrés. Ces versants sont surmontés de superbes dalles et crêtes calcaires tourmentées, qui leur confèrent un côté féerique. Disséminées au sein de cet ensemble, apparaissent de petites zones de pelouses sèches et des éboulis thermophiles.

Milieux remarquables

Le site compte un habitat déterminant : les entrées de grottes et les balmes thermophiles à annuelles [asso. phyto. Anthrisco caucalidis Asperugetum procumbentis) (65)] constituées par une végétation de petites plantes annuelles, dont de nombreuses espèces végétales à forte valeur patrimoniale.
Le site possède divers milieux remarquables et l’ensemble des formations végétales présentes constitue une mosaique particulièrement intéressante pour l’épanouissement d’une faune et d’une flore riche et diversifiée.
Parmi les milieux ouverts remarquables figurent des prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)], et des formations végétales, liées aux milieux rocheux comme celle des éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)] et celle des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].
Les milieux forestiers remarquables comprennent essentiellement des hêtraies et hêtraies pinèdes sèches sur calcaire [all. phyto. Cephalanthero rubrae Fagion sylvaticae (41.16)]. Ceux ci sont souvent associés à de nombreux fourrés et fruticées d’arbustes divers [all. phyto. Berberidion vulgaris (31.81)], formations végétales liées aux différents stades de la dynamique succédant aux pelouses sèches.

Flore

Le site possède trois espèces végétales déterminantes dont une est protégée en Provence Alpes Côte d’Azur : le Cytise de Sauze (Cytisus sauzeanus), endémique locale occupant les rocailles, lisières et sous bois clairs sur substrats calcaires, et deux n’ont pas de statut de protection : la Julienne à feuilles laciniées (Hesperis laciniata), crucifère liée aux rochers, rocailles et landes xériques sur calcaire, et l'Astragale d'Autriche (Astragalus austriacus), petite fabacée plus largement répartie en Europe centrale, très rare en France, où elle est localisée aux pelouses d'affinités steppiques des vallées de la Durance et de l'Ubaye, anciennement signalé sur le site et à rechercher.
Il abrite également une espèce végétale remarquable : le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia).

Faune

Huit espèces animales patrimoniales, dont deux déterminantes, ont été observées sur ce site.

Plusieurs chauve-souris y ont été contactées. Il s’agit du Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) espèce déterminante et menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, du Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii), espèce déterminante typiquement méditerranéenne et strictement cavernicole présente dans les régions aux paysages karstiques riches en grottes. Les espèces remarquables identifiées sur le site sont le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne. Chez les grands mammifères, citons également la présence du Cerf élaphe (Cervus elaphus).

Les oiseaux sont représentés par le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio) et le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax) dont le statut de reproduction serait à préciser.

Enfin, du côté des reptiles, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches, y a été observée.

Ce secteur méconnu de l’ouest des Hautes Alpes mériterait des prospections complémentaires.

 

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.

L’enjeu principal est le maintien d’une activité agricole et pastorale extensive sur ce territoire afin d’éviter l’extension trop importante des massifs forestiers et assurer la permanence de milieux ouverts et rocailleux.

Commentaires sur la délimitation

Les limites du site englobent une petite crête rocheuse de moyenne altitude et ses versants semi-boisés, de façon à inclure un assemblage d’habitats et de populations d’espèces à forte valeur patrimoniale. Ses limites s’appuient sur la topographie : rupture de pente, fonds de talweg, bas de versants et sur des éléments géographiques et paysagers tels que de petites routes.