ZNIEFF 930020033
PLAN D'EAU DU LAC DE BARRAGE DE SERRE-PONÇON, CERTAINES DE SES RIVES À L'AVAL DU PONT DE SAVINES ET ZONES HUMIDES DE PEYRE BLANC

(n° régional : 04105100)

Commentaires généraux

Description

Etabli au niveau de la bordure sud de la partie centrale du département des Hautes Alpes, le site correspond au vaste lac réservoir de Serre Ponçon créé sur le cours de la Durance. Il inclut également les rives rocheuses et boisées de son extrémité ouest, en rive droite, et un secteur de prairies et boisements humides au niveau du village de Crots, à son extrémité est.

Le lac de Serre Ponçon est implanté au sein de la zone sédimentaire dauphinoise, constituée dans ce secteur essentiellement de terrains marneux du Bajocien Oxfordien (terres noires) et sur sa partie ouest de calcaires et calcaires marneux du Lias Bajocien. Ces terrains sédimentaires sont largement recouverts de placages morainiques würmiens, abandonnés par l’ancien glacier de la Durance et de l’Ubaye. L’ensemble de ces formations géologiques sont tendres et donc facilement érodées. Si les reliefs sont plutôt doux ou peu accusés en périphérie du plan d’eau, les affluents de la Durance ont en revanche créé de profondes entailles torrentielles où s’insinuent de longues ramifications lacustres. Certains de ces affluents ont également construit d’importants cônes torrentiels, comme celui par exemple du torrent de Boscodon. Enfin, les secteurs de berges où la pente est accusée ont donné naissance à des ravines et zones écorchées où la végétation prend difficilement pied.

Situé dans la zone biogéographique des Alpes intermédiaires sud dauphinoises, le site est établi à la transition des étages de végétation collinéen et montagnard, aux affinités supra méditerranéennes marquées, entre 780 m et 1060 m d’altitude.

Si le milieu lacustre et aquatique est bien sûr, très largement prépondérant sur ce site, les grèves d’alluvions et dépôts de vases fluviatiles exondées occupent également des surfaces importantes, lors des épisodes de marnage saisonniers. Boisements de Pin sylvestre (Pinus sylvestris), Pin noir (Pinus nigra) et Chêne pubescent (Quercus humilis), fruticées xérophiles, prairies, rocailles, ravines et petits escarpements rocheux constituent l’essentiel des milieux représentés en périphérie immédiate du plan d’eau. Enfin, la bordure péri-lacustre dans le secteur de Crots se distingue par la présence de prairies humides et de boisements hygrophiles associant Saules (Salix pl.sp.) Peuplier noir (Populus nigra), Aulne blanc (Alnus incana) et Frêne (Fraxinus excelsior).

Milieux naturels

Si le site ne présente pas à proprement parler de milieux à valeur patrimoniale élevée, (son intérêt est avant tout lié à la présence d’oiseaux d’eau), il possède en revanche en quelques secteurs situés sur la bordure est du plan d’eau, notamment le secteur de Crots, quelques milieux d’intérêt écologique certain comme des prairies de fauches hygrophiles [all. phyto. Molinion caeruleae (37.2)], des prairies mésophiles de fauche de plaine et de moyenne altitude à Fromental (Arrhenatherum elatius) [all. phyto. Arrhenatherion elatioris (38.22)] et des prairies pâturées [all. phyto. Cynosurion cristati (38.1)] qui s’insèrent dans un réseau semi bocager.

Flore

Aucune espèce végétale déterminante ou remarquable n’a été observée sur ce site.

Faune

Du fait de l’important marnage et donc du faible développement de la végétation aquatique, le lac est peu accueillant pour la faune reproductrice mais ses rives offrent une halte migratoire intéressante, si ce n’est en nombre d’individus, au moins en diversité d’espèces. Certaines espèces patrimoniales sont toutefois présentes en période de reproduction sur quelques zones humides rivulaires et les pelouses steppiques des versants.

Plus de 50 espèces patrimoniales sont inventoriées localement et notamment 16 espèces déterminantes. 

Les mammifères sont représentés par trois des chauves-souris : la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), espèce forestière déterminante, vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne et le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude.

Cette ZNIEFF est une zone de halte, d’hivernage ou de reproduction pour de nombreux oiseaux. Douze d’entre eux sont des espèces déterminantes : le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), le Milan royal (Milvus milvus), la Grande Aigrette (Ardea alba), le Héron pourpré (Ardea purpurea), le Crabier chevelu (Ardeola ralloides), l'Avocette élégante (Recurvirostra avosetta), le Grèbe à cou noir (Podiceps nigricollis), l’Hirondelle rousseline (Cecropis daurica), le Moineau soulcie (Petronia petronia), la Mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus), la Sterne pierregarin (Sterna hirundo), le Chevalier gambette (Tringa totanus). Ces espèces sont accompagnées d’un grand nombre d’oiseaux remarquables : Faucon hobereau (Falco subbuteo), Autour des palombes (Accipiter gentilis), Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), Busard des roseaux (Circus aeruginosus), Vanneau huppé (Vanellus vanellus), Aigrette garzette (Egretta garzetta), Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax), Chevalier guignette (Actitis hypoleucos), Échasse blanche (Himantopus himantopus), Petit Gravelot (Charadrius dubius), Bécassine des marais (Gallinago gallinago), Fuligule milouin (Aythya ferina), Fuligule morillon (Aythya fuligula), Grèbe huppé (Podiceps cristatus), Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), Pipit rousseline (Anthus campestris), Rousserole verderolle (Acrocephalus palustris), Gobe mouche gris (Muscicapa striata), Pic épeichette (Dendrocopos minor), Huppe fasciée (Upupa epops), Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Bruants fou (Emberiza cia), ortolan (Emberiza hortulana), proyer (Emberiza calandra) et des roseaux (Emberiza schoeniclus), Fauvette grisette (Sylvia communis), Alouette lulu (Lullula arborea), Tarin des aulnes (Carduelis spinus), Locustelle tachetée (Locustella naevia), Hirondelle de rivage (Riparia riparia), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis).

L’herpétofaune locale est représentée par le Sonneur à ventre jaune (Bombina variegata), espèce déterminante en nette régression, devenue aujourd’hui assez rare et localisée, le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), espèce remarquable encore relativement fréquente de nos jours, et le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce remarquable, d’affinité méditerranéenne et en limite d'aire de répartition et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Deux espèces de poisson d’eau douce remarquables sont aussi répertoriés : le Toxostome (Parachondrostoma toxostoma) et le Blageon (Telestes souffia).

Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par l’Agrion bleuissant (Coenagrion caerulescens), espèce méditerranéenne déterminante liée aux eaux courantes claires et ensoleillées, globalement rare, localisée et menacée en France, le Sympétrum du Piémont (Sympetrum pedemontanum), espèce remarquable d'odonates Libellulidés des canaux et cours d'eau intermittents, peu commune en France et dont le bassin de la Durance représente un bastion et l’Hermite (Chazara briseis), lépidoptère Nymphalidés Satyrinés en forte régression, lié aux milieux très ouverts et secs où croissent ses plantes hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes).

Il faut mentionner également le Copépode Acanthodiaptomus denticornis, espèce relicte glaciaire de Crustacés remarquable, répandue en Eurasie et au Canada, connue de seulement trois stations en région Provence Alpes Côte d’Azur.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 n’englobe pas de ZNIEFF de type 1.

 

Commentaires sur la délimitation

Ce vaste site intéresse le plan d’eau du lac de Serre-Ponçon et ses limites sont calées en majorité au niveau des berges, au contact terre eau (niveau d’eau le plus haut), excepté sur deux secteurs où sont associés des espaces terrestres connexes. C’est le cas à l’extrémité est du site, où un espace semi bocager de prairies humides est inclus, ainsi que sur les rives qui bordent au nord la partie ouest du lac et où la délimitation englobe les proches versants boisés.