ZNIEFF 930020034
FORÊT DOMANIALE DE GRAND VALLON - BOIS DE LA COMBE - LA MONTAGNE - TÊTE DES MONGES - BOIS D'AUBERT - BOIS DE LA VIÈRE

(n° régional : 04106100)

Commentaires généraux

Description
Etabli dans la partie nord-ouest du département des Alpes-de-Haute-Provence, sur les communes de Curbans, Faucon du Caire, Melve, La Motte, Nibles, Sigoyer, Vaumeilh, Le Caire et Claret, ce site jouxte la Durance sur sa bordure nord-ouest.
Il correspond principalement à la Forêt Domaniale du Grand Vallon située en ubac de La Montagne et au petit massif de la Tête des Monges au sud.
La géologie du site est particulièrement complexe et concerne trois unités tectoniques sédimentaires principales, associant des molasses gréseuses rouges du Tertiaire, des marnes du Jurassique moyen (Secondaire), des calcaires en gros bancs du Barrémien Bédoulien, des calcaires marneux de l’Hauterivien, des marnes noires de l’Aptien Albien. Ces roches diverses sont en partie recouvertes de terrains récents comprenant des dépôts glaciaires et moraines du Würm, des éboulis anciens et des éboulis de glissement.
Positionnée dans la zone biogéographique des Préalpes de Haute Provence, le site est soumis à un climat de moyenne montagne aux nettes influences supra méditerranéennes.
Etendu entre 900 m et 1 561 m, à Malaup, il est inclus dans les étages de végétation montagnard et supra méditerranéen.
La végétation est composée en proportions équivalentes de formations forestières représentées par la chênaie pubescente, la pinède sylvestre et la hêtraie mésophile, et de formations ouvertes de pelouses, de garrigues et de landes plus ou moins rocailleuses, d’éboulis et localement de formations hygrophiles.

Milieux remarquables
Trois habitats déterminants sont présents : les hêtraies et hêtraies sapinières neutrophiles méridionales des Alpes du sud à Trochiscanthe à fleurs nues (Trochiscanthes nodiflora) [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho fagetum (41.17)], les boisements de feuillus mixtes des pentes et ravins ombragés et frais sur éboulis [all. phyto. Tilion platyphylli (41.4)] et les matorrals arborescents à Genévrier thurifère (Juniperus thurifera) [Assoc. phyto. Amelanchiero ovalis Juniperetum thuriferae (32 136)].
Quatre autres habitats remarquables sont présents avec les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)], les prairies mésophiles de fauche, de plaine et de moyenne altitude, à Fromental (Arrhenatherum elatius) [all. phyto. Arrhenatherion elatioris (38.22)], les hêtraies et hêtraies pinèdes sèches sur calcaire [sous all. phyto. Cephalanthero rubrae fagenion sylvaticae (41.16)] et les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)].
Ce site compte en outre deux autres habitats d’intérêt patrimonial marqué : les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)] et les prairies humides oligotrophes à Molinie bleutée (Molinia caerulea) [all. phyto. Molinion caeruleae (37.3)].
Parmi les habitats représentatifs ou typiques figurent également : les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)], les garrigues supra méditerranéennes à Thym (Thymus vulgaris) [all. phyto. Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis (32.63)], les landes supra méditerranéennes et oro méditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliae Genistion cinereae (32.61 et 32.62)], les boisements thermophiles et supra méditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) [all. phyto. Quercion pubescenti sessiliflorae (41.711)] et les pinèdes sylvestres sèches supra méditerranéennes [all. phyto. Cephalanthero rubrae Pinion sylvestris (42.59)].

Flore
Le site comprend huit espèces végétales déterminantes, dont trois sont protégées au niveau national : l’Inule variable (Inula bifrons), composée à fleurs jaunes des lisières et broussailles sèches, l’Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest, et la Pivoine officinale (Paeonia officinalis subsp. huthii), plante spectaculaire des bois clairs, lisières et landes. Trois autres espèces végétales sont protégées au niveau régional : le Cotonéaster du Dauphiné (Cotoneaster delphinensis), la Fraxinelle blanche (Dictamnus albus), belle rutacée des lisières et broussailles sèches, et la Dauphinelle fendue (Delphinium fissum), rare renonculacée des rocailles et éboulis xériques. La Potentille inclinée (Potentilla inclinata) et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius) sont les autres espèces déterminantes connues du site.
Par ailleurs, le site comporte deux espèces végétales remarquables : le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia) et l’Euphorbe de Canut (Euphorbia hyberna subsp. canutii), qui atteint sur ce site la limite occidentale de son aire de distribution.

Faune
Ce site est doté d’un patrimoine faunistique d’un intérêt biologique élevé, puisqu’il renferme trente-quatre espèces animales patrimoniales, dont six sont déterminantes.
Parmi les Mammifères d’intérêt patrimonial, il convient de citer notamment la remarquable Genette (Genetta genetta) ainsi quele cortège de chiroptères représenté par trois espèces remarquables : le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière relativement fréquente et le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude. Les représentants les plus remarquables de l’avifaune nicheuse locale correspondent aux espèces suivantes : Aigle royal (Aquila chrysaetos), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), Faucon pèlerin (Falco peregrinus), Caille des blés (Coturnix coturnix), Chouette chevêche ou Chevêche d’Athéna (Athene noctua), Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), Petit duc scops (Otus scops), Huppe fasciée (Upupa epops), Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Pic noir (Dryocopus martius), Fauvette orphée (Sylvia hortensis), Fauvette grisette (Sylvia communis), Alouette lulu (Lullula arborea), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce déterminante paléoxérique, d’affinité méridionale, en forte régression depuis plusieurs décennies, Bruant fou (Emberiza cia), Bruant ortolan (Emberiza hortulana), Bruant proyer (Miliaria calandra).
Les reptiles sont représentés par le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce déterminante des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne.
Concernant les invertébrés d’intérêt patrimonial, mentionnons la présence de deux espèces remarquables d’orthoptères : le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce d’affinité eurosibérienne, en régression en dehors des Alpes, qui colonise les surfaces marécageuses, surtout aux étages montagnards et subalpins et le Sténobothre occitan (Stenobothrus festivus), espèce d’affinité ouest méditerranéenne, qui recherche les pelouses steppiques.
Les peuplements de lépidoptères patrimoniaux sont représentés par l’Isabelle (Actias isabellae), espèce déterminante de lépidoptère, protégée au niveau européen, de répartition ouest méditerranéenne morcelée (en France : Alpes du sud et Pyrénées orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre des versants abrités entre 600 et 1700 mètres d’altitude, le Sphinx de l’argousier (Hyles hippophae), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d’affinité méditerranéo asiatique, strictement liée par sa chenille aux peuplements d’argousier, sur les berges des cours d’eau et ravins marneux et le Moiré provençal (Erebia epistygne), espèce méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à Fétuque cendrée Festuca cinerea.
Elle sont accompagnées par l’Ecaille deuil (Epatolmis luctifera), espèce remarquable d’affinité eurasiatique, protégée en France, qui affectionne les garrigues, bois clairs et prairies, dont la chenille se nourrit de diverses plantes basses, la Laineuse du prunellier (Eriogaster catax), espèce européenne remarquable, de la famille des bombyx (Lasiocampidés), protégée au niveau européen, globalement rare, sensible aux pesticides, inféodée à divers habitats pré forestiers tels que les lisières forestières, bocages et friches, la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéeo asiatique protégée au niveau européen, localement inféodée à Aristolochia pistolochia et parfois Aristolochia pallida, dans les chênaies claires et pentes rocailleuses bien exposées jusqu’à 1300 m d’altitude, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce remarquable d’affinité ouest méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1100 m d’altitude, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, les pelouses et les friches sèches à serpolets jusqu’à 2400 m d’altitude, et l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce remarquable et protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki).
Les mollusques sont représentés par trois espèces liées aux zones humides, une déterminante, Vertigo angustior, espèce eurasiatique vulnérable, inféodée aux habitats humides ouverts, et deux remarquables, Pupilla alpicola et Columella columella, espèces reliques glaciaires vivant toutes deux dans les zones humides calcaires d'altitude.
Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 2 englobe la ZNIEFF de type 1 suivante : «04_106_141   Forêt Domaniale de Grand Vallon   la montagne   Malaup   le Colombier».

Commentaires sur la délimitation

Le site coiffe deux petits massifs de moyenne montagne, reliés par un cordon de crêtes à altitude plus basse. Si les motivations de la délimitation de cette ZNIEFF sont avant tout d’ordre fonctionnel, de façon à inclure des habitats et populations d’espèces à forte valeur patrimoniale, le positionnement de ses limites est établi au mieux sur des repères visuels marqués et sur des éléments topographiques ou géographiques importants : ruptures de pentes, talwegs, crêtes secondaires, réseau routier local, dessertes, lisières, etc.
Les importantes zones d’arboriculture ainsi que le parc photovoltaïque de Curbans ont été exclus du périmètre.