Description
Localisé dans la partie nord ouest du département des Alpes de Haute Provence, dans la petite région naturelle du Gapençais, le site est établi sur la commune de la Motte du Caire, au sud est du chef lieu, en rive gauche du torrent du Grand Vallon. Il correspond au versant ouest de la crête de la Blachère et du Rocher Roux, secteurs de moyenne montagne.
Le substrat géologique du site est constitué principalement de marnes noires du Jurassique moyen, associant les marnes du Callovien moyen et supérieur, les marnes à bancs calcaires pourpres de l’Oxfordien inférieur et moyen et les marnes calcaires de l’Oxfordien moyen. Des éboulis à gros blocs d’écroulement récent d’âge Quaternaire recouvrent en partie ces terrains sédimentaires.
Positionné dans la zone biogéographique des Alpes externes méridionales de Haute Provence, le site est soumis à un climat supra méditerranéen teinté d’influences continentales.
Se développant approximativement entre 650 m et 1 282 m, à la Blachère, le site est inclus dans les étages de végétation montagnard, dans les situations froides, et supra méditerranéen dans les situations chaudes.La végétation est essentiellement forestière associant des chênaies pubescentes, des hêtraies sèches et des hêtraies à Trochiscanthe à fleurs nues (Trochicanthes nodiflora). Sur les fortes pentes à substrat instable soumis à une forte érosion, les formations ouvertes de pelouses (Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis et Xerobromion erecti), de garrigues et de landes à Genêt cendré (Genista cinerea) et d’éboulis, occupent des surfaces importantes.
Milieux naturelsQuatre habitats déterminants sont présents : les formations végétales des rochers et falaises calcaires ensoleillées liguro apennines à Saxifrage à feuilles en languettes (Saxifraga lantoscana) [all. phyto. Saxifragion lingulatae (62.13)], les hêtraies et hêtraies-sapinières neutrophiles méridionales des Alpes du sud à Trochiscanthe à fleurs nues (Trochiscanthes nodiflora) [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho-Fagetum (41.17)], les boisements de feuillus mixtes des pentes et ravins ombragés et frais sur éboulis [all. phyto. Tilion platyphylli (41.4)] et les matorrals arborescents à Genévrier thurifère (Juniperus thurifera) [Assoc. phyto. Amelanchiero ovalis-Juniperetum thuriferae (32136)]. Mais le milieu de plus fort intérêt patrimonial du site est constitué par un vallon humide de marnes noires, parcouru de ruissellements intermittents (24.16), au cortège floristique particulièrement remarquable : l’Ephédra de Négri (Ephedra distachya subsp. helvetica) et le Cynoglosse de Dioscoride (Cynoglossum dioscoridis).
Parmi les autres habitats remarquables présents figurent en particulier : les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae-Cystopteridion fragilis (62.15)], milieu atypique sur le site.
Les autres habitats typiques ou représentatifs du site comprennent : les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)], les garrigues supraméditerranéennes à Thym (Thymus vulgaris) [all. phyto. Helianthemo italici-Aphyllanthion monspeliensis (32.63)], les landes supraméditerranéennes et oroméditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliaeGenistion cinereae (32.61 et 32.62)], les boisements thermophiles et supraméditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) [all. phyto. Quercion pubescenti-sessiliflorae (41.711)] et les pinèdes sylvestres sèches supraméditerranéennes [all. phyto. Cephalanthero rubrae-Pinion sylvestris (42.59)].
FloreLe site comprend six espèces déterminantes dont une protégée au niveau national : l'Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest. Deux autres sont protégées en ProvenceAlpesCôte d’Azur : l'Ephèdre de Négri Ephedra distachya subsp. helvetica), rarissime plante archaïque des rochers calcaromarneux très xériques, et la Dauphinelle fendue (Delphinium fissum), rare renonculacée des rocailles et éboulis xériques. Les autres espèces déterminantes de ce site sont : le Cynoglosse de Dioscoride (Cynoglossum dioscoridis), la Gesse blanchâtre (Lathyrus pannonicus ) et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius).
Par ailleurs, il abrite une seule espèce remarquable : le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia).
FauneCe site abrite 12 espèces d’intérêt patrimonial, dont deux sont déterminantes.
Les oiseaux sont représentés par cinq espèces. Certaines sont liées aux milieux forestiers comme que le Petit duc scops (Otus scops), petit rapace nocturne se reproduisant dans les cavités des arbres ou des vieux murs, la Fauvette orphée (Sylvia hortensis) espèce d’affinité méridionale et liée aux milieux arborés clairs, et d’autres aux milieux plus ouverts comme le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), Picidés évoluant dans des milieux semi-ouverts (bocages, prairies, pelouses sèches, lisières forestières etc.) avec une strate arbustive et de vieux arbres à cavités dans lesquels il niche, la Caille des blés (Coturnix coturnix), oiseaux fréquentant les prairies naturelles et artificielles, les pelouses alpines, les champs de céréales ou les parties sèches du bord des marais et menacé par la mécanisation de l'agriculture et les aléas climatiques, et la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle.
Du côté des lépidoptères notons la présence de deux espèces de papillons de jour : la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo-asiatique, protégée au niveau européen, ici inféodée à Aristolochia pistolochia et la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce d’affinité ouest-méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit également sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1 100 m d’altitude.
Un orthoptère a également été inventorié, le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce cavernicole endémique franco-italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides.Enfin, quatre espèces de mollusques ont été observées dans cette zone, le Maillot de Caziot (Chondrina megacheilos), espèce déterminante, protégée en France, très localisée des Alpes méridionales françaises (Alpes-de-Haute Provence et Alpes-Maritimes), entre 1 000 et 1 500 m d’altitude, le Maillot des hêtraies (Pagodulina subdola), escargot déterminant, distribué sur la bordure sud des Alpes centrales, présent en France seulement dans les départements alpins de la région PACA où il fréquente les forêts de feuillus calcaires relativement humides, la Fausse-veloutée des vallées (Urticicola glabellus), escargot remarquable à répartition limitée cantonné au sud-est de France, de la Savoie aux Alpes-Maritimes et la cristalline commune (Vitrea crystallina), espèce remarquable de la famille des Pristilomatidae, présente dans toute l'Europe et inféodée aux forêts humides, se cachant dans la litière et sous les pierres.
Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFFCette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2, 930020036 - « Massif à l'est de la Motte du Caire la Blachère rocher Roux Jalinier le Sapet ».
La pression pastorale, qui tend actuellement à diminuer, conduit l’installation d’une végétation ligneuse dans les pelouses sèches. Ces formations arbustives et sous arbustives comprennent des landes et des fourrés, précurseur de l’installation de boisements de Pin sylvestre (Pinus sylvestris). Ce stade végétal ultime présente quelques inconvénients : risques d'incendies accrus, banalisation du paysage, diminution de la biodiversité, réduction des espaces pastoraux et de leur valeur.
La préservation des habitats et des espèces végétales les plus remarquables, comme l’Ephedra de negri, est directement lié à la persistance des cycles d’érosion dans les marnes noires, qui procure un habitat dénudé à ces plantes pionnières supportant difficilement la concurrence des autres espèces végétales dans les milieux plus fermés.
Le site correspond pour l’essentiel au versant ouest d’un massif de moyenne montagne. Il englobe des habitats et populations d’espèces végétales à forte valeur patrimoniale. Ses limites qui sont avant tout fonctionnelles, de façon à inclure les éléments patrimoniaux, s’appuient cependant sur les éléments topographiques et géographiques les plus importants : ruptures de pentes, lignes de crêtes, talweg, dessertes locales…