ZNIEFF 930020040
MASSIF DE CHABANON - TÊTE GROSSE - MONTAGNE DE VAL HAUT - LE MARZENC - FORÊT DOMANIALE DES GORGES DU SASSE - LE RASCLE - LE BOIS NOIR

(n° regional: 04111100)

General comments

Description

Etabli dans la partie nord-ouest du département des Alpes de Haute Provence, au sud-est de la petite ville de Tallard, le site englobe le massif de Chabanon   Tête Grosse et les crêtes voisines qui délimitent la partie haute du bassin versant du torrent du Sasse.

Le substrat géologique du site est principalement constitué de terrains sédimentaires du Jurassique comprenant des calcaires, marno calcaires et marnes du Bathonien à l’Hettangien. Sur les contreforts nord du site, ces terrains sont largement recouverts de dépôts glaciaires würmiens accompagnés d’alluvions et de cailloutis fluvio glaciaires post würmiens. Des surfaces d’éboulis assez importantes occupent les pentes fortes à proximité des crêtes.

Positionné dans la zone biogéographique des Alpes intermédiaires méridionales de Haute Provence, le site est soumis à un climat montagnard de type continental aux nettes influences supra méditerranéennes.

Etendu entre 850 m et 2050 m d'altitude, le site s'inscrit dans les étages de végétation supra méditerranéen supérieur, montagnard et subalpin.

Sa végétation associe des espaces ouverts et semi ouverts de pelouses, prairies sèches, landes et fruticées et des formations forestières comprenant des chênaies pubescentes, des pinèdes sylvestres, des reboisements de Pin noir (Pinus nigra) et de Mélèze (Larix decidua) et des hêtraies mésophiles. Localement quelques pessières sont à remarquer. Des formations végétales liées aux milieux rocheux de falaises et d’éboulis sont également présentes.

Milieux naturels

Le site compte trois habitats déterminants : les hêtraies neutrophiles méridionales des Alpes du sud à Trochiscanthe à fleurs nues (Trochiscanthes nodiflorus) [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho fagetum (41.17)], les éboulis calcaires fins d’altitude représentés par des formations à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Berardietum lanuginosi (61.2322)], et les éboulis calcaires fins thermophiles à Ibéris de Decandolle (Iberis nana) [assoc. phyto. Iberidetum candolleanae (61.22)] habitats de très grand intérêt botanique et caractérisé par une flore riche en plantes endémiques des Alpes sud occidentales.

Six autres habitats remarquables sont également présents avec les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)], les éboulis calcaires alpins, à éléments moyens, à Tabouret à feuilles rondes (Noccaea rotundifolia) [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.22)], qui, à l’instar des éboulis à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) possèdent de nombreuses espèces endémiques des Alpes sud occidentales, les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les pelouses écorchées à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) des Alpes du sud [sous all. phyto. Ononido cristatae Helictotrichenion sempervirentis (36.432)], dont certaines sont caractérisées par la présence de l’Avoine des Apennins (Avenula versicolor subsp. praetutiana), les pessières subalpines des Alpes [all. phyto. Piceion excelsae (42.21)] et les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)].

Parmi les autres habitats d’intérêt patrimonial marqué, typiques ou représentatifs, le site compte les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)].

Par ailleurs, les formations arbustives et sous arbustives, généralement associées à la dynamique succédant aux pelouses et prairies, comprennent un certain nombre d’habitats remarquables ou représentatifs parmi lesquels figurent : les garrigues supra méditerranéennes à Thym (Thymus vulgaris) [all. phyto. Helianthemo italici Aphyllanthion monspeliensis (32.63)], les landes supra méditerranéennes et oro méditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliae Genistion cinereae (32.61 et 32.62)], ainsi que les fruticées d’arbustes divers [all. phyto. Berberidion vulgaris (31.81)].

Flore

Le site comprend quatorze espèces végétales déterminantes, dont six sont protégées au niveau national : la Berce naine (Heracleum pumilum), petite ombellifère des éboulis calcaires alpins et subalpins, endémique delphino provençale, le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée à floraison spectaculaire typique des hêtraies sèches et hêtraies pinèdes sylvestres, l’Epipogon sans feuilles (Epipogium aphyllum), rare orchidée forestière des boisements montagnards denses et ombragés, l’Inule variable (Inula bifrons), composée à fleurs jaunes des lisières et broussailles sèches, la Corbeille d'Argent de De Candolle (Iberis nana), crucifère endémique delphino provençale des éboulis calcaires d’altitude des Alpes sud occidentales, et l’Ancolie de Bertoloni (Aquilegia reuteri), superbe renonculacée endémique des Alpes du Sud-Ouest. Cinq autres espèces végétales déterminantes sont protégées au niveau régional : la Biscutelle à tiges courtes (Biscutella brevicaulis), crucifère des éboulis et rocailles calcaires, la Lunaire vivace (Lunaria rediviva), crucifère généralement inféodée aux boisements frais de ravins des étages collinéen supérieur et montagnard, particulièrement rare dans cette région, l’Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), inféodé aux zones humides, le Cyclamen d'Europe (Cyclamen purpurascens) et le Cotonéaster du Dauphiné (Cotoneaster delphinensis).

L'Aconit de Burnat (Aconitum napellus subsp. burnatii), l’Oeillet de Séguier (Dianthus seguieri subsp. seguieri) et l’Avoine des Abruzzes (Helictochloa subsp. praetutiana), graminée franco italienne des pelouses calcaires d’altitude, distribuée dans les montagnes du sud de l’Italie et dans les Alpes du Sud, récemment découverte en France, sont les autres espèces déterminantes connues.

Par ailleurs, figure une espèce végétale remarquable protégée au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins.

Faune

Ce site est doté d’un patrimoine faunistique relativement intéressant, car celui-ci est constitué de 32 espèces animales patrimoniales, dont huit sont déterminantes.

Les mammifères sont essentiellement représentés par les chauves-souris, à savoir la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), espèce forestière déterminante, vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid contactée en période estivale, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) espèce déterminante et menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable et menacée, qui se reproduit sur site, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri) observée en période de transit mais aussi contactée en période d’essaimage, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce essentiellement localisée en méditerranée est contacté en période d’essaimage mais aussi de reproduction, le Murin de Brandt (Myotis brandtii), espèce forestière remarquable contactée généralement à plus de 1000 m d'altitude et le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce remarquable de haut vol, aux mœurs rupestres pour ses gîtes.

Les oiseaux nicheurs sont représentés par plusieurs espèces d’intérêt patrimonial. Trois d’entre elles sont déterminantes comme : le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), la Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum) espèce euro-sibérienne rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies) et le Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce paléoxérique d’affinité méridionale, en régression marquée depuis quelques décennies. Sept sont remarquables : le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), la Caille des blés (Coturnix coturnix), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, la Fauvette orphée (Sylvia hortensis), la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), le Bruant fou (Emberiza cia) et le Bruant ortolan (Emberiza hortulana).

Notons la présence d’une espèce de reptiles : la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Les insectes patrimoniaux sont principalement représentés par des lépidoptères et comprennent trois espèces déterminantes : l’Isabelle (Actias isabellae), espèce protégée au niveau européen, de répartition ouest méditerranéenne morcelée (en France : Alpes du sud et Pyrénées orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre des versants abrités entre 600 et 1700 mètres d’altitude, l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, peu abondante, d’affinité méditerranéo montagnarde et propre aux régions accidentées et ensoleillées jusqu’à 1700 m d’altitude, le Semi-apollon (Parnassius mnemosyne), protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude. Les autres espèces sont toutes remarquables : la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce d’affinité ouest méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1100 m d’altitude, la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéeo asiatique, protégée au niveau européen, localement inféodée à Aristolochia pistolochia et parfois Aristolochia pallida, dans les chênaies claires et pentes rocailleuses bien exposées jusqu’à 1300 m d’altitude, la Thécla du coudrier ou du prunier (Satyrium pruni), espèce de Lycénidés, d'affinité eurasiatique tempérée, rare et discrète, inféodée par sa chenille au prunellier (Prunus spinosa), l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, les pelouses et les friches sèches à serpolets jusqu’à 2400 m d’altitude, et l’Azuré du baguenaudier (Iolana iolas), espèce méditerranéenne très localisée, strictement inféodée à la présence de son unique plante hôte (Colutea arborescens) et le Grand sylvain (Limenitis populi), Nymphalidé typique des lisières et clairières à Trembles. Plusieurs espèces de coléoptères sont aussi mentionnées : le longicorne Etorufus pubescens, espèce remarquable saproxylique des forêts de pins d'altitude, présente en France seulement dans les Pyrénées et en PACA, et le Lamie berger (Iberodorcadion fuliginator meridionale), sous-espèce remarquable de Cerambycidae aptère dont les larves terricoles se nourrissent de racines de fétuques, endémique de Provence.

Chez les mollusques gastéropodes, signalons la présence de la Clausilie rugueuse (Clausilia rugosa reboudii), espèce remarquable de Clausilidés, endémique de la France méridionale.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 englobe la ZNIEFF de type 1 suivante : « Crêtes de Chabanon   tête Grosse   Sauvegréous ».

Comments on the delimitation

Le site intéresse un petit massif de moyenne montagne et ses crêtes connexes. Si les motivations de la délimitation de cette ZNIEFF sont avant tout d’ordre fonctionnel, de façon à inclure des habitats et populations d’espèces à forte valeur patrimoniale, le positionnement de ses limites est établi au mieux sur des repères visuels marqués et sur des éléments topographiques ou géographiques importants : ruptures de pentes, talwegs, crêtes secondaires, réseau routier local, dessertes, lisières, etc. Les secteurs de moindre intérêt ou plus fortement anthropisés sont exclus.