Description
Etabli dans le nord du département des Hautes Alpes, entre le Col du Lautaret, au nord ouest, et le hameau du Casset au sud est, le site est constitué par le fond de vallée de la Haute Guisane. Il borde l’extrémité nord est de la zone centrale du Parc National des Ecrins.
Le substrat géologique constitutif associe des formations glaciaires würmiennes souvent glissées, comme c’est le cas dans le secteur de la Madeleine, et des cônes de déjection torrentiels et d’avalanche. Le site se trouve à la charnière entre le massif siliceux du Combeynot (flysch gréseux, gneiss et granites), qui le borde au sud ouest, et le massif des Cerces Galibier composés de roches sédimentaires, au nord est.
Situé dans la zone biogéographique intra alpine, le site présente une topographie relativement peu marquée de fond de vallée, pour une dénivellation relativement faible de l’ordre de 400 m, entre 1520 m et 1930 m d’altitude, qui le localisent entièrement dans l’étage de végétation subalpin inférieur et moyen.
Les activités agro pastorales traditionnelles marquent encore fortement de leur empreinte les composantes du paysage végétal du site, où se côtoient prairies subalpines de fauche et de pâture organisées en terrasses, parcours pâturés, bocage montagnard de petits feuillus anciennement traités en têtard, espaces clos délimités par des clapiers issus d’un lent processus d’épierrage des parcelles.
Le réseau hydrographique bien développé associe de nombreux ruisseaux et petits torrents bordés de fourrés galeries discontinus, de saules et de petits arbres. Les faciès d’abandon de parcelles autrefois entretenues en permettant le développement de landes et fourrés arbustifs constituent un facteur de biodiversité supplémentaire.Milieux remarquables
Les pelouses steppiques sub continentales [all. phyto. Stipo capillatae Poion carniolicae (34.31)] constituent le seul habitat déterminant que compte le site. Ce milieu très fragmentaire, arrive ici en limite altitudinale extrème et son cortège floristique très affaibli s'enrichit d'espèces végétales thermo xérophiles subalpines.
Trois autres habitats remarquables sont également présents : les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)], ponctuellement les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)] et les fruticées d’arbustes divers [all. phyto. Berberidion vulgaris (31.81)], formations végétales associées à la dynamique succédant aux pelouses sèches.Flore
Le site abrite neuf espèces végétales déterminantes dont trois sont protégées au niveau national : le Lycopode des Alpes (Diphasiastrum alpinum), historiquement signalé et à rechercher, le Choin ferrugineux (Schoenus ferrugineus), également à retrouver, et la Potentille du Dauphiné (Potentilla delphinensis). Deux autres espèces sont protégées en Provence Alpes Côte d’Azur : l'Androsace septentrionalis (Androsace septentrionalis) et la Laîche fimbriée (Carex fimbriata), à rechercher sur les rochers. Les autres espèces déterminantes de ce site sont : le Cynoglosse de Dioscoride (Cynoglossum dioscoridis), l'Ail victoriale (Allium victorialis), le Cirse faux hélénium (Cirsium heterophyllum) et la Potentille inclinée (Potentilla inclinata).
Faune
Le site héberge un peuplement faunistique d’un intérêt élevé. Les inventaires naturalistes ont permis d’y dénombrer trente et une espèces animales patrimoniales, dont sept sont déterminantes.
Au rang des mammifères d’intérêt patrimonial, mentionnons la présence de trois espèces déterminantes : le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé de nette affinité montagnarde et d’intérêt communautaire, le Loup (Canis lupus), carnivore forestier aujourd’hui en expansion mais présent avec de faibles effectifs et le Mulot alpestre (Apodemus alpicola). Elles sont accompagnées de deux espèces remarquables : le Cerf élaphe (cervus elaphus), espèce dont la colonisation est récente et le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce emblématique des Alpes.
L’avifaune nicheuse d’intérêt patrimonial est quant à elle représentée par les espèces suivantes : le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus) et le Moineau soulcie (Petronia petronia), espèces déterminantes, l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), l'Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), la Bondrée apivore (Pernis apivorus), la Caille des blés (Coturnix coturnix), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, le Grand duc d’Europe (Bubo bubo), le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), le Pic noir (Dryocopus martius), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), le Monticole de roche (Monticola saxatilis), la Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce paléomontagnarde remarquable et relativement rare, recherchant les gorges et escarpements rocheux, la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), la Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, le Tarin des aulnes (Carduelis spinus), nicheur occasionnel dans le massif, le Venturon montagnard (Carduelis citrinella) et le Sizerin flammé (Carduelis flammea), nicheurs localisés des forêts d'altitude, le Bruant fou (Emberiza cia) et la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés.
Les invertébrés d’intérêt patrimonial sont représentés par la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce remarquable à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes (Biscutella laevigata et Sisymbrium ssp.) , le Semi Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante de Lépidoptères Papilionidés, protégée au niveau européen, à la répartition fragmentée et assez localisée, dont la chenille vit sur la Corydale solide (Corydalis solida), des clairières et lisières de bois, entre 500 et 2200 m d’altitude, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable et en régression de Lépidoptères Papilionidés, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 300 et 2500 m d’altitude, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), Lépidoptère Lycénidé Polyommatiné, remarquable, en régression, plutôt localisé, protégé au niveau européen, menacé par la destruction de son habitat (les bois clairs et ensoleillés, les prairies, les zones buissonneuses et les friches sèches à Serpolet jusqu’à 1800 m. d’altitude).
Chez les Myriapodes, citons enfin le Lithobie alpin (Bothropolys elongatus alpinus), espèce déterminante de Chilopodes appartenant à la famille des Lithobiidés, endémique des zones de montagne de la région Provence Alpes Côte d’Azur.Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.
Le site englobe des populations d’espèces végétales à forte valeur patrimoniale telles que l’Androsace septentrionale (Androsace septentrionalis), dont la répartition en fond de vallée est un élément important pour sa délimitation. Celles-ci s’appuient sur les repères paysagers les plus importants tels que lignes topographiques et éléments géographiques majeurs, lorsqu’il en existe.