Description
Localisé dans la partie nord est du département des Hautes Alpes, le site est établi sur le versant rive droite à l’entrée de la vallée de la Biaysse, au nord est de la commune de Guillestre, à proximité du village de Freissinières. Ce site est complètement inclus au sein de la zone périphérique du Parc National des Ecrins.
Le site est essentiellement composé des roches sédimentaires variées du Trias et du Lias appartenant à la zone briançonnaise : calcaires massifs, dolomies et schistes noirs. Des recouvrements d’éboulis quaternaires sont également présents et occupent des surfaces importantes.
Il se situe dans la zone biogéographique intra alpine, entre 1130 m et 1620 m d’altitude, aux étages de végétation montagnard et subalpin inférieur.
Ce site est constitué de deux parties bien distinctes. Sa partie sud comprend une forêt d’ubac à Mélèze (Larix decidua) et Pin cembrot (Pinus cembra), développée sur un versant raide et frais. Au nord et à l’est sur les replats du lit majeur du torrent de la Biaysse s’étend un très beau complexe de zones humides, essentiellement constitué de prairies et de mégaphorbiaies : les Sagnasses. La superficie relativement importante de ces zones humides est remarquable pour la zone briançonnaise et permet le développement d’une faune et d’une flore spécifique du plus haut intérêt.Milieux remarquables
Le complexe de milieux humides des Sagnasses est très intéressant par la variété des habitats qu’il offre à la faune et la flore. En effet, il comprend aussi bien des prairies humides eutrophes et oligotrophes [all. phyto. Molinion caeruleae (37.2 et 37.3)], que des mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)]. De plus, en bordure de la Biaysse, s’étendent des fourrés de saules pionniers des berges et alluvions torrentielles à Saule drapé (Salix elaeagnos) et Saule pourpre (Salix purpurea) [all. phyto. Salicion incanae (44.111 et 24.223)] et des formations végétales pionnières herbacées des alluvions torrentielles et bancs de graviers [all. phyto. Epilobion fleischeri (24.221)].
Le versant d’ubac présente pour sa part deux milieux d’intérêt patrimonial élevé avec des mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3), et associé en mélange, des formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] qui s’installant sur les calcaires massifs.Flore
Le site possède deux espèces végétales déterminantes : l'Epipogon sans feuilles (Epipogium aphyllum), rare orchidée forestière des boisements montagnards denses et ombragés, protégée au niveau national, et l'Orchis musc (Herminium monorchis).
Faune
Le site présente un patrimoine faunistique d’intérêt élevé avec 32 espèces animales patrimoniales, dont sept sont déterminantes.
Les mammifères locaux d’intérêt patrimonial comprennent quatre espèces de chauves souris, la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), espèce forestière déterminante, vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce déterminante et menacée, en régression dans la région, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude et la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable forestière relativement fréquente. Six autres espèces de mammifères occupent le site : le Loup (Canis lupus), espèce déterminante, dont le site est inclus dans une zone de présence permanente de l'espèce (ZPP), le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce emblématique du massif alpin, le Cerf élaphe (cervus elaphus), espèce remarquable dont la colonisation est récente et trois espèces de micro mammifères : le Mulot alpestre (Apodemus alpicola), la Musaraine du Valais (Sorex antinorii), deux espèces récemment identifiées grâce à la génétique et le Crocidure leucode (Crocidura leucodon), petite musaraigne adepte des faciès forestiers humides et dont la répartition reste à préciser.
Parmi les oiseaux nicheurs, soulignons la présence de diverses espèces patrimoniales: l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), le Bruant fou (Emberiza cia), la Bécasse des bois (Scolopax rusticola), l'Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), le Venturon montagnard (Carduelis citrinella), la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), le Pic noir (Dryocopus martius), le Petit duc scops (Otus scops) et le Grand duc d'Europe (Bubo bubo).
Du côté des reptiles, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches peut se rencontrer.
Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par de nombreuses espèces, souvent d’affinités médio européenne, euro sibérienne, alpine, boréo alpine ou arctico alpine. Ainsi, deux espèces de lépidoptères sont déterminantes : le Ptérophore Oxyptilus lantoscanus, micro lépidoptère de la famille des Ptérophoridés et l’Isabelle (Actias isabellae), espèce emblématique des Alpes du sud, protégée au niveau européen, de répartition ouest-méditerranéenne morcelée (en France : Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence et Pyrénées-Orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre des versants abrités entre 600 et 1800 mètres d’altitude. Elles sont accompagnées de plusieurs espèces remarquables : l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), Lycénidé en régression, plutôt localisé, protégé au niveau européen, menacé par la destruction de son habitat (les bois clairs et ensoleillés, les prairies, les zones buissonneuses et les friches sèches à Serpolet jusqu’à 1800 m. d’altitude, l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon rebeli), espèce protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce en régression de Papilionidés, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 400 et 2 500 m. d’altitude, le Grand Sylvain (Limenitis populi), espèce forestière de Nymphalidés Nymphalinés, d’affinité euro sibérienne, que l’on rencontre dans les clairières des forêts humides de feuillus jusqu’à 1700 m. d’altitude, dont la chenille se développe principalement sur le Tremble (Populus tremula).
Citons enfin la présence d'un coléoptère remarquable, le longicorne Etorufus pubescens, espèce remarquable saproxylique des forêts de pins d'altitude, présente en France seulement dans les Pyrénées et en PACA.
Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.
Les zones humides sont à mettre en relation avec les populations de Maculinea. C’est ce rôle d’habitats d’espèces végétales qui est particulièrement intéressant de souligner.
Le périmètre du site englobe un complexe fonctionnel hydrologique, associant des prairies humides et semi-humides et leur réseau hydrique proche, ainsi qu’un complexe forestier qui s’y juxtapose en partie inférieure de versant.