Description
Localisé dans la partie est du département des Hautes Alpes dans la région du Guillestrois, le site est établi en rive droite de la vallée de la Haute-Durance, entre le massif des Ecrins à l'ouest et le massif du Queyras à l'est.
Il s'étend sur un substrat d'éboulis et de moraines mélangés, où affleurent localement des gypses et des flyschs.
Localisé dans la zone biogéographique intra alpine dauphinoise, il est soumis à un climat montagnard de type continental marqué.
Etendu entre 880 m et 1050 m d'altitude, il est inclus dans l’étage de végétation montagnard.
Longé par la Durance dans sa partie basse et bordée par des pinèdes sylvestres dans sa partie haute, il est caractérisé par des pelouses d'affinités steppiques et par une grande concrétion de tuf formant une splendide vasque et un surplomb.Milieux remarquables
Trois habitats déterminants sont présents : il s’agit d’une résurgence d'eaux minéralisées créant d’une part un pré salé continental (15.41), l’une des très rares formations végétales de ce type en France intérieure, alors que ces milieux se rencontrent habituellement sur le littoral, et d’autre part se matérialisent en importantes et spectaculaires concrétions de tuf [all. phyto. Riccardio pinguis Eucladion verticillati (54.12)]. Le troisième habitat déterminant est composé par des pelouses steppiques sub continentales [all. phyto. Stipo capillatae Poion carniolicae (34.31)], milieu semi ouvert thermoxérophile d'une très grande valeur patrimoniale, qui apparaît de manière très caractéristique, avec l’ensemble de son cortège floristique, enrichi d'espèces végétales d'origine orientale et méditerranéenne.
Trois autres habitats remarquables sont présents : les pinèdes de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) [all. phyto. Ononido rotundifolii Pinion sylvestris (42.53) et Deschampsio flexuosae Pinion sylvestris (42.55)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].
Les prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)] constituent également sur le site un habitat de fort intérêt écologique.Flore
Le site abrite deux espèces déterminantes : l'Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), dans les milieux humides, protégée en Provence Alpes Côte d’Azur, et la Pulsatille des montagnes (Anemone montana), dans les pelouses sèches.Faune
Ce site dispose d’un patrimoine faunistique revêtant un intérêt biologique moyen où on y rencontre douze espèces animales patrimoniales, dont six sont déterminantes.
Les mammifères sont représentés par cinq espèces de chiroptères, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) espèce déterminante et menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, la Barbastelle d'Europe (Barbastella barbastellus), espèce forestière déterminante, vulnérable et en régression, d’affinité médio-européenne, très résistante au froid, le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii), espèce déterminante typiquement méditerranéenne et strictement cavernicole, la Pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii), espèce migratrice remarquable de passage et hivernante, se reproduisant dans le nord- est de l’Europe, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude. Les oiseaux nicheurs probables sur le site sont le Cincle plongeur (Cinclus cinclus) et le Bruant fou (Emberiza cia), deux espèces remarquables.
Quant aux insectes d’intérêt patrimonial, ils comprennent notamment au niveau local : l’Agrion bleuissant (Coenagrion caerulescens), espèce méditerranéenne déterminante liée aux eaux courantes claires et ensoleillées, globalement rare, localisée et menacée en France, l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce remarquable d’odonates Zygoptères Coenagrionidés protégée au niveau européen, d’affinité plutôt méridionale, assez localisée et peu fréquente, qui se rencontre dans les cours d’eau ensoleillés, à courant plus ou moins vif, sur substrat calcaire (fossés, petits ruisseaux, effluents de sources, marais envahis de joncs), l’Apollon (Parnassius apollo), espèce alpine remarquable et en régression de Lépidoptères Papilionidés, protégée au niveau européen, habitant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées des étages montagnard à alpin, entre 300 et 2500 m. d’altitude, le Moiré provençal (Erebia epistygne), espèce déterminante de Nymphalidés Satyrinés dont la répartition est étroitement limitée au sud-ouest de l’Europe et en France à quelques départements méridionaux, qui se rencontre dans les bois clairs, secs et rocailleux jusqu’à 1500m. d’altitude où vit la plante hôte de sa chenille (la Fétuque des moutons Festuca ovina), l’Isabelle de France (Actias isabellae), espèce déterminante de Lépidoptères Attacidés, endémique des Hautes Alpes et des Alpes de Haute Provence, protégée en France et au niveau européen, habitant les moyennes montagnes à climat sec de type méridional où elle colonise les pentes boisées en Pins sylvestres entre 600 et 1800 m d’altitude et le Sphinx de l'argousier (Hyles hippophaes), espèce déterminante de lépidoptère, protégée en Europe, inféodée aux ravines sèches, berges de cours d'eau peuplées d'Argousiers, rare et probablement en régression, dont le bassin de la Durance représente un bastion en France.Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.
De par sa position le long de la Durance, large vallée glaciaire, qui est une voie importante de pénétration à l’intérieur des Alpes, le site se trouve sur un flux migratoire nord sud.
Sa position géographique à la conjonction des influences orientales et montagnardes permet également la remontée d'espèces méditerranéennes.
Aux alentours de la résurgence, l'abandon des cultures ou de l’irrigation et de la fauche sur les anciennes terrasses agraires, conduit à l'installation de pelouses sèches propices à l’installation de zones de parcours ovins. La pression pastorale tendant actuellement à se réduire, la dynamique de végétation se poursuit par la colonisation d’une végétation ligneuse comprenant des landes et fourrés, précurseurs de la recolonisation forestière de ce versant par des bois de Pin sylvestre. Ce stade végétal ultime qui accroît les risques d'incendies et banalise le paysage, tend à se généraliser sur et à proximité du site.
La fréquentation touristique du site de la fontaine pétrifiante est importante et des aménagements sont en cours pour d'une part, en réduire les effets négatifs et d'autre part, la mettre en valeur.
Les limites du site englobent un ensemble ponctuel de surface réduite, caractérisé par une résurgence, et de ses abords immédiats comprenant un coteau de friches, pelouses et rocailles sèches. Elles tentent de se caler au mieux sur des repères topographiques et géographiques.