ZNIEFF 930020077
PLATEAU DES MONTAS ET DES FAÏSSES AU SUD-EST DU PUY DE MANSE - ZONES HUMIDES À L'EST DU CHAPEAU DE NAPOLÉON

(n° régional : 05100183)

Commentaires généraux

Description

Etabli dans la partie centre du département des Hautes Alpes dans la région du Gapençais, au nord est de la ville de Gap, ce petit site de 126 hectares est situé en amont de la commune de La Rochette, en contrebas du sommet du Puy de Manse (1 637 m). Ce site constitue un superbe balcon pour admirer le panorama offert par les montagnes des Alpes du Sud.
Les formations glaciaires d’âge Quaternaire, composées des moraines würmiennes, à argiles, cailloutis et blocs, surmontant les fameuses Terres noires ou marnes de l’Oxfordien, composent l’essentiel du substrat géologique.
Il bénéficie d’influences climatiques continentales marquées de la zone biogéographique intra alpine, et d’influences méditerranéennes.
Réparti entre 1 333 m et 1 427 m d’altitude, il est compris dans l’étage de végétation montagnard.
Le paysage de ce territoire rural, encore bien marqué par l’agriculture, est composé par un réseau bocager assez bien conservé, alternant avec des prairies de fauche, des cultures et des prairies pâturées. Au sein de cet ensemble se remarque un très beau complexe de zones humides.

Milieux remarquables

L’ensemble des formations végétales liées aux zones humides présentes sur le site forme un complexe très intéressant pour permettre l’épanouissement d’une flore caractéristique, peu commune dans le département des Hautes-Alpes. Trois groupements végétaux de milieux aquatiques ressortent en priorité :  les bas-marais alcalins à Choin ferrugineux (Schoenus ferrugineus) [all. phyto. Caricion davallianae (54.221)] et à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.221)] et la végétation aquatique, flottante ou submergée, liée aux eaux mésotrophes (22.4). Il faut néanmoins préciser que l’état de conservation de ces habitats n’est pas bon en lien avec un piétinement important et une forte eutrophisation causés par le pâturage bovin et le dépôt de foin et de fumier.

Les formations végétales herbacées hautes comme les prairies humides oligotrophes [all. phyto. Molinion caeruleae (37.3)] et les prairies humides hautes à Reine des près (Filipendula ulmaria) et formations végétales associées [all. phyto. Thalictro flavi-Filipendulion ulmariae (37.1)] constituent également des habitats importants du site. De plus apparaissent disséminées sur le site de belles magnocariçaies de Laîche élevée (Carex elata) [all. phyto. Magnocaricion elatae (53.21)] des roselières à Roseau phragmite (Phragmites australis) [all. phyto. Phragmition communis (53.1)] et des formations à hautes herbes des franges humides mésonitrophiles à Liseron des haies (Convolvulus sepium) [all. phyto. Convolvulion sepium (37.7)].

Enfin il faut mentionner l’existence de formations végétales de sources (54.1)], groupements végétaux ponctuels à forte valeur patrimoniale.

Flore

Le site comprend sept espèces végétales déterminantes dont deux protégées au niveau national : le Dracocéphale de ruysch (Dracocephalum ruyschiana) et le Choin ferrugineux (Schoenus ferrugineus), et une protégée en Provence-Alpes-Côte d’Azur : la Potentille blanche (Potentilla alba). Les autres espèces déterminantes de ce site sont : l'Orchis musc (Herminium monorchis), la Gesse blanchâtre (Lathyrus pannonicus), le Saule à feuilles étroites (Salix repens) et le Pigamon simple (Thalictrum simplex).

Faune

Vingt-quatre espèces animales d’intérêt patrimonial, dont quatre déterminantes, ont été inventoriées sur le site.

Il s’agit, pour les oiseaux nicheurs ou probablement nicheurs, du Busard cendré (Circus pygargus), rapace déterminant d’affinité steppique méditerranéenne, des milieux ouverts à végétation herbacée plutôt dense et recouvrante, et de douze espèces remarquables : le Circaète Jean le Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale au régime alimentaire ophiophage, la Bondrée apivore (Pernis apivorus), rapace forestier d’affinité médioeuropéenne, recherchant les forêts claires de feuillus et les mosaïques de milieux boisés et de milieux ouverts, l’Alouette lulu (Lullula arborea) et la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), espèces de milieux ouverts et semi ouverts, le Bruant ortolan (Emberiza hortulana) et le Bruant proyer (Emberiza calandra), oiseaux des milieux à faible végétation en déclin dans la région, la Fauvette grisette (Sylvia communis), espèce de milieux ouverts buissonnants, actuellement en régression, le Monticole de roche (Monticola saxatilis), qui affectionne les éboulis et les affleurements rocheux bien exposés des étages montagnard et subalpin, entre 1 200 et 2 500 m d'altitude, la Huppe fasciée (Upupa epops), espèce de milieux semi-ouverts d’affinité méridionale, le Petit Duc (Otus scops), petit rapace nocturne se reproduisant dans les cavités des arbres ou des vieux murs, la Caille des blés (Coturnix coturnix), fréquentant les prairies naturelles et artificielles, les pelouses alpines, les champs de céréales ou les parties sèches du bord des marais et menacé par la mécanisation de l'agriculture et les aléas climatiques, et enfin le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), qui évolue dans des milieux semi-ouverts (bocages, prairies, pelouses sèches, lisières forestières etc.) avec une strate arbustive et de vieux arbres à cavités dans lesquels il niche.

Les amphibiens sont représentés par le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), espèce remarquable ouest-européenne d'affinité méridionale.

Le peuplement entomologique comprend une variété d’espèces liées aux zones humides, aux prairies mésophiles ou aux pelouses sèches, reflétant la diversité d’habitats du site.

Parmi les lépidoptères, signalons tout d’abord l'Azuré de la sanguisorbe (Phengaris teleius), espèce déterminante rare et en régression, protégée au niveau européen, strictement inféodée aux prairies humides et bordures marécageuses peuplées par sa plante hôte la Sanguisorbe officinale et ses fourmis hôtes du genre Myrmica (notamment Myrmica scabrinodis). Trois espèces remarquables sont également présentes : l’Azuré de la croisette (Phengaris alcon), papillon protégé en France, lié aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (la Gentiane croisette, Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), l'Échiquier de Russie (Melanargia russiae), espèce d'affinité steppique, localisée et dont la sous-espèce cleanthe est endémique des montagnes du nord de l'Espagne et des Alpes du sud, ainsi que l’Hermite (Chazara briseis), espèce en forte régression, liée aux milieux très ouverts, secs et rocailleux où croissent ses plantes-hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes).

Les orthoptères d’intérêt patrimonial comprennent le Barbitiste à bouclier (Polysarcus scutatus), sauterelle déterminante très localisée et aux populations dispersées, sensible au surpâturage, qui affectionne les prairies et pelouses en montagne, et le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce remarquable d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses.

Un coléoptère remarquable est également présent, le Lamie berger (Iberodorcadion fuliginator meridionale), sous-espèce de Cerambycidae aptère dont les larves terricoles se nourrissent de racines de fétuques, endémique de Provence.

Enfin, les gastéropodes présents sur le site comprennent une espèce déterminante, le Vertigo étroit (Vertigo angustior), escargot eurasiatique vulnérable à l’échelle européenne, inféodé aux habitats humides ouverts, et deux espèces remarquables, le Maillot des Alpes (Pupilla alpicola), distribué dans les Alpes, les Carpates et l’Altaï, relique glaciaire et vivant dans les zones humides calcaires d'altitude, et la Physe élancée (Aplexa hypnorum) inféodée aux milieux humides à eau stagnante, généralement riches en végétation aquatique.



Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.

Un des principaux enjeux pour ce site consiste en la conservation, voire la restauration des habitats d’espèces végétales liées aux zones humides. De plus il faut veiller à conserver la fonction de corridors biologique de l’ensemble du réseau de haies présent sur le site.

Commentaires sur la délimitation

L’existence du site résulte de la présence d’un complexe de zones humides et de leur espace interstitiel associé, comprenant prairies et bocages, établis au niveau d’un petit plateau. Cet espace est délimité en particulier par le réseau routier local et par des éléments topographiques ou géographiques notables, tels que les ruptures de pente brusques et les lisières forestières.