Description de la zone
Etabli dans la partie centre sud des Hautes-Alpes, à l’ouest d’Embrun, ce petit site de 129 hectares est établi dans le fond de la vallée de Réallon, de part et d’autre du torrent du même nom, en aval du village. Il comprend les lieux dits de Côte Garcine, la Mulatière, Champ Boudet et les Sagnes. L’utilisation humaine de cet espace est essentiellement agricole. Le secteur est entièrement englobé dans la zone périphérique du Parc National des Ecrins.
Le substrat géologique est principalement composé par des alluvions torrentielles, des formations gravitaires de versants (éboulis, cailloutis…), et par des restes d’anciennes formations glaciaires comme les moraines würmiennes.
Il se situe dans une zone de transition entre les influences climatiques des Alpes internes et celles des Alpes dauphinoises.
Réparti entre 1 220m et 1 460m d’altitude, il est compris dans les étages de végétation montagnard et subalpin inférieur.
La végétation du site comprend surtout un complexe de zones humides, marécages et prairies, accompagné de quelques haies et fourrés.
Flore et habitats naturelsLes milieux humides, habitats vulnérables par excellence et de ce fait très sensibles aux perturbations d’origine anthropique, sont particulièrement bien représentatifs du site avec les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (EUNIS D4.13)] en mosaïque avec des saulaies basses à Saule fétide [all. phyto. Salicion pentandrae (EUNIS F2.3211)], les prairies humides eutrophes et oligotrophes [all. phyto. Molinion caeruleae (EUNIS E3.511)] et les prairies humides hautes à Reine des près (Filipendula ulmaria) et formations végétales associées [all. phyto. Thalictro flavi Filipendulion ulmariae (UNIS E5.412)]. Mentionnons l’existence de formations végétales de sources (54.1), groupements végétaux ponctuels à forte valeur patrimoniale. Cette association de formations végétales des marécages, prairies humides abords de ruisseaux et de sources permet le développement d’une faune et d’une flore caractéristique, peu commune dans les Hautes-Alpes.
Les marécages de ce site abritent deux espèces végétales déterminantes protégées en Provence Alpes Côte d’Azur. Il s’agit de deux orchidées : la Gymnadenie odorante (Gymnadenia odoratissima), anciennement observée et à retrouver sur le site, et l'Orchis de Traunsteiner (Dactylorhiza traunsteineri). Les pelouses sèches de ce site comptent également la Pulsatille des montagnes (Pulsatilla montana), une espèce rare et essentiellement localisée au bassin de la Haute Durance en France.
FauneCe site abrite 17 espèces d’intérêt patrimonial, dont deux est déterminante.
Les mammifères sont représentés par le Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région PACA, présent jusqu’à 2 500 m.
Six espèces d'oiseaux remarquables (nicheurs, ou probablement nicheurs) ont été dénombrées sur ce site : le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale au régime alimentaire ophiophage, le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), espèce liée aux cours d’eau froids, propres et bien oxygénés, à courant plutôt vif, entre 100 et 2 400 m d’altitude, la Huppe fasciée (Upupa epops), espèce de milieux semi ouverts et d’affinité méridionale, la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle et le Pic noir (Dryocopus martius), oiseau des forêts de conifères assez âgées, entre 700 et 2 200 m d'altitude, d'où il dépend d'arbres de grande taille dans lesquels il peut creuser ses cavités de repos ou de nidification.
Est présente également la Truite commune (Salmo trutta fario), espèce remarquable de poisson se reproduisant dans les cours d'eau bien oxygénés des torrents de montagnes ou des rivières de plaines fraîches.
Deux espèces d’insectes remarquables se reproduisent dans cette ZNIEFF : l’Azuré de la croisette (Phengaris alcon), papillon protégé en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki) et le Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), orthoptère d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée aux prairies très humides et surfaces marécageuses.
Enfin, citons la présence de deux espèces déterminantes de mollusque, le Vertigo étroit (Vertigo angustior), escargot eurasiatique vulnérable à l’échelle européenne, inféodé aux habitats humides ouverts, le Fuseau interrompu (Fusulus interruptus), clausilie découverte récemment en France, connue que d'une station sur la commune d'Embrun. Sa distribution discontinue est composée de 3 noyeaux de populations, situées en Autriche, entre Italie et Slovénie puis en France. Elle fréquente les forêts mixtes sur substrat calcaire. Elles sont accompagnées de cinq espèces remarquables, Nesovitrea petronella, Vitrea crystallina, le Maillot des Alpes (Pupilla alpicola), gastéropode distribué dans les Alpes, les Carpates et l’Altaï, relique glaciaire et vivant dans les zones humides calcaires d'altitude, Quickella arenaria et la Columelle édentée (Columella edentula), Truncatillinidae peu commun et inféodé aux habitats humides à très humides.
Fonctionnalité lien avec ZNIEFFCette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.
Un des principaux enjeux pour ce site consiste en conservation, voire la restauration des habitats liés aux zones humides, afin de permettre le maintien des espèces végétales et animales qui y sont inféodées.
La présence d’un complexe de petites zones humides inscrites dans un espace interstitiel varié, comprenant prairies naturelles et corridors forestiers, définit la configuration d’un site dont les limites cherchent à s’appuyer sur les éléments topographiques et paysagers les plus marqués, en particulier le réseau routier et de dessertes.