ZNIEFF 930020081
BOCAGE ET MARAIS DE LA PLAINE DE CHORGES-MONTGARDIN - LES MARAIS - LA GRANDE ÎLE

(n° régional : 05100188)

Commentaires généraux

Description

Etabli dans la partie centre sud du département des Hautes Alpes, à l’est de la ville de Gap, ce petit site de 135 ha, est établi au niveau d’une plaine alluviale, entre les communes de Chorges et de Montgardin.
Le substrat géologique est composé principalement d’alluvions fluviatiles et d’épandages glaciaires du Quaternaire : alluvions actuelles ou récentes et alluvions anciennes principalement würmiennes. Sa partie sud présente un relief de collines aux pentes molles et arrondies composé des terres noires du Bajocien supérieur – Oxfordien inférieur et des calcaires silto argileux lités du Bajocien inférieur.
Situé en bordure de la zone biogéographique intra alpine, il bénéficie d’influences climatiques continentales marquées et d’influences méditerranéennes qui remontent à la faveur de la vallée de la Durance.
Compris entre 850m et 928m d’altitude, il se situe à la transition entre les étages de végétation supra méditerranén et montagnard inférieur.
Il comprend un complexe de zones humides établies de part et d’autre de la route nationale 94, disséminées dans un paysage agricole semi bocager et forestier (forêts de Chêne pubescent (Quercus humilis) et de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) surtout. L’activité agricole est encore bien présente dans ce territoire très rural. Les haies et bosquets forment encore un réseau bocager assez bien préservé, remarquable pour la région.

Milieux remarquables

Le site comprend un ensemble de formations végétales liées aux zones humides, milieux de plus en plus rares et souvent dégradés en Europe de l’ouest. Celles ci forment un complexe très intéressant permettant l’épanouissement d’une flore et d’une faune remarquables. Au sein de cet ensemble y figurent des formations végétales herbacées hautes peu communes comme les prairies humides eutrophes et oligotrophes [all. phyto. Molinion caeruleae (37.2 et 37.3)] et les prairies humides hautes à Reine des près (Filipendula ulmaria) et formations végétales associées [all. phyto. Thalictro flavi Filipendulion ulmariae (37.1)]. De belles magnocariçaies de Laîche élevée (Carex elata) [all. phyto. Magnocaricion elatae (53.21)], des roselières à Roseau phragmite (Phragmites australis) [all. phyto. Phragmition communis (53.1)] sont également à mentionner et contribuent à l’importante biodiversité de ce site. Il nous faut enfin signaler l’existence de formations à hautes herbes des franges humides méso nitrophiles à hautes herbes à Liseron des haies (Convolvulus sepium) [all. phyto. Convolvulion sepium (37.7)].

Flore

Le site comprend trois espèces végétales déterminantes dont une est protégée en Provence Alpes Côte d’Azur : l'Orchis des marais (Anacamptis palustris). Elle pousse préférentiellement dans les prairies humides. Les deux autres espèces déterminantes du site sont : la Gesse blanchâtre (Lathyrus pannonicus) et l'Ansérine (Argentina anserina), une potentille qui affectionne les zones humides piétinées très rare en PACA.


Faune

Ce site possède un patrimoine faunistique d’un intérêt assez élevé puisque 13 espèces animales patrimoniales, dont trois déterminantes, s’y rencontrent.

Les oiseaux nicheurs sont représentés par diverses espèces dignes d’intérêt. La Caille des blés (Coturnix coturnix), le Bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus) et l’Alouette lulu sont des nicheurs irréguliers sur le site. La Huppe fasciée (Upupa epops), le Torcol fourmilier (Jynx torquilla), la Rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), le Bruant proyer (Emberiza calandra), la Fauvette grisette (Sylvia communis) et le Faucon hobereau (Falco subbuteo) nichent annuellement sur cette zone. Il est à noter la disparition du Busard cendré (Circus pygargus) en tant que nicheur sur ce site depuis 2001.

Citons également la présence d'un reptile remarquable, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Deux espèces déterminantes d’insectes sont présentes : l'Azuré de la sanguisorbe (Maculinea teleius), espèce rare et en régression, protégée au niveau européen, strictement inféodée aux prairies humides et bordures marécageuses peuplées par sa plante hôte la Sanguisorbe officinale et ses fourmis hôtes du genre Myrmica (notamment Myrmica scabrinodis) et le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce de lépidoptère d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, que l’on retrouve dans les pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea) en bordure du site. Elles sont accompagnées par trois espèces remarquables. Dans les prairies humides, citons le Criquet marginé (Chorthippus albomarginatus), espèce d’orthoptère d’affinité médio européenne, rare et localisée en Provence Alpes Côte d'Azur où elle est strictement inféodée aux prairies humides. Dans les prairies très humides et surfaces marécageuses, on note la présence du Criquet ensanglanté (Stethophyma grossum), espèce d'orthoptère d'affinité eurosibérienne, en forte régression en dehors des Alpes, strictement liée à ces milieux est également présent. Enfin, il est à noter la présence de l'Echiquier (Carterocephalus palaemon), espèce holarctique remarquable de Lépidoptère Hespériidés vivant en lisières et clairières humides et dont les stations sont limitées et fragmentées.


Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 n’est pas incluse dans une ZNIEFF de type 2.

Un des principaux enjeux pour le site consiste en la conservation, voire la restauration des habitats d’espèces végétales liées aux zones humides. De plus il faut veiller à conserver la fonction de corridors biologique de l’ensemble du réseau de haies présent sur le site et en périphérie immédiate de celui ci.

Commentaires sur la délimitation

La présence de biotopes variés, comprenant en particulier des zones humides, des prairies semi-humides ou à flore encore naturelle et des réseaux de bocage, motivent la configuration de ce site, dont les limites s’appuient au nord sur desserte secondaire et ailleurs sur les éléments topographiques, géographiques et paysagers les plus notables : ruptures de pente, talwegs, lisières, routes secondaires…