ZNIEFF 930020102
MASSIF DES CERCES - GRAND LAC DE MONÊTIER - AIGUILLETTE DU LAUZET - COL DU CHARDONNET - TÊTE DE LA CASSILLE

(n° régional : 05102108)

Commentaires généraux

Description

Etabli dans le nord du département des Hautes Alpes, à l’est du Col du Lautaret et au nord du village de Monêtier-les-Bains, le site comprend la partie dauphinoise du massif des Cerces Rochilles, l’Aiguillette du Lauzet, le vallon de l’Alpe du Lauzet et le Grand Lac du Monêtier, ainsi que son bassin versant. Il est inclus, pour sa partie est, dans le site classé de la vallée de la Clarée.
Sur le plan géologique, il appartient aux zones internes subbriançonnaises et surtout briançonnaise, et se caractérise par une imposante masse de calcaires dolomitiques du Trias, qui ont engendré des paysages ruiniformes (Arêtes de la Bruyère) et des falaises verticales spectaculaires (Roche Colombe, Aiguillette du Lauzet…). Ces roches sédimentaires dures et compactes reposent sur une semelle à dominante siliceuse plus tendre composée de conglomérats, grès et schistes du Houiller et du Trias inférieur, qui lorsqu’elle affleure crée des reliefs plus doux (secteur de la Ponsonnière).
La diversité géologique est très importante et associe également, de façon plus localisée, des calcschistes néocrétacés, des brèches jurassiques et des quartzites werféniennes.
Les dépressions et fonds de vallons ont été colmatés par des dépôts détritiques récents : dépôts morainiques de l’époque glaciaire et alluvions torrentielles. Les éboulis et casses calcaires couvrent des surfaces importantes sur les versants au pied des parois dolomitiques.
De nombreux lacs d’origine glaciaire (pour les principaux : Lac de la Ponsonnière, Grand Lac, Lac des Béraudes, Lac Rouge, Lacs de la Casse Blanche, Lac de la Mine…) s’égrènent dans les fonds de vallons et les cirques d’altitude.
Situé dans la zone biogéographique intra alpine, à la transition entre Alpes du Nord et Alpes du Sud, le site est inclus dans les étages de végétation subalpin, alpin et nival, entre 1700 m et 3097 m à la pointe des Cerces.
Prairies subalpines de différents types, pelouses alpines sur calcaire ou sur substrat acide décalcifié, formations des combes à neige à sous arbrisseaux nains, rocailles et pelouses pionnières des débris rocheux ou des dalles calcaires, associations végétales des éboulis et milieux rocheux, sources, ruisselets, zones humides, bas marais arctico alpins, habitats lacustres ou milieux post glaciaires des vallons froids d’altitude… composent la palette du paysage végétal et minéral du site.

Milieux remarquables

Les trois habitats déterminants que compte le site sont des marécages qui apparaissent toujours ponctuellement sur des surfaces restreintes. Ce sont : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)], les bas marais pionniers arctico alpins [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)] et les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)].
Dix autres habitats remarquables sont également présents. Ce sont : les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)] installées sur sols superficiels, les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les pinèdes de Pin à crochets (Pinus uncinata) (42.4), les saulaies arctico alpines des bas marais et bords de ruisseaux à Saule arbrisseau (Salix foetida) [all. phyto. Salicion lapponi glaucosericeae (31.6212)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et la végétation des rochers et falaises siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii et Asplenion septentrionalis (62.2)], milieux plus localisés que les précédents.

Flore

Le site comprend dix neuf espèces végétales déterminantes. Cinq sont protégées au niveau national : l'Androsace des Alpes (Androsace alpina), l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude et le Saxifrage fausse mousse (Saxifraga muscoides). Onze sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Renoncule à feuilles de parnassie (Ranunculus parnassifolius subsp. heterocarpus), très rare renonculacée à fleurs blanches des éboulis calcaires, l'Armoise septentrionale (Artemisia borealis), la Petite utriculaire (Utricularia minor), petite plante carnivore aquatique des mares de tourbières acides, la Tozzie des Alpes (Tozzia alpina), la Laîche fimbriée (Carex fimbriata), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, le Pâturin vert glauque (Poa glauca), la Potentille à divisions nombreuses (Potentilla multifida), la Potentille blanche (Potentilla nivea), anciennement signalée et à rechercher, le Saxifrage à deux fleurs (Saxifraga biflora) et le Saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensioides). Trois espèces n’ont pas de statut de protection : l'Armoise noirâtre (Artemisia atrata), le Silène de Suède (Viscaria alpina) et la Linaigrette vaginée (Eriophorum vaginatum), non revue depuis près d’un siècle et à rechercher dans les tourbières acides.

Par ailleurs, le site comprend quatre espèces végétales remarquables. Une est protégée au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins. Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses. Deux espèces n’ont pas de statut de protection : le Pissenlit à ligules en capuchon (Taraxacum cucullatum) et le Genépi noir (Artemisia genipi).

Faune

Ce site possède un patrimoine faunistique d’un intérêt élevé. Il abrite vingt-trois espèces animales patrimoniales, dont six sont déterminantes.
Le peuplement mammalogique local d’intérêt patrimonial est notamment représenté par le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant dont les populations locales sont issues de réintroductions, le Mulot alpestre (Apodemus alpicola), espèce déterminante nouvelle sur la zone suite à des inventaires avec typage ADN et le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 à 3100 m. d’altitude.
Le peuplement avien nicheur local est riche en espèces déterminantes et remarquables dont certaines sont rares dans les Alpes et en Provence : le Faucon pèlerin (Falco peregrinus) espèce déterminante dont le site abrite probablement l'aire de nidification la plus haute de France, l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, la Caille des blés (Coturnix coturnix), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, le Pic noir (Dryocopus martius), le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), le Monticole de roche (Monticola saxatilis), le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), espèce paléomontagnarde remarquable et relativement rare, recherchant les gorges et escarpements rocheux, la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, le Tarin des aulnes (Carduelis spinus), nicheur occasionnel dans le massif, le Venturon montagnard (Carduelis citrinella), nicheur localisé des forêts d'altitude, la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés et le Bruant fou (Emberiza cia).
L’herpétofaune locale patrimoniale est représentée par le Lézard vivipare (Zootoca vivipara), espèce remarquable, typiquement nord eurasiatique, relicte glaciaire, en limite sud de son aire de répartition dans les Alpes, liée aux pelouses, prairies et landes humides, tourbières et bords de ruisseaux.
Les poissons d’eau douce sont représentés par l’Omble chevalier (Salvelinus alpinus), espèce remarquable, autochtone des lacs Léman et du Bourget, introduite à la fin du XIXème siècle dans certains lacs d’altitude du Haut Dauphiné, typique des lacs profonds et froids aux eaux propres bien oxygénées et aux fonds graveleux et sensible à la pollution.
La faune entomologique d’intérêt patrimonial est représentée par deux espèces de lépidoptères déterminantes : le Semi-apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude et le Moiré aveugle (Erebia pharte), espèce alpine liée aux prairies subalpines humides et aux pelouses entre 1500 et 2000 m et sensible au surpâturage. Elles sont accompagnées par trois autres espèces remarquables : l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude et le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aizoon (Saxifraga aizoides).

Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_102_100   Massif des Cerces   mont Thabor   vallées Etroite et de la Clarée».

Commentaires sur la délimitation

Les limites du site sont tributaires de la topographie marqué correspondant à une logique de massif, où coexistent des éléments patrimoniaux de forte valeur.