ZNIEFF 930020107
VALLÉE DE LA CLARÉE ET SES VERSANTS ENTRE PLAMPINET ET VAL-DES-PRÉS

(n° régional : 05102118)

Commentaires généraux

Description

Etabli dans le nord est du département des Hautes Alpes, au niveau de la partie inférieure du bassin de la Clarée, entre les villages de Plampinet à l’amont et de Val des Prés à l’aval, le site comprend l’ensemble formé par le fond de vallée et ses versants boisés et escarpés.

Il est pour sa quasi totalité inclus dans le site classé de la vallée de la Clarée.

Sur le plan géologique, le fond de vallée est tapissé par des alluvions fluviatiles récentes et les cônes d’éboulis et d’accumulations torrentielles établis en pied de versant au débouché des gorges et ravins latéraux. Les versants, aux pentes très raides parcourus d’escarpements importants, sont constitués de roches sédimentaires associant dolomies, calcaires dolomitiques et cargneules du Trias. Plus localement, s’observent des calcaires marneux du Jurassique, calcschistes du Crétacé, cargneules, quartzites et conglomérats du Houiller.

Des placages glaciaires morainiques, localement glissés, sont présents au niveau du vallon du Granon et sur le versant rive droite au dessus du village de Val des Prés. Une telle variabilité géologique induit une importante diversité géomorphologique : vallée au profil fluvio glaciaire, cônes d’éboulis, escarpements dolomitiques verticaux, ravines et reliefs ruiniformes, pentes raides ou courbes molles des zones glissées et moraines…

Situé dans la zone biogéographique intra alpine dauphinoise, le site est compris dans les étages de végétation montagnard supérieur, subalpin et alpin, entre 1400 m et 2600 m d’altitude.

Les espaces forestiers étendus et les milieux rocheux sont les deux composantes principales du site. La diversité des essences forestières forme une palette variée de boisements, où se remarquent surtout des forêts de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) et de Pin à crochets (Pinus uncinata) étagées sur des pentes raides entrecoupées de barres rocheuses. Les mélèzins apparaissent dans la partie forestière supérieure associés parfois au Pin cembrot (Pinus cembra). Enfin le versant ubac du vallon du Granon accueille dans sa partie inférieure une belle sapinière intra alpine sur sous bois de Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum). Landes subalpines, fruticées sèches de l’étage de végétation montagnard, prairies et pelouses, ainsi que milieux bocagers de fond de vallée et habitats rocheux constituent les formations végétales plus fréquemment associés à ces diverses entités forestières.

Milieux remarquables

Trois habitats déterminants sont présents sur le site : les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)] et les pelouses steppiques sub continentales [all. phyto. Stipo capillatae Poion carniolicae (34.31)]. Ce dernier milieu ponctuel sur le site, arrive ici en limite altitudinale et son cortège s'enrichit d'espèces végétales thermo xérophiles montagnardes et subalpines.

Au moins dix autres habitats remarquables sont également présents. Ce sont : les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)] installées sur sols superficiels, les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], landes à Rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum) et Myrtille (Vaccinium myrtillus) [all. phyto. Rhododendro Vaccinion, les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3), les pinèdes de Pin à crochets (Pinus uncinata) (42.4), milieux particulièrement bien représentés et étendus sur le site, les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii et Asplenion septentrionalis (62.2)], milieux plus localisés que les précédents.

Flore

Le site comprend quinze espèces végétales déterminantes. Cinq sont protégées au niveau national : l'Ail dressé (Allium lineare), le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée à floraison spectaculaire typique des hêtraies sèches et hêtraies pinèdes sylvestres, la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium), le Dracocéphale d'Autriche (Dracocephalum austriacum), lamiacée à floraison spectaculaire inféodée aux rocailles et pelouses steppiques, rarissime en France, et la Violette à feuilles pennées (Viola pinnata). Quatre sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Listère en forme de cœur (Neottia cordata), discrète orchidée forestière de montagne, l'Aéthionème de Thomas (Aethionema thomasianum), rarissime crucifère des éboulis calcaires ne comptant en France que quelques rares stations réparties dans le Briançonnais, la Violette des collines (Viola collina) et le Saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensioides). Six espèces n’ont pas de statut de protection : le Pigamon simple (Thalictrum simplex), le Buplèvre de Toulon (Bupleurum ranunculoides subsp. telonense), l'Armoise noirâtre (Artemisia atrata), le Silène de Suède (Viscaria alpina), anciennement signalé et à regarcher, la Calamagrostide velue (Calamagrostis villosa), graminée associée aux mégaphorbiaies et forêts subalpines de conifères en situations fraîches, sur substrats acides, et la Potentille inclinée (Potentilla inclinata).

 

Par ailleurs, le site comprend trois espèces végétales remarquables. Deux sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Saule pubescent (Salix laggeri), arbuste endémique des Alpes qui pousse dans les alluvions humides et sur les berges de torrents, où il forme des fourrés ripicoles denses.

Faune

Ce site possède un patrimoine faunistique d’un intérêt élevé. Trente-quatre espèces animales patrimoniales, dont quatre espèces déterminantes, y ont été recensées.

Au rang des mammifères locaux d’intérêt patrimonial, il convient de citer trois espèces remarquables : la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), chauve-souris forestière relativement fréquente, le Cerf élaphe (Cervus elaphus) et le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce relique des périodes glaciaires. Chez les oiseaux nicheurs d’intérêt patrimonial, citons la présence des espèces suivantes : Bondrée apivore (Pernis apivorus), Aigle royal (Aquila chrysaetos), Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), Autour des palombes (Accipiter gentilis), Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, semble-t-il en régression, Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile, emblématique des Alpes, Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, Chevalier guignette (Actitis hypoleucos), espèce paléarctique remarquable, liée aux rivières et torrents à courant rapide, Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), espèce boréo alpine forestière et déterminante, des hêtraies, pessières, cembraies et mélézins, Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro sibérienne déterminante et rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies), ces deux espèces occupant fréquemment les cavités creusées par le Pic noir (Dryocopus martius), Grand duc d’Europe (Bubo bubo), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), Venturon montagnard (Serinus citrinella), espèce paléomontagnarde remarquable, typique des boisements de conifères semi ouverts, Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés, Bruant fou (Emberiza cia), Bruant ortolan (Emberiza hortulana), Huppe fasciée (Upupa epops).

Les reptiles sont représentés par le Lézard vivipare (Zootoca vivipara), espèce remarquable dont l’aire de répartition est assez localisée dans les Alpes du Sud.

Les insectes d’intérêt patrimonial sont représentés par la Piéride de l’Aethiomène (Pieris ergane), espèce déterminante méditerranéo montagnarde de Lépidoptères Piéridés des pentes rocheuses herbeuses de moyenne montagne jusqu’à 1800 m d’altitude, localisée en France aux départements des Hautes Alpes (où on ne la trouve pratiquement que dans le Briançonnais) et des Pyrénées orientales, dont la chenille vit sur l’Aethiomène des rochers (Aethiomena saxatile), la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce remarquable à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes des Brassicacées, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, l’Azuré de la croisette (Maculinea alcon), espèce remarquable et protégée en France, liée aux pelouses et prairies des étages montagnards et subalpins où croît sa plante hôte (Gentiane croisette Gentiana cruciata) et vit sa fourmi hôte (surtout Myrmica schencki), le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1000 et 2000 mètres d’altitude, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, le Moiré des pierriers (Erebia scipio), espèce remarquable endémique franco italienne des Alpes occidentales, qui fréquente les éboulis calcaires où croît sa plante hôte, l’avoine des montagnes (Helictotrichon sedenense), la Miramelle des frimas (Melanoplus frigidus frigidus), criquet remarquable d'affinité boréo alpine qui s'observe surtout au-dessus de 2000 m et jusqu'à la limite des névés, le Sténobothre alpin (Stenobothrus rubicundulus), espèce remarquable d'orthoptère présente dans la Péninsule balkanique et dans les Alpes qui affectionne surtout les milieux secs et pierreux, le Sténobothre cottien (Stenobothrus cotticus), espèce remarquable de criquet endémique de l'arc alpin, inféodée aux éboulis, rochers à végétation maigre et pelouses écorchées entre 2000 et 2800 m d’altitude.

Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_102_100   Massif des Cerces   mont Thabor   vallées Etroite et de la Clarée»

Commentaires sur la délimitation

Les limites du site sont tributaires de la topographie délimitée par de hautes crêtes rocheuses, qui définissent une portion bien individualisée de la vallée et de ses versants, renfermant les habitats et populations d’espèces à importante valeur patrimoniale.