ZNIEFF 930020111
MASSIF DES ORRES - TÊTE DE LA MAZELIÈRE - AUPILLON - GRAND PARPAILLON - UBAC DE CRÉVOUX

(n° régional : 05110100)

Commentaires généraux

Description

Localisé dans la partie sud est du département des Hautes Alpes, au sud est de la vallée d’Embrun, le site comprend le versant ubac du vallon de Crévoux, la partie amont du vallon des Vachères et les crêtes situées à l’est et au sud de la station des Orres, depuis le pic de Crévoux au nord à la tête de la Mazelière à l’ouest, en incluant le Grand Parpaillon, la Grande Eperrière, l’Aupillon et le Pouzenc.
La structure géologique est relativement homogène et se compose de roches sédimentaires appartenant à la zone piémontaise et comprenant surtout des flychs à Helminthoïdes. Ces roches relativement tendres ont donné naissance à des reliefs aux formes douces ou peu accusées. Sensibles à l’érosion, elles ont engendré de nombreuses coulées boueuses qui tapissent maintes combes et flancs de versants, au niveau desquels se remarquent également de nombreux cônes d’éboulis, ravines torrentielles et dépôts glaciaires.
Situé dans la zone biogéographique intra alpine dauphinoise, il est soumis à un climat montagnard de type continental marqué. Le site est inclus dans les étages de végétation montagnard, subalpin et alpin, entre 1 280 m et 2 988 m au Grand Parpaillon.
Le site dégage d’emblée une forte ambiance pastorale associant boisements clairs de Mélèze (Larix decidua), landes, prairies et pâturages subalpins et pelouses alpines à dominante calcicole. Rocailles, éboulis et milieux rocheux caractérisent surtout les plus hautes crêtes, ainsi que le vallon du torrent des Vachères aux pentes d’adret plus accentuées. Le mélézin constitue la formation forestière dominante. Il est parfois mélangé de Pin sylvestre (Pinus sylvestris), comme à l’entrée de la vallée de Crévoux, de Sapin (Abies alba) et d’Epicéa (Picea abies) à l’ubac du vallon de Vachères et de Pin cembro (Pinus cembra) dans sa partie supérieure.
Quelques zones humides, comprenant des bas marais, ruisseaux et petits lacs, ajoutent une note de diversité complémentaire au site.

Milieux remarquables

Six habitats déterminants sont présents sur le site. Il s’agit de marécages, de sources pétrifiantes, de pinèdes et d’éboulis calcaires.
Ce sont : les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] qui apparaissent ponctuellement dans de nombreux secteurs de ce site, d'impressionnantes sources pétrifiantes d’eau dure (les sources et cascades pétrifiantes de la Muande) qui engendrent d’importantes concrétions de tuf ruisselant le long du versant [all. phyto. Riccardio pinguis Eucladion verticillati (54.12)], les pinèdes fraîches d’ubac sur calcaire de Pin à crochets (Pinus uncinata) et de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) [all. phyto. Erico pinion. (42.42 et 42.52)] et les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)].
De nombreux autres habitats remarquables sont également présents. Ce sont : les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)].
A ceux ci s'ajoutent les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3), les landes épineuses oro méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)] et les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)].

Flore

Le site comprend sept espèces végétales déterminantes. Deux sont protégées au niveau national : l'Androsace pubescente (Androsace pubescens) et la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude, anciennement signalée et à rechercher. Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Jonc arctique (Juncus arcticus), autre plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, qui serait également à rechercher. Quatre espèces n’ont pas de statut de protection : la Gentiane asclépiade (Gentiana asclepiadea), la Laîche très noire (Carex atrata var. aterrima), le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraiches, et la Potentille des neiges (Potentilla nivalis).
Par ailleurs, le site comprend six espèces végétales remarquables. Quatre sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires, le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude, et l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris). Une espèce n’a pas de statut de protection : le Genépi noir (Artemisia genipi).

Faune

Ce site présente un intérêt patrimonial assez marqué pour la faune avec vingt-cinq espèces animales patrimoniales, dont sept sont déterminantes.
Chez les mammifères, le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), espèce déterminante emblématique des Alpes, fréquente le site ainsi que le Lièvre variable (Lepus timidus). Les oiseaux nicheurs sont représentés par plusieurs espèces d’intérêt patrimonial : ils incluent ainsi l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare et déterminant mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), le Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce remarquable fragile emblématique des Alpes, le Lagopède des Alpes (Lagopus lepus), autre tétraonidé emblématique, relique glaciaire qui vit dans des milieux variés au-dessus de la limite des forêts, la Chevêchette d’Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro sibérienne déterminante et rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies), la Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus) autre petite chouette forestière et déterminante, ces deux espèces occupant volontiers les cavités creusées par le Pic noir (Dryocopus martius), le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, d’affinité montagnarde, inféodé aux alpages (où il vient s’alimenter) situés à proximité de falaises où il niche, le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), le Sizerin flammé (Carduelis flammea), nicheur localisé et assez peu fréquent, que l’on rencontre dans les aulnaies vertes, les ripisylves, les mélézins et les rhodoraies, le Tarin des aulnes (Carduelis spinus), nicheur rare et remarquable, lié aux forêts de conifères, le Venturon montagnard (Carduelis citrinella), espèce paléomontagnarde remarquable, typique des boisements de conifères semi ouverts, la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés.
Les insectes d’intérêt patrimonial sont quant à eux représentés par quatre lépidoptères déterminantes : l’Alexanor (Papilio alexanor), protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1 700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, le Moiré aveugle (Erebia pharte), espèce alpine de la sous-famille des Satyrinés liée aux prairies subalpines humides et aux pelouses entre 1 500 et 2 000 m et sensible au surpâturage, le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), lépidoptère endémique franco italien cantonné aux Alpes occidentales, inféodé aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata) et l’Isabelle (Actias isabellae), espèce emblématique des Alpes du sud, protégée au niveau européen, de répartition ouest-méditerranéenne morcelée (en France : Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence et Pyrénées-Orientales), principalement inféodée aux peuplements de Pin sylvestre des versants abrités entre 600 et 1 800 mètres d’altitude. Ces quatre espèces sont accompagnées par plusieurs espèces remarquables : l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aizoon (Saxifraga aizoides), le Céphalion (Coenonympha gardetta macromma), sous espèce de la sous famille des Satyrinés, endémique du centre et de l’ouest des Alpes, à aire de répartition disjointe, inféodée aux pelouses et fourrés de l’étage subalpin et l’Hespérie du pas d’âne (Pyrgus cacaliae), espèce de la famille des Hespéridés, dont la répartition est limitée aux Alpes avec deux isolats en Bulgarie et Roumanie, liée à des potentilles dans les pelouses subalpines, surtout en bordure de zones humides. Du côté des orthoptères, citons également le Gomphocère des moraines (Aeropedellus variegatus), espèce remarquable de répartition arctico alpine et euro sibérienne, très thermophobe, localisée en France aux Alpes internes (Savoie et Alpes du sud), où ses populations ne se rencontrent que dans quelques stations relictuelles et isolées de pelouses, cariçaies et éboulis de l’étage subnival, généralement au-dessus de 2 300 m d’altitude.

Fonctionnalité / liens éventuels avec autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 englobe les deux ZNIEFF de type 1 suivantes : «05_110_161   Sources et cascades pétrifiante de la Muande» & «05_110_163   Versants ubacs du Grand Parpaillon   montagne de Parpaillon   vallon des Eyguettes».

Commentaires sur la délimitation

La délimitation du site qui intéresse à l’est et au sud de longues crêtes d’altitudes élevées, coïncide avec le pourtour départemental. A l’ouest et au nord, les limites sont calées sur des repères géographiques ou paysagers nettement inscrits, tels que les dessertes routières ou les lisières, de façon à exclure les secteurs les plus fortement anthropisés : domaine skiable des Orres et hameaux de fond de vallée.