ZNIEFF 930020113
CIRQUE ET GRAND LAC DES ESTARIS - PLATEAU DE JUJAL - LACS LONG, PROFOND, SIRÈNE ET DES JUMEAUX

(n° regional: 05112167)

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Description

Etabli dans la partie centre est du département des Hautes Alpes, ce site de 782 hectares est localisé dans le massif du Champsaur, au nord est de la ville de Gap, sur la commune d’Orcières.
Globalement orienté au sud, le site est constitué, d’une part, par un versant raide et rocailleux compris sous la ligne de crête reliant le sommet du Drouvet (2655m) à la Pointe des Estaris (3086 m) ; d’autre part par les zones moutonnées contenant les lacs d’altitudes des Estaris, Long, Profond, des Sirènes et des Jumeaux ; enfin par le revers frais (nord est) appelé la Casse Blanche.
Le substrat géologique du site est essentiellement composé par des terrains de couverture sédimentaire comprenant des Grès du Champsaur et des bancs calcaires et marneux. Une partie importante de sa surface est constituée de moraines glaciaires, ainsi que par d’importants éboulis actifs, issus de produits d’altération superficielle. Sa géomorphologi+e complexe est marquée par les phénomènes d’érosion glaciaire ou l’action du gel et du dégel.
Secteur de haute altitude, il est entièrement situé aux étages de végétation subalpin, alpin et nival, entre 2140 m à 3086 m.
Avec un très remarquable complexe de zones humides d’altitude, le site comprend également tout un assortiment de pelouses fraîches typiques de l’étage de végétation alpin nival et des affleurements rocheux, de nature variée, sur substrats calcaires et siliceux.
L’ensemble du site se trouve dans la zone périphérique du Parc National des Ecrins. Sa partie nord est est incluse dans la Réserve Naturelle du Cirque du Grand Lac des Estaris.

Milieux remarquables

Le site se caractérise par la diversité des zones humides présentes et des types d’éboulis et milieux rocheux qu’il recèle. Cinq milieux déterminants appartenant à ces deux catégories d’habitats sont ainsi présents . Ce sont : les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)], habitat relictuel particulièrement rare et fragile très localisé sur le site, les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] et les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)] et les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Liondent des montagnes (Leontodon montanus) et à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Leontodontetum montani (61.2321) et Berardietum lanuginosi (61.2322)].
Les autres milieux humides remarquables comprennent : les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les formations amphibies à Rubanier à feuilles étroites (Sparganium angustifolium) des rives exondées, des lacs, étangs et mares (22.3).
Cette coexistence de bas marais alcalins, de bas marais acides et de formations marécageuses artico alpines dans un espace relativement réduit contribue à l’intérêt exceptionnel du site. Mentionnons également l’existence de formations végétales liées aux sources oligotrophes [all. phyto. Cardamino amarae Montion fontanae et Dermatocarpion rivulorum (54.1)] ou plus minéralisées (54.2).
Les autres habitats remarquables du site comprennent les pelouses calcicoles alpines et subalpines à Séslérie bleutée (Sesleria caerulea) et Laîche toujours verte (Carex sempervirens) [all. phyto. Seslerion caeruleae (36.43)], installées sur sols superficiels ; des formations végétales de milieux rocheux comme les éboulis calcaires alpins à éléments moyens à Tabouret à feuilles rondes (Noccaea rotundifolia) [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)] ou siliceux [all. phyto. Androsacion alpinae (61.11)] et les rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis (62.151)] et siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii (62.2)].
Enfin, parmi les autres habitats d’intérêt particulier que recèle le site, il convient de mentionner des formations végétales herbacées typiques du massif alpin, comme les pelouses des combes à neige acidiphiles [all. phyto. Salicion herbaceae (36.1)] et les pelouses acidiphiles à Nard raide (Nardus stricta) [all. phyto. Nardion strictae (36.31)].

Flore

Le site comprend huit espèces végétales déterminantes. Quatre sont protégées au niveau national : la Primevère du Piémont (Primula pedemontana), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata) et la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude. Trois sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Potamot allongé (Potamogeton praelongus), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, et le Pâturin vert glauque (Poa glauca). Une espèce n’a pas de statut de protection : le Potamot à feuilles de graminée (Potamogeton gramineus), plante aquatique anciennement signalée et à rechercher dans les lacs.
Par ailleurs, le site comprend quatre espèces végétales remarquables. Deux sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, et le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude. Deux espèces n’ont pas de statut de protection : le Génépi laineux (Artemisia eriantha) et le Genépi noir (Artemisia genipi).

Faune

Ce site héberge un patrimoine faunistique d’un intérêt relativement élevé. Quatorze espèces animales patrimoniales, dont une déterminante, y ont été recensées.
Au rang des mammifères locaux d’intérêt patrimonial, mentionnons le Bouquetin des Alpes (Capra ibex), ongulé déterminant dont les populations locales sont issues de réintroductions et le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable, relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 à 3100 m d’altitude. L’avifaune nicheuse d’intérêt patrimonial est localement représentée par : l'Aigle royal (Aquila chrysaetos), la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses, le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable menacée, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent, le Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), nicheur remarquable peu fréquent, inféodé aux alpages où il vient s’alimenter situés à proximité de falaises où il niche, la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), espèce paléomontagnarde remarquable, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés. Les poissons d’eau douce comprennent notamment l’Omble chevalier (Salvelinus alpinus), espèce autochtone des lacs Léman et du Bourget, introduite à la fin du XIXème siècle dans certains lacs d’altitude du Haut Dauphiné, typique des lacs profonds et froids et qui fait toujours l'objet d'alevinages réguliers.
Les insectes d’intérêt patrimonial remarquables sont représentés par l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, le Céphalion (Coenonympha gardetta macromma), sous espèce de la sous famille des Satyrinés, endémique du centre et de l’ouest des Alpes, à aire de répartition disjointe, inféodée aux pelouses et fourrés de l’étage subalpin, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude et le Petit Apollon (Parnassius corybas sacerdos), espèce protégée en France, des bords des torrents et autres zones humides des étages subalpin et alpin, dont la chenille est inféodée au Saxifrage faux aizoon (Saxifraga aizoides).

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «05_112_100   Partie sud est du massif et du Parc National des Écrins   massif du mourre Froid   Grand Pinier   haut vallon de Chichin – face est des Bans – vallée du Fournel».
Le principal enjeu du site consiste en la conservation des habitats d’espèces végétales, en particulier des zones humides. Dans ce but il est important de veiller à limiter l’impact de la station de ski d’Orcières Merlette sur les zones humides.

Comments on the delimitation

Essentiellement délimité par sa topographie de hautes crêtes et de ruptures de pentes, le site englobe un petit cirque surcreusé, occupé par un lac glaciaire, et un plateau d’altitude élevé qui héberge un très important complexe de zones humides arctico-alpines, associées à de nombreuses espèces à forte valeur patrimoniale.