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Description
Localisé sur la bordure ouest du département des Hautes Alpes, contre le département de la Drôme, le site se localise à l’ouest de la petite ville de Veynes. Il correspond à la partie ouest de la petite région du Beauchêne. Il s’agit d’un site de moyennes montagnes, dont la ligne de crêtes principales est orientée nord sud et oscille entre 1300 et 1900 m d’altitude. Le site très forestier dans ses parties basses est parcouru de nombreuses petites vallées et combes généralement orientées est ouest.
Du point de vue géologique, il est constitué de roches sédimentaires calcaires. Les terrains marneux et marno calcaires de l’Argovien, de l’Hauterivien et du Valanginien déterminent des reliefs doux facilement érodés des versants principaux. Ces formations sont très souvent recouvertes d’éboulis. En revanche les calcaires durs du Tithonique et du Kimméridgien apparaissent dans la partie ouest du site au niveau des plus hautes crêtes. Ces roches plus dures et massives forment de petites barres rocheuses et falaises soulignant les reliefs ou constituent des dômes souvent marqués par le relief karstique. Enfin lorsqu’elles sont entaillées par des torrents, elles engendrent de petits défilés rocheux comprenant gorges, balmes et grottes.
Situé dans la zone biogéographique des préalpes delphino provençales, le site est entièrement compris dans les étages collinéens d’affinités supra méditerranéennes, montagnard et subalpin inférieur, entre 700 m et 1916 m d’altitude.
En grande partie forestier, le site associe surtout des hêtraies, hêtraies sapinières et pinèdes sylvestres. Il présente localement quelques escarpements, de petits défilés rocheux et des éboulis actifs. Fruticées claires et buxaies occupent localement de vastes secteurs, dans les zones de déprise des activités pastorales. Les milieux ouverts et semi ouverts, composés de prairies et pelouses, se localisent en périphérie des villages et au niveau des parties les plus hautes, en bordure ouest du site, où ils constituent parfois de vastes ensembles pastoraux comme sur les crêtes du Luzet, de l’Aurian et du Quigouret.
Milieux remarquables
Le site comprend un habitat déterminant : les hêtraies et hêtraies sapinières neutrophiles méridionales des Alpes du Sud à Trochiscanthe à fleurs nues (Trochiscanthes nodiflorus) [all. phyto. Fagion sylvaticae – Asso. phyto. Trochiscantho fagetum (41.17)].
Les milieux forestiers typiques ou remarquables comprennent en particulier des hêtraies et hêtraies sapinières neutrophiles [all. phyto. Fagion sylvaticae (41.13)], des hêtraies calcicoles méridionales à Andosace de Chaix (Androsace chaixii) (41.1752) établies principalement en versant nord, des pinèdes sylvestres sèches supra méditerranéennes à Buis (Buxus sempervirens) [all. phyto. Cephalanthero rubrae Pinion sylvestris (42.59)], des pinèdes et pinèdes hêtraies mésophiles du Molinio arundinacea Pinenion sylvestris (42.54)] et des boisements thermophiles et supra méditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) à Buis (Buxus sempervirens) [all. phyto. Quercion pubescenti sessiliflorae – ass. phyto. Buxo Quercetum (41.711)].
Les sommets et les plus hautes crêtes accueillent les pelouses calcicoles subalpines (36.4), dont notamment les pelouses écorchées à Avoine toujours verte (Helictotrichon sempervirens) des Alpes du Sud [sous all. phyto. Ononido cristatae Helictotrichenion sempervirentis (36 432)], qui occupent les parties hautes des versants ensoleillés et les pieds de falaises, et les pelouses séches écorchées des rebords de corniches et de vires rocheuses calcaires [all. phyto. Seslerio caeruleae Xerobromion erecti (34.33)]. Les zones ouvertes à plus basse altitude associent en particulier des prairies sèches méso xérophiles à Brome dressé (Bromus erectus) [all. phyto. Mesobromion erecti (34.3265)] ou plus franchement xérophiles [all. phyto. Xerobromion erecti (34.33)].
Des landes supra méditerranéennes et oro méditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliae Genistion cinereae (32.61 et 32.62)] et des fruticées d’arbustes divers [all. phyto. Berberidion vulgaris (31.81)], dont en particulier des fruticées des stations rocailleuses à Cotonéaster et Amelanchier à feuilles ovales (Amelanchier ovalis) (31.8123)] sont également à remarquer.
Les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] sont bien représentées dans de nombreuses zones escarpées, ainsi que les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)] sur les versants les plus chauds. Ces milieux sont souvent associés aux pelouses pionnières calcicoles écorchées sur dalles rocheuses calcaires à Orpins (Sedum pl. sp.) et Joubarbes (Sempervivum pl. sp.) [all. phyto. Alysso sedion albi (34.1)].
Notons également la présence de nombreuses grottes (65)], dont celle exceptionnelle de Malpasset, ornée de gravures préhistoriques.
Enfin de nombreux petits cours d’eau claire, comme l’Aiguebelle, le Malpasset, la Chauranne ou encore la Vauniérette, constituent des habitats comprenant notamment les milieux aquatiques d’eau douce de la zone à truite (24.12) et des formations végétales pionnières herbacées des alluvions torrentielles et bancs de graviers [all. phyto. Epilobion fleischeri (24.221)].
Flore
Le site comprend onze espèces végétales déterminantes. Trois sont protégées au niveau national : le Panicaut blanc des Alpes (Eryngium spinalba), ombellifère épineuse des éboulis thermophiles et des pelouses sèches endémique des Alpes sud occidentales, le Sabot de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée à floraison spectaculaire typique des hêtraies sèches et hêtraies pinèdes sylvestres, et l'Aspérule de Turin (Asperula taurina), caractéristique des hêtraies méridionales. Trois sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : l'Ophioglosse commun (Ophioglossum vulgatum), la Gymnadenie odorante (Gymnadenia odoratissima) et le Cytise de Sauze (Cytisus sauzeanus), endémique locale occupant les rocailles, lisières et sous-bois clairs sur substrats calcaires. Quatre espèces n’ont pas de statut de protection : le Buplèvre de Toulon (Bupleurum ranunculoides subsp. telonense), anciennement signalé et à rechercher sur les falaises et escarpements rocheux, la Gesse blanchâtre (Lathyrus pannonicus), l'Avoine des Abruzzes (Helictochloa versicolor subsp. praetutiana), graminée franco italienne des pelouses calcaires d’altitude, distribuée dans les montagnes du sud de l’Italie et dans les Alpes du sud, récemment découverte en France, l'Astragale d'Autriche (Astragalus austriacus), petite fabacée plus largement répartie en Europe centrale, très rare en France, où elle est localisée aux pelouses d'affinités steppiques des vallées de la Durance et de l'Ubaye, et le Cotonéaster intermédiaire (Cotoneaster x intermedius).
Par ailleurs, le site comprend cinq espèces végétales remarquables. Deux sont protégées au niveau national : la Gagée jaune (Gagea lutea), liliacée aux fleurs jaunes affectionnant les boisements frais, et la Gagée des champs (Gagea villosa), plutôt liée quant à elle aux milieux cultivés. Trois espèces n’ont pas de statut de protection : le Sélin à feuilles de silaus (Katapsuxis silaifolia), l'Ibéris droit (Iberis linifolia subsp. stricta) et l'Anémone de Haller (Anemone halleri), qui fleurit au printemps sur les pelouses et rocailles ventées.
Faune
Le site abrite 19 espèces animales patrimoniales, dont 8 déterminantes.
Pour les oiseaux, notons la présence de l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), du Circaète Jean le Blanc (Circaetus gallicus), de la Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro-sibérienne déterminante et rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies) et de la Huppe fasciée (Upupa epops).
Une espèce de reptiles a été inventoriée localement : la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.
Le cortège de mammifères regroupe le Lynx boréal (Lynx lynx), Carnivore forestier déterminant à faibles effectifs mais actuellement en probable expansion, le Cerf élaphe (Cervus elaphus) mais aussi plusieurs espèces de chauves-souris dont des populations importantes de Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) espèce déterminante et menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations ainsi que le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii), espèce déterminante typiquement méditerranéenne et strictement cavernicole. Le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile.
La faune entomologique patrimoniale est représentée par l'Azuré de la sanguisorbe (Maculinea teleius), espèce déterminante, rare et en régression, protégée au niveau européen, strictement inféodée aux prairies humides et bordures marécageuses peuplées par sa plante hôte la Sanguisorbe officinale et ses fourmis hôtes du genre Myrmica (notamment Myrmica scabrinodis), l'Eucnemidae Xylophilus corticalis, espèce déterminante strictement européenne très localisée dans les forêts à caractère naturel, riche en bois mort colonisé par le mycélium, connue en PACA seulement de quelques hêtraies-sapinières entre le Dévoluy et la montagne de Lure, l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude, l'Hechiquier (Carterocephalus palaemon), espèce holarctique remarquable de Lépidoptère Hespériidés vivant en lisières et clairières humides et dont les stations sont limitées et fragmentées, l'Échiquier de Russie (Melanargia russiae), espèce remarquable de lépidoptère d'affinité steppique, localisée et dont la sous espèce cleanthe est endémique des montagnes du nord de l'Espagne et des Alpes du sud, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, la Piéride de la roquette (Euchloe simplonia), espèce remarquable à aire disjointe des Alpes occidentales, Pyrénées et monts Cantabriques, inféodée aux pelouses subalpines où croissent ses plantes hôtes des Brassicacées et la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus),espèce remarquable de lépidoptère diurne d’affinité ouest méditerranéenne, protégée en France, liée aux friches, garrigues et boisements clairs où croît la principale plante nourricière de sa chenille, la Badasse (Dorycnium pentaphyllum). Une espèce d’hétérocère diurne déterminant est historiquement présente sur le secteur, la Zygène de la Vésubie (Zygaena brizae vesubiana), espèce protégée en France, rare et localisée, qui fréquente les pelouses à cirses et dont la sous-espèce vesubiana est endémique franco-italienne des Alpes-du-Sud, qui n’a pas été recontactée depuis 1960.
Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 2 englobe les quatre ZNIEFF de type 1 suivantes : « 05_127_197 - Fond de la vallée de l'Aiguebelle entre la roche Gourse et le hameau des Granges » ; « 05_127_198 - Bois de la Longeanne et de Saint Apôtre col de Marjariès » ; « 05_127_206 Versants ubacs du col de Cabre au sommet de Bane » & «05_127_207 Environs du col de Carabès serre des Fourches ».
Le site est défini par l’assemblage de secteurs de moyenne montagne à fort recouvrement forestier et concentrant des enjeux biologiques importants. Sa délimitation s’appuie au nord et à l’ouest sur la ligne des plus hautes crêtes, qui coïncide avec la limite départementale. Sur ses autres côtés, elle exclut les zones d’anthropisation plus marquées et se cale au mieux sur des repères visuels nets ou sur des éléments topographiques et géographiques importants : réseaux de dessertes forestières ou rurales, lisières, talwegs, ruptures de pentes, etc.
