ZNIEFF 930020135
MONT RAYA - CAYRE D'ARCHAS - MONT GIRAUD

(n° régional : 06100111)

Commentaires généraux

Description de la zone

Ce territoire de moyenne et de haute montagne est inclus dans le périmètre du Parc National du Mercantour. Le relief est tourmenté et présente de nombreux ravins nord/sud découpant nettement des massifs et des barres rocheuses. Il existe également de nombreux lacs alpestres. Les zones les plus élevées dominent les vastes pâturages d’altitude ou les forêts.

Flore et habitats naturels

La végétation est caractérisée par un étagement important (depuis l’étage supraméditerranéen jusqu’à l’étage alpin), un contraste fort entre le versant sud d’influence méditerranéenne marquée, et le versant nord, de tonalité nettement plus alpine. Ces facteurs, conjugués à une richesse géologique (roches calcaires et siliceuses), induisent une grande diversité d’habitats. On peut citer parmi les habitats remarquables la lande alpine à Azalée naine (Kalmia procumbens) du Loiseleurio procumbentis Vaccinion microphylli, très localisée en situation de crête, les falaises siliceuses subalpines à alpines du Saxifragion pedemontanae, la végétation acidophile des bas marais (Caricion fuscae) bordant les lacs d’altitude. Un grand nombre d'espèces patrimoniales végétales sont connues dans ce secteur comme les endémiques suivantes : la Gentiane de Ligurie (Gentiana ligustica), le Saxifrage à fleurs nombreuses (Saxifraga florulenta), la Silene à feuilles en coeur (Silene cordifolia), ou comme de grandes raretés nationales tel le Géranium de Bohème (Geranium bohemicum), espèce anthracophile qui apparaît de façon très aléatoire suite aux incendies dans des forêts résineuses montagnardes. Parmi la bryoflore patrimoniale, on note la présence de la Buxbaumie verte (Buxbaumia viridis) et l’Orthotric de Roger (Orthotrichum rogeri), espèces inféodées aux sapinières et pessières montagnardes.

Faune

Ce secteur est doté d’un patrimoine faunistique d’un intérêt biologique très élevé, avec 78 espèces animales d’intérêt patrimonial, dont 37 sont déterminantes.

Le peuplement mammalogique d’intérêt patrimonial renferme le Loup gris (Canis lupus), carnivore déterminant, rare et localisé mais aujourd’hui à nouveau présent et en expansion dans la région depuis au moins 1992 après avoir été exterminé en France et dont les populations provenço alpines correspondent à la sous espèce italienne, la Crossope de Miller (Neomys anomalus), espèce déterminante de musaraigne, rare et en régression, à aire de distribution disjointe et morcelée, limitée à certains massifs montagneux d’Europe, plutôt liée aux zones humides d’altitude, aux prairies hygrophiles, aux cuvettes semi inondées, aux marais et aux tourbières, entre 100 et 2 000 m, le Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et dans la région, présent jusqu’à 2 500 m d’altitude, ainsi que diverses chauves-souris telles que le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable arboricole et forestière, relativement fréquente, présente jusqu’à 2 200 m d’altitude et deux espèces déterminantes, la Grande noctule Nyctalus lasiopterus et la Barbastelle commune (Barbastella barbastella).

Le cortège avien nicheur, ou probablement nicheur, est composé de quatre espèces déterminantes : Faucon pèlerin (Falco peregrinus), espèce inféodée aux milieux rupestres, Chouette de Tengmalm (Aegolius funereus), Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum), espèce euro-sibérienne rare de la taïga et des forêts claires de résineux dans les Alpes (mélézins, sapinières, pessières, cembraies) et Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce paléoxérique, d’affinité méridionale. Elles sont accompagnées de plusieurs espèces remarquables : Aigle royal (Aquila chrysaetos), rapace diurne actuellement en légère augmentation après avoir fortement régressé, occupant préférentiellement les régions accidentées avec zones rocheuses et étendues forestières, Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, Petit-duc scops (Otus scops), espèce d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, présent jusqu’à 1 800 m d’altitude, Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce rupicole, qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude, Chevêche d’Athéna (Athene noctua), Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1 100 et 2 900 m d’altitude, semble-t-il en régression aujourd’hui, Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, où elle occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment enneigées et balayées par le vent entre 1 800 et 3 700 m d’altitude, Tétras lyre (Tetrao tetrix), espèce assez rare et en léger déclin, d’affinité montagnarde, typique des écotones entre forêts (lisières), prairies, pelouses et landes, entre 1 100 et 2 500 m d’altitude, Cincle plongeur (Cinclus cinclus), espèce liée aux cours d’eau froids, propres et bien oxygénés, à courant plutôt vif, entre 100 et 2 400 m d’altitude. A signaler également le passage fréquent de quatre autres espèces déterminantes, le Vautour moine (Aegypius monachus), le Vautour fauve (Gyps fulvus), le Gypaète barbu (Gypaetus barbatus) et le Milan royal (Milvus milvus).

Les amphibiens sont représentés par le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), espèce remarquable peu abondante à répartition très localisée en dans la région, correspondant à un endémique franco-italien présent en France uniquement dans les Alpes-Maritimes essentiellement et les Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.

Une espèce de reptiles est connue localement : la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Enfin, les peuplements d’arthropodes présentent un fort intérêt patrimonial.

Chez les arachnides cinq espèces déterminantes sont signalées : Leptoneta alpica, espèce endémique de deux stations des Alpes Maritimes, sublucicole vivant sous de très grosses pierres, dans la mousse ou les détritus humides, Leptoneta crypticola, endémique de quelques stations des Alpes Maritimes, cavernicole et lucifuge, vivant surtout dans les grottes mais aussi sous les pierres, la Lycose Vesubia jugorum, espèce endémique franco italienne exclusivement localisée en France aux Alpes Maritimes où l’espèce se rencontre dans les éboulis entre 1 800 et 2 700 m d’altitude, Zodarion fulvonigrum, espèce d’affinité méridionale, endémique du département des Alpes Maritimes et l’opilion Centetostoma centetes.

Plusieurs espèces déterminantes de coléoptères sont également citées : les Carabidae Amara lantoscana, d’affinité montagnarde, endémique du département des Alpes Maritimes où il affectionne les zones presque dépourvues de végétation aux alentours de 2 000 m d’altitude sur substrat granitique et Duvalius magdelainei, espèce cavernicole endémique du département des Alpes-Maritimes, les Charançon Trachyphloeus lothari, endémique des Alpes Maritimes françaises où elle est localisée à seulement deux stations, Dichotrachelus doderoi, espèce d’affinité montagnarde, rare et endémique du département des Alpes Maritimes et Microplontus fairmairei, endémique des départements des Hautes Alpes, des Alpes-de-Haute Provence et des Alpes Maritimes, le staphylin Paramaurops varensis, espèce déterminante de la sous famille des Pselaphinés (Coléoptères endogés), d’affinité méditerranéenne et endémique des départements du Var et des Alpes Maritimes (débordant sur les Alpes de Haute Provence), où il est bien répandu ou encore Prostomis mandibularis, espèce déterminante saproxylique liée aux grosses pièces de bois mort humide, ayant fortement régressé et présente en PACA seulement dans le massif du Mercantour..A noter également le signalement ancien d’autres espèces qui mériteraient des prospections ciblées afin de confirmer leur présence actuelle dans le secteur : Carabus solieri, Malthinus pseudobiguttatus, Pterostichus truncatus et Trechus delarouzeei. Ils sont accompagnés d’espèces remarquables comme la Callidie bronzée (Callidium aeneum), espèce de Cerambycidae eurasiatique boréo-alpine liée aux conifères, principalement dans les Alpes et le Jura en France où elle n'est jamais abondante, le Lamie tisserand (Lamia textor), espèce aptère liée aux zones humides où elle se développe dans les vieux peupliers et saules, à répartition large mais morcelée du fait de sa faible capacité de déplacement et de la destruction de son habitat, le Lyce rugueux (Platycis minutus), espèce de Lycidae eurosibérienne se développant dans le bois humide et décomposé de feuillus et conifères dans les forêts fraîches, connue en PACA de quelques stations dans le Mercantour et les Alpes-de-Haute-Provence.

Citons également la punaise Loricula bedeli, espèce déterminante très rare, d’affinité méditerranéenne et tyrrhénienne (France : Var, Alpes Maritimes et Corse), xérothermophile vivant à terre parmi les feuilles et les aiguilles de pins mortes dans les endroits secs et chauds jusqu’à 1 100 m d’altitude.

Deux orthoptères sont cités dans cette zone, le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous-espèce déterminante et endémique de Haute-Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce remarquable de sauterelle cavernicole, endémique franco italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides.

Quant aux peuplements de lépidoptères patrimoniaux, ils sont représentés par plusieurs espèces déterminantes : la Zygène de la Vésubie (Zygaena brizae vesubiana), espèce protégée en France, rare et localisée, qui fréquente les pelouses à cirses et dont la sous espèce vesubiana est endémique franco italienne des Alpes du Sud, le Semi-Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga et dont la présence serait à actualiser dans cette zone, la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce en forte régression, ne subsistant en France presque plus que dans les Alpes-Maritimes à l’est du fleuve Var et le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata). Ces papillons sont accompagnés d’espèces remarquables comme l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti.

Une espèce déterminante d’odonate est également présente : la Cordulie alpestre (Somatochlora alpestris), très rare et menacée en Provence-Alpes-Côte d'Azur, d'affinité boréo-alpine et dont la larve se développe dans les marais et tourbières d'altitude.

Concernant les mollusques gastéropodes citons l'Hélicon de la Vésubie (Chilostoma crombezi), Hélicidés endémique du département des Alpes Maritimes, où on la trouve dans les fissures des rochers, sur les falaises, dans les éboulis et sur les murs, entre 400 et 2 500 m d’altitude, la l’Hélicon du Mercantour (Chilostoma millieri), espèce déterminante endémique franco italienne très rare et localisée, de répartition sud alpine occidentale, connue de 4 stations au monde où elle vit sur les rochers et dans les éboulis frais, souvent sur substrats acides, entre 1 800 et 2 500 m d’altitude, le Maillot de Caziot (Chondrina megacheilos caziotana), sous espèce déterminante, protégée en France, très localisée et endémique des Alpes méridionales françaises (Alpes-de-Haute-Provence et Alpes Maritimes), entre 1 000 et 1 500 m d’altitude, et la Pagoduline élancée (Argna ferrarii blanci), sous espèce déterminante rare et présente en France uniquement dans les Alpes Maritimes puis en Espagne et en Italie, se rencontrant dans les bois humides et parmi les rochers.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF comprend le massif dont les plus hauts sommets sont la Cime des Lauses (2651 m), le Cayre d’Archas (2632 m) et le Mont Giraud (2606 m). Elle est circonscrite par les gorges de Valabre et les vallons de Molières et de Boréon.