ZNIEFF 930020136
GORGES DU PAILLON

(n° regional: 06100113)

General comments

Description de la zone

Les gorges du Paillon concernent uniquement le Paillon de l’Escarène, et plus précisément la clue du Paillon de l’Escarène. Elles sont réputées pour leur intérêt exceptionnel sur le plan malacologique. Le Paillon de l’Escarène fait partie du complexe hydrographique des Paillons, riche de 5 cours d’eau : le Paillon de Contes, le Paillon de Levens ou la Banquière, le Paillon du Laghet ou le Laghet, le Paillon de Nice et le Paillon de l’Escarène. L’origine du mot « Paillon » est liée à la notion « d’eau, de cascade, de cours d’eau qui tombe d’une hauteur » (André COMPAN). Plusieurs graphies anciennes correspondent à la consonance de ce mot (« Palhon », « Paion »…). Selon J. M. RASCHI, la racine « Palh » désignait un point culminant et se retrouve dans certains noms de village (Peillon, Peille).
De direction nord sud, le Paillon de l’Escarène rejoint le Paillon de Contes au niveau du pont de Peille vers 140 m d’altitude. Long de 19,5 km (36,2 km avec ses affluents) et couvrant une surface en eau de 9 hectares, il prend sa source au pied du massif de Peïra Cava à 900 m d’altitude et possède 5 affluents importants. Le bassin versant des Paillons (237 km2 de superficie) s’inscrit dans la partie orientale des chaînes subalpines méridionales dont la structure est directement héritée des mouvements tectoniques alpins (Arc de Nice). Son ossature est constituée de diverses roches sédimentaires (conglomérats, alluvions fluviatiles quaternaires argilo sableux, flysch, grès, argiles, marnes, dolomies, calcaires et gypses) s’étageant du Trias supérieur au Quaternaire et ayant subi de nombreuses déformations au cours des différents mouvements alpins (plis, failles, chevauchements). Une grande partie du bassin versant des Paillons correspond à un système karstique : leurs eaux souterraines sont abondantes. Il est peu ouvert aux influences météorologiques marines car celles ci sont bloquées par la barrière montagneuse située au sud et à l’est du bassin. Le bassin versant spécifique au Paillon de l’Escarène couvre une superficie de 99 km2. Les Paillons connaissent des étiages très importants avec des périodes d’assec total annuel et des crues violentes, mais rares. Rivière de 2ème catégorie sur l’ensemble de son linéaire, le Paillon de l’Escarène est un cours d’eau côtier de régime méditerranéen à Barbeau méridional et Blageon. Son fonctionnement naturel est typiquement celui d’un cours d’eau méditerranéen à forte pente, sur substrat géologique calcaire (calcaires marneux, argileux et gréseux, calcaires nummulithiques de l‘Eocène, marnes du Crétacé et du Jurassique, flysch) avec un charriage intense de matériaux solides et une morphologie naturelle en tresse. De tous les Paillons, le Paillon de l’Escarène est celui dont la qualité des eaux est la meilleure : ainsi, la qualité physico chimique des eaux est bonne (classée 1B) à excellente (classée 1A). Le Paillon de l’Escarène présente des eaux alcalines (pH compris entre 8 et 8,6), bien minéralisées et riches en calcium (Ca2+). Elles sont dans l’ensemble peu polluées par les hydrocarbures polycycliques, les PCB, les pesticides et les métaux. La pollution d’origine agricole est faible sur les Paillons et les pollutions d’origine industrielle ont quant à elles fortement diminué depuis les années 80. On constate cependant une prolifération des dépôts, des remblaiements sauvages importants en lit mineur, des érosions de berges, une surexploitation de ses matériaux alluviaux, une légère dégradation de la qualité des eaux (légère eutrophisation et légère augmentation du taux de matières phosphorées mettant en évidence une pollution organique) dus aux effluents des stations d’épuration de l’Escarène, Lucéram et Peillon, même si leur impact reste limité, ainsi qu’une obstruction de son lit due à la chute fréquente de pierres liée à l’exploitation de la carrière des Clues. Malgré cela, on peut considérer que le lit du Paillon de l’Escarène ne paraît pas aujourd’hui fondamentalement déstabilisé. Sa nappe alluviale, de faible profondeur, et ses eaux superficielles sont fortement exploitées, particulièrement en été, pour l’alimentation en eau potable et pour l’irrigation : un certain réchauffement des eaux est ainsi observé. Sur le plan hydrobiologique, les eaux sont globalement d’assez bonne qualité, une légère dégradation étant constatée de l’amont vers l’aval. Sa richesse piscicole est relativement grande mais il ne semble pas faire l’objet d’une grande pression halieutique. Le Paillon de l’Escarène reste en définitive un cours d’eau tout à fait intéressant car assez peu artificialisé.

Flore et habitats naturels

La végétation riveraine du Paillon de l’Escarène correspond essentiellement à une formation de ripisylve riche en Peuplier noir (Populus nigra), Saule blanc (Salix alba) et Frêne à feuilles étroites (Fraxinus angustifolia). On constate également l’apparition d’espèces adventices telles que notamment la Canne de Provence qui forme localement des peuplements denses, par exemple dans le secteur de la Condamine. Quelques mentions d’espèces d’intérêt patrimonial sont à signaler (Acanthoprasium frutescens, Moehringia sedoides, Potentilla saxifraga).
Faune
Les gorges du Paillon offrent un peuplement faunistique d’un intérêt patrimonial assez marqué avec 10 espèces animales patrimoniales dont1 déterminante.
Les mammifères sont représentés par la Genette commune (Genetta genetta), petit carnivore remarquable, originaire d’Afrique et d’affinité méridionale, en expansion géographique dans notre pays, habitant les mosaïques de milieux variés avec forêts, bocages, coteaux, friches buissonneuses, broussailles, rochers, éboulis et cours d’eau, jusqu’à 2 000 m d’altitude.
Le Cincle plongeur (Cinclus cinclus) espèce remarquable, liée aux cours d’eau froids, propres et bien oxygénés, à courant plutôt vif, entre 100 et 2 400 m d’altitude, niche dans ces gorges.
Chez les poissons, mentionnons la présence du Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce remarquable d’affinité méridionale, liée aux cours d’eau clairs et bien oxygénés à débit rapide sur substrat de graviers, protégée au niveau européen par la directive C.E.E. « Habitats ».
Les amphibiens comprennent le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), également appelé Hydromante, espèce remarquable peu abondante à répartition très localisée en région P.A.C.A., correspondant à un endémique franco-italien présent en France uniquement dans deux départements (Alpes-Maritimes essentiellement et Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.
Quant aux arthropodes patrimoniaux, citons, parmi les espèces patrimoniales le Carabe de Solier (Carabus solieri), espèce déterminante et protégée en France, endémique des Alpes occidentales et de Ligurie, des pelouses subalpines et lisières forestières aux étages montagnards et subalpins.
Les peuplements de mollusques gastéropodes sont ici exceptionnels, caractérisés par la présence de six espèces rares ou endémiques : l'Aiguillette méditerranéenne (Renea elegantissima), espèce remarquable d'affinité sud alpine, forestière et hygrophile, en limite d’aire en région P.A.C.A. où on ne la rencontre que dans 3 stations dans les Alpes Maritimes, dans la litière des forêts humides et à la surface des rochers, la Pagoduline élancée (Argna ferrarii blanci), sous espèce rare et exclusivement répandue en France dans les Alpes Maritimes mais présente aussi en Espagne et en Italie, se rencontrant dans les bois humides et parmi les rochers ,l’Aiguillette du Paillon (Renea paillona), espèce remarquable et protégée en France, rare et endémique franco italienne, limitée en France à deux stations dans les Alpes Maritimes, le Cochlostome du Verdon (Cochlostoma macei), espèce remarquable rare et localisée, d’affinité méditerranéenne, endémique des départements du Var, des Alpes Maritimes et des Alpes de Haute Provence, se rencontrant à la surface des rochers calcaires, le Luisant fragile (Oxychilus maceanus), espèce remarquable d’escargot endémique du département des Alpes Maritimes, entre 200 et 900 m d’altitude, et l’Hélicon des gorges (Chilostoma cingulatum cingulatum), sous espèce remarquable endémique des Alpes du Sud franco italienne et localisée en France à 3 stations dans les Alpes Maritimes où elle fréquente les murs et les rochers sur substrat calcaire jusqu’à 1 500 m d’altitude.

Comments on the delimitation

La ZNIEFF prend en compte uniquement le système de gorges.