ZNIEFF 930020137
HAUTES GORGES DE LA SIAGNE ET DE LA SIAGNOLE - FORÊT DE BRIASQ ET PAS DE LA FAYE

(n° régional : 06100121)

Commentaires généraux

Description de la zone

Les gorges de la Siagne se situent en plein coeur d’un territoire de formation karstique présentant une multitude de cavités, avens ou grottes comme la grotte de Pâques située dans les gorges elles mêmes. Elles tranchent profondément une zone de plateaux ou de collines boisées d’altitude moyenne comme le plateau de Briasq.

Flore et habitats naturels

Les habitats remarquables à signaler sont les pelouses calcicoles de crête montagnardes du Potentillo velutinae Ononidetum striatae (Genistion lobelii), les formations de tuf (Cratoneurion commutati) très bien développées au lieudit Ponadieu, les yeuseraies supraméditerranéennes (Quercion ilicis) couvrant une surface importante, les hêtraies matures de fond de vallon du Fagion sylvaticae abritant de très gros hêtres sénescents. Les principaux éléments floristiques d'intérêt patrimonial appartiennent aux formations rupestres. On y observe en particulier quelques endémiques françaises comme le bec de grue de Rodié (Erodium rodiei) endémique stricte des préalpes de Grasse et la Marguerite de Gérard (Anthemis cretica subsp. gerardiana) ainsi que d'autres espèces rares mais à répartition plus large comme la Dauphinelle fendue (Delphinium fissum). Dans les zones forestières se trouve la Pivoine officinale (Paeonia officinalis subsp. huthii). Ce secteur difficile d'accès reste néanmoins méconnu des botanistes.

Faune

Cette zone abrite un patrimoine faunistique d’un très grand intérêt sur le plan biologique. Elle est fréquentée par 46 espèces animales patrimoniales dont 21 sont déterminantes.
Le peuplement mammalogique s’illustre par la présence de diverses chauves souris telles que le Rhinolophe euryale (Rhinolophus euryale), espèce cavernicole déterminante, thermophile et d’affinité méditerranéenne, vulnérable, devenue très rare et très localisée car en très forte régression, préférant les lieux boisés riches en grottes, sur substrat calcaire, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile, préférant les milieux boisés clairs sur substrat calcaire qui alternent avec des espaces dégagés, assez rare en montagne mais présent jusqu’à 2 000 m d’altitude, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce déterminante  et menacée, en diminution partout en France, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, le Vespertilion de Capaccini (Myotis capaccinii), espèce déterminante rare d’affinité méditerranéenne, s’alimentant essentiellement dans les formations de ripisylves, le Petit Murin (Myotis blythii), espèce déterminante  dite « vulnérable », thermophile de nette affinité méridionale, liées aux milieux boisés clairs proches de grottes, présente jusqu’à 2 100 m d’altitude, le Grand Murin (Myotis myotis), espèce déterminante plutôt commune mais localement en régression, thermophile et d’affinité méridionale, affectionnant les paysages semi ouverts légèrement boisés jusqu’à 2 000 m d’altitude, le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersi), espèce grégaire déterminante , menacée, en régression partout en France y compris dans notre région, d’affinité méditerranéenne et typiquement cavernicole et troglophile, recherchant les grottes et les cavernes proches d’endroits dégagés, les paysages karstiques riches en falaises avec cavités, jusqu’à 2 000 m d’altitude.
L’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, locale est marquée par la présence d’une espèce déterminante, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupicole rare et localisé en France et dans la région mais en augmentation et des espèces remarquables suivantes: Bondrée apivore (Pernis apivorus), rapace forestier d’affinité médioeuropéenne, recherchant les forêts claires de feuillus et les mosaïques de milieux boisés et de milieux ouverts, Aigle royal (Aquila chrysaetos), rapace diurne actuellement en légère augmentation après avoir fortement régressé, occupant préférentiellement les régions accidentées avec zones rocheuses et étendues forestières, Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale au régime alimentaire ophiophage, Autour des palombes (Accipiter gentilis), rapace forestier d’affinité médioeuropéenne, affectionnant les grands massifs forestiers avec des clairières jusqu’à 2 000 m d’altitude, Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce rupicole qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude, Cincle plongeur (Cinclus cinclus), espèce liée aux cours d’eau froids, propres et bien oxygénés, à courant plutôt vif, entre 100 et 2 400 m d’altitude, Monticole bleu (Monticola solitarius), espèce rupicole d’affinité méditerranéenne, se rencontrant dans les zones de falaises et d’escarpements rocheux, les gorges, les ruines, les garrigues claires rocailleuses, jusqu’à 1 600 m d’altitude, Monticole de roche (Monticola saxatilis), espèce rupicole moins méridionale que la précédente, des terrains accidentés secs, rocailleux et ensoleillés à végétation rase, jusqu’à 2 700 m d’altitude, Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle.
L‘herpétofaune locale est composée notamment du Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce déterminante d’affinité méditerranéenne des milieux ouverts, rocailleux et ensoleillés.
Les amphibiens sont quant à eux représentés par la Grenouille agile (Rana dalmatina), espèce remarquable forestière, d’affinité médioeuropéenne, plutôt localisée en région P.A.C.A. et assez rare dans le département des Alpes-Maritimes, présente jusqu’à 1 000 m d’altitude.
Chez les poissons, mentionnons la présence du Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce remarquable d’affinité méridionale, liée aux cours d’eau clairs et bien oxygénés à débit rapide sur substrat de graviers.
Les arthropodes de cette zone sont bien représentés, avec plusieurs cortèges.
Citons le Cloporte Armadillidium simoni, espèce remarquable calcicole, des pinèdes, chênaies et garrigues jusqu’à 650 m d’altitude, liée aux substrats datant de l’ère secondaire, principalement les calcaires jurassiques, endémique des Alpes Maritimes mais localement abondante.
Les coléoptères sont représentés par quatre espèces déterminantes, Laemostenus obtusus, espèce cavernicole et troglophile, endémique franco italienne, en limite d’aire et localisée en France dans les Alpes-de-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes, entre 350 et 1 700 m d’altitude dans les grottes et les cavités, le Charançon Polydrusus alchemillae, espèce rare et localisée présente jusqu’à 2 100 m d’altitude, Entomoculia siagnensis Staphylinidae endémique de Provence, où il se localise dans les sols chauds et assez secs, souvent au pied des arbres contre les souches, Paramaurops varensis, espèce de la sous famille des Pselaphinés (Coléoptères endogés), d’affinité méditerranéenne et endémique des départements du Var et des Alpes Maritimes (débordant sur les Alpes de Haute Provence), où elle est bien répandue et la Rosalie des Alpes (Rosalia alpina), espèce remarquable de coléoptères longicornes (Cerambycidés), protégée à l'échelle européenne, inféodée au bois sénescent de vieux arbres feuillus, surtout des hêtres.
Citons également la présence de Nabis mediterraneus, espèce déterminante de punaise, d'affinité ouest méditerranéenne, sciaphile et mésoxérophile, liée à la végétation herbacée, strictement localisée à la Péninsule ibérique et en France aux Alpes Maritimes, aux Alpes-de-Haute Provence et au Var (Esterel et Sainte-Baume).
Les lépidoptères sont également bien représentés avec la présence de cinq espèces déterminantes : la Cléophane des œillets (Teinoptera olivina = Copiphana olivina), Noctuidae à répartition peu étendue, d’affinité méridionale, vivant sur les œillets (Dianthus sp.), l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1 700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, le Sablé de la luzerne (Polyommatus dolus), espèce dont la sous espèce type (dolus) est endémique de Provence et peuple les chênaies claires, lisières et pelouses où croissent ses plante hôtes des sainfoins (Onobrychis ssp), le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), et de plusieurs espèces remarquables comme l’Eupithécie striée (Eupithecia spissilineata),  Geometridae peu commun, en limite d’aire de répartition dans les Alpes du sud, l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo asiatique, protégée au niveau européen, inféodée à la présence d’aristoloches dont elle se nourrit au stade larvaire et la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), espèce d’affinité ouest méditerranéenne, protégée en France, liée aux friches, garrigues et boisements.
Chez les orthoptères, citons l'Arcyptère provençale (Arcyptera kheili), espèce remarquable de criquet à mobilité réduite et endémique de Provence calcaire, qui peuple les pelouses sèches et les garrigues ouvertes.
Parmi les crustacés l’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes), espèce remarquable en régression, devenue rare et localisée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur et strictement inféodée aux eaux courantes fraiches et non polluées.
Enfin, chez les mollusques gastéropodes, mentionnons la présence de plusieurs espèces remarquables comme la Petite Moitessierie (Moitessieria locardi), espèce endémique de la région méditerranéenne française, le Cochlostome du Verdon (Cochlostoma macei), espèce rare et localisée, d’affinité méditerranéenne, endémique des départements du Var, des Alpes Maritimes et des Alpes-de-Haute Provence, se rencontrant à la surface des rochers calcaires, la Pagoduline italienne (Argna biplicata biplicata), sous espèce de répartition sud alpine, très rare en France, où elle n'est signalée que dans le Var et les Alpes Maritimes, aimant les endroits frais et abrités des bois rocailleux avec éboulis (litières de feuilles, mousses, fissures des rochers), de 500 à 1 500 m d’altitude, ainsi que la Marbrée de Dupuy (Macularia niciensis dupuyi) sous espèce protégée en France, endémique provençale localisée aux Alpes Maritimes, Var et Alpes-de-Haute Provence, fréquentant les rochers, les vieux murs, les oliveraies, surtout sur substrat calcaire, jusqu’à 2 500 m d’altitude.

Commentaires sur la délimitation

Les limites de la ZNIEFF ont été conçues afin de prendre en compte les éléments floristiques et faunistiques patrimoniaux en intégrant les domaines vitaux des grands rapaces non pris en compte par les ZNIEFF périphériques.