ZNIEFF 930020141
GORGES DU PIAON

(n° régional : 06100135)

Commentaires généraux

Description de la zone

Situées au nord de Sospel, les Gorges du Piaon sont le point le plus bas (490 m) de la zone cœur du Parc national du Mercantour. Creusées par la rivière Bévéra, elles sont étroites et sinueuses et présentent des dénivelés très spectaculaires.

Flore et habitats naturels

Les principaux milieux rencontrés dans les gorges sont des forêts de Charme houblon (Ostrya carpinifolia) du Carpinion orientalis, avec leur  faciès à Châtaignier, des éléments de la série orientale du Chêne pubescent, des formations rocheuses à Genévrier de Phénicie, des falaises calcaires du Saxifragion lingulatae riches en espèces endémiques des Alpes-Maritimes et des Alpes sud occidentales comme la Ballote buissonnante (Acanthoprasium frutescens). Les sapinières thermophiles atteignent ici leur limite sud. Parmi les espèces patrimoniales des Alpes-Maritimes, on peut citer en outre le Passerage à feuille d’halimus (Hormatophylla halimifolia), la Vesce noirâtre (Vicia melanops).

Faune

Les gorges du Piaon abritent un patrimoine faunistique assez élevé avec 26 espèces d’intérêt patrimonial, dont 11 déterminantes.

Le peuplement chiroptérologique local renferme notamment le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, et le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce cavernicole déterminante, commensale des rhinolophes, localisée et peu fréquente, thermophile et d’affinité méridionale, en régression en France, affectionnant les milieux boisés et buissonnants proches de cavités rocheuses, jusqu’à au moins 1 500 m d’altitude. Le Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région PACA, présent jusqu’à 2 500 m d’altitude, est également présent dans ces gorges, ainsi que la Genette commune (Genetta genetta).

Chez les oiseaux nicheurs, ou probablement nicheurs, d’intérêt patrimonial, mentionnons la présence des espèces suivantes : Aigle royal (Aquila chrysaetos), rapace diurne remarquable, actuellement en légère augmentation après avoir fortement régressé, occupant préférentiellement les régions accidentées avec zones rocheuses et étendues forestières, Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupicole déterminant, rare et localisé en France et en région PACA mais en augmentation, Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce remarquable rupicole, qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude, Tarin des aulnes (Carduelis spinus), passereau remarquable, d’affinité montagnarde et nordique, nicheur possible localement, très sporadique et rare en région PACA, lié aux vieilles forêts claires de conifères (pessières surtout mais aussi sapinières et dans une moindre mesure les pinèdes), entre 1 000 et 2 000 m d’altitude.

Les amphibiens comprennent le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), également appelé Hydromante, espèce remarquable peu abondante à répartition très localisée en région PACA, correspondant à un endémique franco-italien présent en France uniquement dans deux départements (Alpes-Maritimes essentiellement et Alpes-de-Haute-Provence), recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.

Quant aux reptiles, citons deux espèces remarquables, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

Chez les poissons, mentionnons le Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce remarquable d’affinité méridionale, liée aux cours d’eau clairs et bien oxygénés à débit rapide sur substrat de graviers.

Quant aux arthropodes patrimoniaux, citons l’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes), espèce remarquable de crustacés décapodes en régression, devenue rare et localisée en région PACA et strictement inféodée aux eaux courantes fraiches et non polluées.

Les insectes sont représentés par plusieurs cortèges.

Du côté des coléoptères, citons la présence de quatre espèces déterminantes : l’Athous frigide (Athous frigidus), Elatéridés (Taupins) endémique franco-italien, ici en limite d’aire, lié aux prairies sèches de montagne et souffrant de la colonisation de ses biotopes ouverts de prédilection par les ligneux, le staphylin Bryaxis nigriceps ainsi que deux Carabidae, Duvalius roberti, espèce endémique du département des Alpes-Maritimes, habitant préférentiellement les forêts sur substrat argilo schisteux acide entre 1 400 et 1 700 m d’altitude et Laemostenus obtusus, espèce cavernicole et troglophile, endémique franco-italienne, en limite d’aire et strictement localisée en France aux départements des Alpes-de-Haute-Provence et des Alpes-Maritimes, entre 350 et 1 700 m d’altitude dans les grottes et les cavités. Il est également imoportant de signaler la présence ancienne de trois autres espèces de coléoptères Carabidae déterminants qui nécessiteraient des prospections ciblées : Anostirus gabilloti, Molops ovipennis medius et Sphodropsis ghilianii.

Les insectes aquatiques sont représentés par trois espèces de trichoptères : Catagapetus nigrans, Plectrocnemia praestans et Tinodes maclachlani.

Deux autres arthropodes déterminants sont signalés du secteur et mériteraient d’être recherchés : l’araignée Zodarion fulvonigrum et le papillon Papilio alexanor.

Enfin, les peuplements de mollusques gastéropodes se distinguent par la présence de quatre espèces rares d’escargots, l’Hélicon des gorges (Chilostoma cingulatum cingulatum), sous espèce déterminante d’Hélicidés, endémique des Alpes du sud franco italienne et localisée en France à 3 stations dans les Alpes-Maritimes où elle fréquente les murs et les rochers sur substrat calcaire jusqu’à 1 500 m d’altitude, la Cochlostome ligure (Cochlostoma simrothi), espèce déterminante endémique franco-italienne localisée en France à 5 stations dans les Alpes-Maritimes, notamment vers 600-700 m d’altitude, l'Aiguillette méditerranéenne (Renea elegantissima), espèce remarquable d'affinité  sud alpine, forestière et hygrophile, en limite d’aire en région PACA où on ne la rencontre que dans 3 stations dans les Alpes-Maritimes, dans la litière des forêts humides et à la surface des rochers et la Perlée massue (Charpentieria itala), clausilie remarquable habitant les forêts de feuillus et les vieux murs en contexte boisé et dont les populations en agrégat sont morcelées en France, les données contemporaines étant seulement situées en région PACA, du Vaucluse aux Alpes-Maritimes.

Commentaires sur la délimitation

Localisée sur le cours de la Bévéra, la ZNIEFF s’étend de la Fontaine de Garou à Sainte-Madeleine et prend en compte toutes les zones encaissées formées par les gorges.