ZNIEFF 930020142
VALLÉE ET GORGES DE LA CAGNE

(n° régional : 06100136)

Commentaires généraux

Description de la zone

La partie nord ouest de la ZNIEFF présente des prairies de fond de vallon dans sa partie amont. La partie surplombée par le Baou de Saint Jeannet présente des vallons encaissés et sauvages qui entaillent les premiers plateaux du delta du Var. La Cagne et ses affluents coulent ici entre des parois abruptes colonisées par d'épais taillis qui rendent les fonds de vallons très ombragés. Ces zones fraîches contrastent fortement avec les plateaux chauds et ensoleillés. Localisées dans un contexte de bioclimat méditerranéen à basse altitude, il règne dans ces vallons un microclimat particulier où se retrouvent des espèces inféodées au supraméditerranéen et au montagnard.

Flore et habitats naturels

Le bassin de la Cagne amont comprend essentiellement des milieux ouverts agro pastoraux, installés en partie sur des terrains marno calcaire, avec sur sol profond des pelouses de fauche ou pâturées à Brome érigé (Bromus erectus) du Mesobromion erecti, localement riches en espèces d’orchidées. Les secteurs rocailleux et les pentes sont occupés par des garrigues à Euphorbe épineuse (Euphorbia spinosa), Thym (Thymus vulgaris), Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) et Genêt cendré (Genista cinerea), et des éboulis calcaires du Stipion calamagrostis. Les crêtes rocheuses et dalles calcaires xérophiles sont colonisées par des pelouses rases riches en espèces vivaces crassulescentes et espèces annuelles de l’Alysso alyssoidis Sedion albi. A partir du Saut du Ray, le cours de la Cagne s’encaisse, avec plusieurs cascades et ressauts ornés de formations de tuf (Cratoneurion commutati). La partie moyenne de la Cagne est bordée à l’étage supraméditerranéen par des forêts de Charme houblon (Ostrya carpinifolia) du Carpinion orientalis, qui succèdent progressivement à des formations plus thermophiles à l’étage mésoméditerranéen, à Chêne vert (Quercus ilex) et Frêne à fleurs (Fraxinus ornus), de l’alliance du Fraxino orni Quercion ilicis. Les versants raides d’adret qui dominent la rive gauche de la Cagne sous le Castelet abritent des taillis xérophiles de Chêne vert du Viburno tini – Quercetum ilicis (Quercion ilicis). En aval de Saint Jeannet, le cours de la Cagne garde un caractère encaissé jusqu’à l’entrée du Val de Cagne. Les formations boisées luxuriantes de fond de vallon dominées par le Charme houblon et le Frêne à fleurs tranchent nettement avec les boisements xérophiles des plateaux et hauts de versants, dominés par le Pin d’Alep (Pinus halepensis). La rivière est bordée dans cette partie méditerranéenne par l’ostryaie ripicole du Melico uniflorae Ostryetum carpinifoliae, associée à des taillis de Laurier (Laurus nobilis) de belle venue, et à un ourlet eutrophe à Consoude bulbeuse (Symphytum bulbosum) du Lamio maculati Symphytetum bulbosi (Geo urbani Alliarion petiolatae). Un petit boisement de Hêtre du Fagion sylvaticae est présent en station abyssale sous Saint Jeannet, et abrite la Clandestine écailleuse (Lathraea squamaria), espèce déterminante. La bryoflore comprend de nombreuses espèces patrimoniales comme Marchesinia mackaii, hépatique à feuilles méditerranéo atlantique très rare en France, Marchantia paleacea, Sematophyllum substrumulosum, Homalia lusitanica, Homalia besseri. Les lichens sont également représentés par de nombreuses espèces rares en France ou remarquables comme Lobaria pulmonaria, Dimerella lutea, Jullela lactea, Enterographa crassa, Enterographa elaborata, Encephalographa elisae.

Faune

Cette zone abrite un cortège faunistique intéressant avec 26 espèces animales d’intérêt patrimonial dont 6 sont déterminantes.
L’une des espèces les plus emblématiques du site était sans nul doute la Loutre signalée en 2000. Par absence d’observations récentes depuis, nous considérons qu’elle a disparu. Des investigations ciblées doivent toutefois être organisées sur ces sites de présence historique.
Le peuplement chiroptérologique se compose de trois espèces remarquables, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri) et la Vespère de Savi (Hypsugo savii).
L’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, locale est représentée par le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupestre assez rare et déterminant mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur, et plusieurs espèces remarquables comme la Bondrée apivore (Pernis apivorus), rapace forestier d’affinité médioeuropéenne, recherchant les forêts claires de feuillus et les mosaïques de milieux boisés et de milieux ouverts, le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, le Grand duc d’Europe (Bubo bubo), le Hibou petit duc (Otus scops), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), rapace forestier d’affinité médioeuropéenne, affectionnant les grands massifs forestiers avec des clairières jusqu’à 2 000 m d’altitude, l’Aigle royal (Aquila chrysaetos), rapace actuellement en légère augmentation après avoir fortement régressé, occupant préférentiellement les régions accidentées avec zones rocheuses et étendues forestières, la Huppe fasciée (Upupa epops), espèce de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, la Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), le Monticole de roche (Monticola saxatilis) ou le Pic noir (Dryocopus martius).
Une espèce déterminante de reptile est présente sur le site, le Lézard ocellé (Timon lepidus), une espèce rare et localisée dans les Alpes Maritimes.
Enfin, chez les arthropodes patrimoniaux, indiquons la présence de plusieurs cortèges.
Chez les coléoptères, citons la présence de deux Carabidae déterminants : Laemostenus obtusus, espèce cavernicole et troglophile, endémique franco italienne, en limite d’aire et strictement localisée en France aux Alpes-de-Haute-Provence et aux Alpes-Maritimes entre 350 et 1 700 m d’altitude dans les grottes et les cavités et Pterostichus ochsi (Troglorites ochsi), espèce très rare, appartenant à un genre très ancien, endémique du département des Alpes Maritimes, où on la rencontre dans les fentes des rochers, les avens et les grottes, sur substrat calcaire,
Les lépidoptères sont représentés par deux espèces déterminantes, le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 mètres d’altitude et le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea) accompagnées d’espèces remarquables comme la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo asiatique, protégée au niveau européen, inféodée à des aristoloches dont elle se nourrit au stade larvaire et l’Azuré du serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti.
Signalons enfin la présence du Grand fourmilion (Palpares libelluloides), espèce remarquable de neuroptères (ascalaphes et fourmilions), assez commune mais toujours localisée aux steppes et autres formations herbacées maigres et sèches, de l'Ephippigère de Provence (Ephippiger provincialis) ou « boudrague », espèce remarquable et endémique provençale qui peuple les friches, bois clairs et clairières qu’elle anime de sa stridulation durant les chaudes journées d’été et pour finir, l’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes), espèce remarquable de crustacés Décapodes, en régression et devenu assez rare et localisée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, strictement inféodée aux eaux courantes fraiches et bien oxygénées.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF prend en compte le cours de la Cagne de ses sources jusqu’à Cagnosc en intégrant les gorges de la Cagne.