Description de la zone
Plateau karstique de 1 100 m d'altitude en moyenne, qui présente un grand intérêt paysager et géologique : il s’agit en effet d'un karst semi couvert de réputation mondiale.
Il présente un grand nombre de structures caractéristiques de l’érosion karstique : avens, dolines, lapiaz, résurgences, gouffres, etc.
L'intérêt est aussi hydrologique (bassin de réception de toutes les alimentations des villages périphériques) et historique, constituant un exemple parfaitement conservé d’aménagement agricole et pastoral du Néolithique (très forte concentration de bories, type de parcellaire, drailles, etc.).
Flore et habitats naturelsLa richesse botanique de ce karst est connue internationalement. Le contraste entre les milieux abrités des lapiaz et des avens, et les milieux “ouverts” des rocailles de surface explique la richesse légendaire et renommée de ce plateau (plus de 800 espèces de plantes à fleurs). Le grand intérêt du plateau est la bonne représentation des pelouses calcicoles méditerranéo montagnardes de crête du Potentillo velutinae Ononidetum striatae (Genistion lobelii). Les dalles calcaires présentant une accumulation de terre fine sont colonisées par des pelouses rases du Saxifrageto granulatae Valerianetum tuberosae, abritant de nombreux géophytes dont différentes espèces patrimoniales de gagées. Les lapiaz abritent de belles communautés de fougères dont le rare Dryopteris submontana. Le plateau karstique est criblé de dolines à fond plat, offrant un sol plus profond dans lesquelles s’épanouissent des pelouses à Brome érigé (Bromopsis erecta) du Mesobromion erecti. Certaines dolines plus fortement effondrées abritent des formations de forêts de ravin de faible dimension dominées par le Fusain à larges feuilles (Euonymus latifolius) et le Tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos). Sur les Grands Prés de Caussols s’observent des prairies humides à Molinie bleue (Molinia caerulea) très typiques du Moliniion caeruleae, exceptionnelles dans un contexte de montagne méditerranéenne. Parmi les plantes rares et localisées, on peut citer la Fritillaire de Caussols (Fritillaria montana), l'Iris à feuille de graminée (iris graminea), l'Holostée hirsute (Holosteum breistrofferi). La présence de milieux humides (prairies, fossés, mares) permet le maintien d'espèces rares et menacées en France comme la Serratule à feuilles de Chanvre d'eau (Klasea lycopifolia) ou la Laîche de Hartman (Carex hartmanii). De belles populations de Pivoine officinale (Paeonia officinalis subsp. huthii) sont observables sur l'ensemble de cette zone. La bryoflore présente des espèces intéressantes et rares d’hépatiques à thalles comme Mannia triandra et Athalamia hyalina.
FauneLe plateau de Caussols possède un patrimoine faunistique d’un intérêt biologique très élevé, avec 55 espèces animales d’intérêt patrimonial dont 17 sont déterminantes.
Les mammifères sont représentés par le Loup gris (Canis lupus), un grand prédateur déterminant de retour depuis le début des années 1990 en France, après avoir été totalement exterminé, le Cerf élaphe (Cervus elaphus), espèce forestière remarquable. Le peuplement chiroptérologique est caractérisé par la présence d’un cortège tout à fait intéressant : le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile, préférant les milieux boisés clairs sur substrat calcaire qui alternent avec des espaces dégagés, assez rare en montagne mais présent jusqu’à 2 000 m d’altitude, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce déterminante et menacée, en diminution partout en France, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, le Vespertilion à oreilles échancrées, espèce cavernicole déterminante, commensale des rhinolophes, localisée et peu fréquente, thermophile et d’affinité méridionale, en régression en France, affectionnant les milieux boisés et buissonnants proches de cavités rocheuses, jusqu’à au moins 1 500 m d’altitude, le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersi), espèce grégaire déterminante , menacée, en régression partout en France y compris dans notre région, d’affinité méditerranéenne et typiquement cavernicole et troglophile, recherchant les grottes et les cavernes proches d’endroits dégagés, les paysages karstiques riches en falaises avec cavités, jusqu’à 2 000 m d’altitude, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce rupicole remarquable, rare, à effectifs faibles et donc vulnérable et en danger, thermophile d’affinité méditerranéenne, affectionnant les zones de collines et de montagnes avec falaises, ravins, grottes, constructions, ruines et murailles, jusqu’à 2 500 m d’altitude.
L’avifaune nicheuse locale comporte nombre d’espèces intéressantes d’affinité biogéographique variée (médioeuropéenne, voire nordique méditerranéenne, montagnarde). Le Moineau soulcie (Petronia petronia), espèce déterminante paléoxérique de milieux ouverts et rocailleux et d’affinité méridionale, en forte régression depuis plusieurs décennies, est accompagné de nombreuses espèces remarquables : Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, Autour des palombes (Accipiter gentilis), rapace d’affinité médioeuropéenne, affectionnant les grands massifs forestiers avec des clairières jusqu’à 2 000 m d’altitude, Caille des blés (Coturnix coturnix), espèce des milieux dégagés à végétation herbeuse haute (prairies et cultures notamment), jusqu’à 2 200 m d’altitude, Petit duc scops (Otus scops), espèce d’affinité méridionale en diminution aujourd’hui, présent jusqu’à 1 800 m d’altitude, Chevêche d’Athéna (Athene noctua), espèce e milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, en déclin général, présente jusqu’à 1 100 m d’altitude, Huppe fasciée, espèce de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, Torcol fourmilier (Jynx torquilla), espèce plutôt localisée et pas très fréquente en région P.A.C.A., des milieux boisés clairs à tendance xérothermique jusqu’à 1 400 m d’altitude, Pic épeichette (Dendrocopos minor), espèce plutôt localisée et pas très fréquente en région P.A.C.A., liée aux forêts claires de feuillus caducifoliés jusqu’à 1 600 m d’altitude, Monticole bleu (Monticola solitarius), espèce rupicole d’affinité méditerranéenne, se rencontrant dans les zones de falaises et d’escarpements rocheux, les gorges, les ruines, les garrigues claires rocailleuses, jusqu’à 1 600 m d’altitude, Monticole de roche (Monticola saxatilis), Fauvette orphée (Sylvia hortensis), passereau plutôt localisé et en léger déclin, d’affinité méridionale marquée, propre aux coteaux boisés, secs et ensoleillés riches en buissons élevés jusqu’à 1 300 m d’altitude, Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle, Crave à bec rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax), espèce grégaire et rupicole assez rare et en légère régression, d’affinité montagnarde, présente jusqu’à 2 300 m d’altitude, propre aux falaises et escarpements rocheux (où il niche) situés à proximité de prairies, landes et pâturages où il se nourrit), Bruant proyer (Emberiza calandra), espèce de milieux ouverts, encore assez fréquente de nos jours mais en régression.
Chez les amphibiens, mentionnons la présence locale du Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), espèce remarquable franco-ibérique et ouest méditerranéenne, aujourd’hui en régression et vulnérable, liée aux milieux ouverts humides proches de points d’eau riches en végétation aquatique jusqu’à 1 200 m d’altitude.
L‘herpétofaune est représenté par la Vipère d’Orsini (Vipera ursinii), espèce déterminante d’affinité orientale aujourd’hui rare, très localisée, en régression et menacée d’extinction en France, liée aux pelouses sèches et rocailleuses à genévriers entre 900 et 2 200 m d’altitude accompagnée de deux espèces remarquables, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.
La faune entomologique locale présente un grand nombre d’espèces d’intérêt patrimonial.
Les peuplements de lépidoptères, très diversifiés, abritent notamment le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce déterminante de lépidoptère d’affinité méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2500 m d’altitude, la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo asiatique, protégée au niveau européen, localement surtout inféodée à Aristolochia pistolochia, dans les chênaies claires et pentes rocailleuses bien exposées jusqu’à 1 300 m d’altitude, l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), espèce remarquable d’Hespéridés en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs, l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), espèce remarquable de lépidoptère diurne d’affinité ouest méditerranéenne, protégée en France, liée aux friches, garrigues et boisements clairs, et la Zygène des gesses (Zygaena nevadensis), espèce remarquable et peu commune dont la sous espèce gallica est endémique de Provence et des Préalpes occidentales françaises.
Du côté des coléoptères, sont présentes plusieurs espèces déterminantes comme les Carabidae Duvalius voraginis, espèce cavernicole très rare, endémique du Var et des Alpes-Maritimes et dont la présence serait à actualiser, Bembidion grisvardi (= Ocydromus grisvardi), espèce qui recherche les zones accidentées situées au bord des eaux courantes, dont la répartition est localisée en France à cinq départements éparpillés dans le sud de la France, Duvalius brujasi, espèce cavernicole dont la sous espèce devillei est endémique des Alpes-Maritimes, et Carabus solieri, espèce protégée en France, endémique des Alpes occidentales et de Ligurie, des pelouses subalpines et lisières forestières aux étages montagnards et subalpins, accompagnées du Charançon Aulacobaris ochsi, espèce endémique des Alpes-Maritimes où elle se localise dans la zone préalpine sur les cardamines (Cardamina sp.), Bathysciola spectata, Leiodidae cavernicole, troglobie et endémique des Alpes-Maritimes, le staphylin Paramaurops varensis, espèce de la sous famille des Pselaphinés (coléoptères endogés), d’affinité méditerranéenne et endémique des Préalpes du sud françaises où elle est bien répandue ainsi que deux espèces remarquables de Cerambycidae aptère, le Lamie berger (Iberodorcadion fuliginator meridionale), sous-espèce dont les larves terricoles se nourrissent de racines de fétuques, endémique de Provence et le Dorcadion meunier (Iberodorcadion molitor), espèce dont les larves terricoles se nourrissent de racines de fétuques, endémique du nord-est de l'Espagne et de la France méridionale.
Les orthoptères sont représentés par le Criquet hérisson (Prionotropis azami), espèce déterminante, protégée et en régression, endémique des plateaux calcaires de Provence qui colonise les pelouses rases, l'Arcyptère provençale (Arcyptera kheili), espèce remarquable de criquet à mobilité réduite et endémique de Provence, qui peuple divers milieux ouverts calcicoles, le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous-espèce déterminante et endémique de Haute-Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux et le Grillon testacé (Eugryllodes pipiens), espèce ouest méditerranéenne dont la sous espèce provincialis est endémique du sud de la France, qui peuple les pentes rocailleuses et pelouses sèches sur les reliefs exposés.
Pour terminer, citons la présence du cloporte Caeroplastes porphyrivagus, espèce remarquable connue uniquement de France et de Sardaigne, présente dans la quasi-totalité de la région PACA, du littoral et des îles côtières (d’Hyères et de Lérins) jusque dans les régions de moyenne montagne où elle peut atteindre 1 000 m d’altitude.
Le plateau karstique a été pris dans son ensemble.