ZNIEFF 930020147
KARST DE SAINT-BARNABÉ

(n° régional : 06109102)

Commentaires généraux

Description de la zone

Le plateau de Saint Barnabé est un plateau karstique modelé par l’érosion. C’est un site exceptionnel creusé de nombreuses cavités, avens et grottes dont la plus spectaculaire est la grotte d’Eynesi.
La partie centrale est essentiellement couverte de landes caillouteuses. Les dolines et les talwegs, dominés par les pelouses rases et comblés par des alluvions, portent de petits bois de Chênes pubescents et des pelouses maigres.

Flore et habitats naturels

Les dalles calcaires présentant une accumulation de terre fine sont colonisées par des pelouses rases du Saxifrageto granulatae Valerianetum tuberosae, abritant de nombreux géophytes dont la Gagée saxatile (Gagea bohemica). Les lapiaz peu profonds sont colonisés par une végétation d’ourlet xérophile du Geranion sanguinei très riche floristiquement, hébergeant de nombreuses plantes rares comme l’Iris à feuilles de graminée (Iris graminea) et la Dauphinelle fendue (Delphinium fissum). Le plateau karstique est criblé de dolines à fond plat, offrant un sol plus profond dans lesquelles s’épanouissent des pelouses à Brome érigé (Bromopsis erecta) du Mesobromion erecti. Certaines dolines plus fortement effondrées abritent des formations de forêts de ravin de faible dimension dominées par le Fusain à larges feuilles (Euonymus latifolius) et le Tilleul à grandes feuilles (Tilia platyphyllos). Le Bois des Pouis est une hêtraie remarquable du Fagion sylvaticae, dont les lisières et clairières abritent de belles populations de Pivoine officinale (Paeonia officinalis subsp. huthii). On peut encore noter la présence du Cytise d’Ardoino (Cytisus ardoinoi) présent dans les garrigues et pelouses xérophiles.

Faune

Cette zone présente un intérêt biologique très élevé avec 43 espèces animales d’intérêt patrimonial, dont 13 sont déterminantes.

Le cortège mammalogique se compose du Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce de chauve-souris déterminante et du Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand cervidé remarquable cantonné aux massifs forestiers.

L’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, locale comprend un grand nombre d’espèces d’affinité biogéographique variée (médioeuropéenne, voire nordique méditerranéenne, montagnarde). Parmi celles-ci, deux sont déterminantes : le Traquet oreillard (Oenanthe hispanica), espèce d’affinité méditerranéenne, rare et localisée, en légère régression dans la région, affectionnant les zones rocailleuses dénudées avec quelques buissons et arbustes jusqu’à 1 300 m d’altitude et la Pie-grièche à tête rousse (Lanius senator), espèce de milieux ouverts méditerranéens. Elles sont accompagnées de plusieurs espèces remarquables : Bondrée apivore (Pernis apivorus), rapace forestier, d’affinité médioeuropéenne, recherchant les forêts claires de feuillus et les mosaïques de milieux boisés et de milieux ouverts, Circaète Jean le blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, Caille des blés (Coturnix coturnix), espèce des milieux dégagés à végétation herbeuse haute (prairies et cultures notamment), jusqu’à 2 200 m d’altitude, Petit duc scops (Otus scops), espèce d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, présent jusqu’à 1 800 m d’altitude, Chevêche d’Athéna (Athene noctua), espèce de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, en déclin général, présente jusqu’à 1100 m d’altitude, Huppe fasciée(Upupa epops) espèce remarquable de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, Torcol fourmilier (Jynx torquilla), espèce forestière plutôt localisée et peu fréquente dans la région, des milieux boisés clairs à tendance xérothermique jusqu’à 1 400 m d’altitude, Pic épeichette (Dendrocopos minor), espèce forestière plutôt localisée et peu fréquente dans la région, liée aux forêts claires de feuillus caducifoliés jusqu’à 1 600 m d’altitude, Monticole bleu (Monticola solitarius), espèce rupicole d’affinité méditerranéenne, se rencontrant dans les zones de falaises et d’escarpements rocheux, les gorges, les ruines, les garrigues claires rocailleuses, jusqu’à 1 600 m d’altitude, Monticole de roche (Monticola saxatilis), espèce rupicole moins méridionale que la précédente, des terrains accidentés secs, rocailleux et ensoleillés à végétation rase, jusqu’à 2 700 m d’altitude, Fauvette orphée (Sylvia hortensis), passereau plutôt localisé et en léger déclin, d’affinité méridionale marquée, propre aux coteaux boisés, secs et ensoleillés riches en buissons élevés jusqu’à 1 300 m d’altitude, Pie grièche méridionale (Lanius meridionalis), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle, Pie grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle, Bruant fou (Emberiza cia), passereau d’affinité à la fois méridionale et montagnarde, propre aux milieux ouverts et rocailleux, secs et ensoleillés, de 300 à 2 600 m d’altitude, Bruant ortolan (Emberiza hortulana), espèce xérothermophile des milieux ouverts et semi ouverts, secs et ensoleillés, parsemés d’arbres et de buissons, d’affinité méridionale, en nette régression en France depuis 1950, jusqu’à 1 300 m d’altitude.

Deux espèces remarquables de reptiles sont également présentes, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.
Les arthropodes d’intérêt patrimonial sont quant à eux représentés par de nombreuses espèces.

Citons ainsi pour les coléoptères plusieurs espèces, toutes déterminantes : le Carabique Duvalius ochsi, espèce cavernicole et endémique de certains massifs calcaires des Alpes-Maritimes (débordant sur les Alpes de Haute Provence), le Carabique Pterostichus ochsi (=Troglorites ochsi), espèce très rare de Carabidés appartenant à un genre très ancien, endémique du département des Alpes Maritimes où on la rencontre dans les fentes des rochers, les avens et les grottes, sur substrat calcaire, le carabique Duvalius brujasi, Carabidés cavernicole dont la sous espèce devillei est endémique des Alpes Maritimes, le carabique Duvalius paulinae, espèce cavernicole et troglobie, endémique du département des Alpes Maritimes où elle est assez localisée, Troglodromus bucheti, coléoptère endémique des Alpes Maritimes et le staphylin Paramaurops varensis, espèce de la sous famille des Pselaphinés (coléoptères endogés), d’affinité méditerranéenne et endémique des départements du Var et des Alpes Maritimes (débordant sur les Alpes de Haute Provence), où elle est bien répandue.

Les lépidoptères sont quant à eux représentés par le Sablé de la luzerne (Polyommatus dolus dolus), espèce déterminante dont la sous espèce dolus est endémique de Provence et peuple les chênaies claires, lisières et pelouses où croissent ses plante hôtes des sainfoins (Onobrychis ssp.), l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce remarquable et protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce déterminante de lépidoptère d’affinité méditerranéo montagnarde dont l’aire de répartition ibéro provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), l’Hermite (Chazara briseis), espèce remarquable en forte régression, liée aux milieux très ouverts et secs où croissent ses plantes hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes), le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce déterminante et protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, l’Apollon (Parnassius apollo), espèce remarquable d'affinité montagnarde, protégée au niveau européen, peuplant les rocailles, pelouses et éboulis à Crassulacées et Saxifragacées entre 500 et 2 500 m d’altitude, la Diane (Zerynthia polyxena), espèce méditerranéo asiatique, protégée au niveau européen, inféodée à des aristoloches dont elle se nourrit au stade larvaire, l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii), espèce remarquable d’Hespéridés en régression, inféodée aux milieux ouverts et secs, la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), espèce remarquable d’affinité ouest méditerranéenne, protégée en France, liée aux friches, garrigues et boisements clairs où se développent ses plantes hôtes, la Zygène des gesses (Zygaena nevadensis), espèce remarquable et peu commune dont la sous espèce gallica est endémique de Provence et des Préalpes occidentales françaises et la Cléophane des œillets (Teinoptera olivina = Copiphana olivina), espèce déterminante d'Hétérocères Noctuidae à répartition peu étendue, d’affinité méridionale, vivant sur les œillets (Dianthus sp.).

Pour terminer, citons la présence de la Lycose de Narbonne (Lycosa tarantula), espèce remarquable d'affinité ouest méditerranéenne qui recherche les pelouses sèches dans lesquelles elle creuse son terrier.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF est délimitée par le plateau karstique au nord du Puy de Tourette qui s’étend de la combe de l’Aigre à l’ouest au col de Vence à l’est.