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Description de la zone
Il s’agit d’une belle zone montagneuse au relief très marqué, comprise entre les altitudes extrêmes de 350 à 1 450 m environ. La couverture végétale est essentiellement forestière et rattachée dans sa plus grande partie aux étages subméditerranéen et montagnard. Dans la zone située entre le col de Braus et Turini se déveloacppent des séries des grès de Peira Cava (flysch) qui montre des figures sédimentaires très belles et très variées.
Flore et habitats naturels
Le principal intérêt en termes d’habitats réside dans la présence du Hêtre (Fagus sylvatica) qui constitue des forêts naturelles à l’étage montagnard. Sur grès se rencontre la hêtraie acidophile à Luzule du Piémont (Luzula pedemontana) et Luzule blanc de neige (Luzula nivea) du Luzulo pedemontanae Fagetum sylvaticae (Fagion sylvaticae), type forestier très rare en France, bien représenté en Italie (Piémont, Ligurie), trouvant ici ses stations les plus occidentales. Sur calcaire, elle est remplacée par la hêtraie et la hêtraie sapinière à Trochiscanthes nodiflore (Troschiscanthes nodiflora) du Troschiscantho Abietetum albae (Fagion sylvaticae). Une autre originalité de la ZNIEFF est la présence du Faux chêne liège (Quercus crenata), et du Chêne chevelu (Quercus cerris), ce dernier caractérisant sur grès un type de chênaie pubescente orientale du Carpinion orientalis, en limite d’aire occidentale dans les Alpes Maritimes. On note aussi le développement de landes acidophiles à Bruyère arborescente (Erica arborea) et Genêt d’Allemagne (Genista germanica) de l’Erico arboreae Genistetum pilosae (Genistion tinctorio germanicae, communauté répandue dans le Piémont, qui devient sporadique dans les Alpes Maritimes.
Parmi la flore patrimoniale, signalons la Vesce noirâtre (Vicia melanops), l'Inule changeante (Inula bifrons), le Vératre noir (Veratrum nigrum). Parmi les bryophytes patrimoniales, on compte la Buxbaumie verte (Buxbaumia viridis), mousse saprolignicole croissant sur le bois pourrissant des conifères à l’étage montagnard.
Faune
Cette zone dispose d’un patrimoine faunistique intéressant avec 53 espèces animales patrimoniales dont 18 déterminantes.
Chez les mammifères, signalons la présence du Loup (Canis lupus), carnivore forestier déterminant aujourd’hui en expansion mais présent avec de faibles effectifs, de la Genette commune (Genetta genetta), carnivore remarquable rare dans les Alpes-Maritimes, du Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région P.A.C.A., présent jusqu’à 2 500 m d’altitude, de la Taupe aveugle (Talpa caeca), espèce déterminante de petit mammifère d'affinité méditerranéenne, et de deux chauves-souris, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite d’une part les milieux forestiers (surtout ceux riverains de l’eau) pour la chasse et d’autre part les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, jusqu’à 2 400 m d’altitude, et la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce remarquable arboricole et forestière, relativement fréquente, présente jusqu’à 2 200 m d’altitude.
En ce qui concerne les oiseaux nicheurs, ou probablement nicheurs, citons la présence d’une espèce déterminante, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), espèce rare et localisée dans les Alpes Maritimes, cantonnée aux habitats rupestres, accompagné de plusieurs espèces remarquables : Bondrée apivore (Pernis apivorus), rapace d’affinité médioeuropéenne, recherchant les forêts claires de feuillus et les mosaïques de milieux boisés et de milieux ouverts, Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, Autour des palombes (Accipiter gentilis), rapace d’affinité médioeuropéenne, affectionnant les grands massifs forestiers avec des clairières jusqu’à 2 000 m d’altitude, Huppe fasciée (Upupa epops), espèce de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, Bruant ortolan (Emberiza hortulana), espèce xérothermophile des milieux ouverts et semi ouverts, secs, ensoleillés, parsemés d’arbres et de buissons, jusqu’à 1 300 m d’altitude, d’affinité méridionale, en nette régression depuis 1950. Le statut de la Chevêchette d'Europe (Glaucidium passerinum), espèce déterminante, serait à préciser sur ce site. A noter également le passage régulier de Vautour fauve (Gyps fulvus), durant leurs déplacements ou à la recherche de nourriture.
Les poissons d’eau douce sont ici représentés par le Barbeau méridional (Barbus meridionalis), poisson remarquable d’affinité méridionale, lié aux cours d’eau clairs et bien oxygénés à débit rapide sur substrat de graviers.
Les amphibiens sont représentés par le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), espèce remarquable peu abondante, endémique franco-italien présente en France dans les Alpes-Maritimes essentiellement, puis dans les Alpes-de-Haute-Provence, recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) entre 0 et 2 400 m d’altitude et la Grenouille agile (Rana dalmatina) dont l’indigénat sur cette localité reste à préciser.
Le Lézard ocellé (Timon lepidus) ; espèce remarquable des écosystèmes ouverts et semi-ouverts à affinité méditerranéenne, est également présent sur ce site. Il est accompagné par la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.
Les arthropodes d’intérêt patrimonial sont représentés par plusieurs cortèges.
Parmi les isopodes, citons la présence du cloporte Buddelundiella zimmeri zimmeri, sous espèce déterminante endémique des Alpes-Maritimes, autrefois largement répandue dans ce département mais aujourd’hui localisée à quelques stations seulement dans les ravins humides sous les pierres.
Les coléoptères sont représentés par le Saphane de Truqui (Drymochares truquii), espèce déterminante de la famille des longicornes (Cérambycidés), rare et localisée, présente en France exclusivement dans la région dans les Alpes du sud, liée aux forêts riches en noisetiers, notamment les aulnaies et ostryaies. A noter également les citations anciennes de deux autres espèces déterminantes de Carabidae qui mériteraient des prospections ciblées : Molops ovipennis medius et Sphodropsis ghilianii (non revues depuis 1952).
Parmi les lépidoptères, citons la présence de six espèces déterminantes : la Noctuelle des peucédans (Gortyna borelii), Noctuidae dont la sous-espèce lunata n'est présente en France que dans les pelouses xérophiles calcaricoles des Alpes-Maritimes, du Var et de la Corse, la Zygène de la Vésubie (Zygaena brizae), espèce protégée en France dont la sous espèce vesubiana est endémique des Alpes du sud franco italiennes, rare et localisée, qui fréquente les pelouses à cirses à l’étage montagnard, l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), espèce d’affinité méditerranéenne orientale, qui affectionne les pelouses sèches et boisements clairs thermophiles où sa chenille se développe sur des potentilles (Potentilla hirta et espèces proches), le Semi apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, le Sablé de la luzerne (Polyommatus dolus), dont la sous-espèce dolus est endémique de Provence et peuple les chênaies claires, lisières et pelouses où croissent ses plante hôtes des sainfoins (Onobrychis ssp). Ces papillons sont accompagnés de nombreuses espèces remarquables comme l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), espèce à aire de distribution morcelée, inféodée aux milieux rocheux où croissent les plantes nourricières de sa chenille, des orpins (Sedum), l’Hermite (Chazara briseis), espèce en forte régression, liée aux milieux très ouverts, secs et rocailleux où croissent ses plantes hôtes, plusieurs graminées (fétuques et brachypodes), le Grand sylvain (Limenitis populi), espèce typique des lisières et clairières à trembles, plante nourricière de sa chenille, la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), Zygène, d’affinité ouest méditerranéenne, protégée en France, liée aux pelouses, friches, garrigues et boisements clairs où croît la principale plante nourricière de sa chenille, la Badasse (Dorycnium pentaphyllum), la Turquoise de la Sanguinaire (Adscita albanica = Adscita dujardini, correspondant aux populations à l’ouest de la Slovénie), espèce ne se trouvant en France que dans les Alpes Maritimes, la Zygène des bugranes (Zygaena hilaris), espèce d'affinité ibéro provençale, liée aux pelouses et friches sèches où croît sa plante hôte (Bugrane jaune Ononis natrix), la Laineuse du prunellier (Eriogaster catax), espèce de la famille des bombyx (Lasiocampidés), protégée au niveau européen, globalement rare, sensible aux pesticides, inféodée à divers habitats pré forestiers tels que les lisières forestières, les bocages et les friches. A citer également la citation ancienne la Nyssie florentine (Lycia florentina), espèce déterminante de Geometridae présente en France uniquement dans les Alpes-Maritimes dans les creux humides et boisés vers 900 m d'altitude, non revue depuis 1984.
Citons également deux espèces d’orthoptères, le Criquet de la Bastide (Chorthippus saulcyi daimei), sous-espèce déterminante et endémique de Haute-Provence et des Alpes du sud, peuplant les landes et pelouses des versants montagneux et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), sauterelle cavernicole endémique franco-italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides.
Enfin, les mollusques gastéropodes sont représentés par deux espèces déterminantes : la Cochlostome ligure (Cochlostoma simrothi), espèce endémique franco-italienne localisée en France à 5 stations dans les Alpes-Maritimes, notamment vers 600-700 m d’altitude et la Pagoduline lisse (Argna bourguignatiana), espèce remarquable et protégée en France, endémique provenço-ligure, très rare, exclusivement signalée en France de deux stations dans les Alpes-Maritimes. Plusieurs espèces remarquables sont aussi inventoriées notamment l'Escargotin montagnard (Gittenbergia sororcula), espèce à l'aire de répartition dispersée et rare en région PACA, qui fréquente les milieux montagnards au sein des forêts sèches dans les rochers calcaires, et le Maillot sud-alpin (Pagodulina austeniana), escargot localisé, principalement présent à l'est de la région, dans les Alpes-Maritimes et au sud-est des Alpes-de-Haute-Provence, d'écologie calcicole, il vit dans les forêts humides entre les rochers ou dans les vieux murs.
La ZNIEFF s’étend sur la zone forestière localisée au nord de l’Escarène et intègre la chaîne montagneuse orientée nord sud qui comprend la cime de Rocaillon, le Mont Castello et d’ouest en est, de Saint Arnoux au col de Braus.
