ZNIEFF 930020162
LE VAR ET SES PRINCIPAUX AFFLUENTS

(n° régional : 06140100)

Commentaires généraux

Description de la zone

Dans sa partie amont, le Var forme des gorges très spectaculaires en traversant des schistes rouges (Gorges de Dalius) ou des bancs de calcaire très durs (Défilé de Chaudan).

Dans sa partie aval du pont de Manda jusqu’à la mer, le Var est bordé par des ripisylves de la série méditerranéenne du peuplier blanc. Le cours d’eau est totalement endigué et aménagé par des microcentrales électriques et des ponts. Malgré cela, entre divers ouvrages se sont reconstitués des biotopes liés aux zones humides.

La ZNIEFF prend également en compte certains affluents du Var, notamment le Coulomp, qui rejoint le fleuve à l’ouest du village d’Entrevaux. Ces cours d’eau associent des bancs de graviers et de sables, dont certains sont végétalisés en partie par des plantes pionnières, des formations riveraines à Saules (Salix elaeagnos et Salix purpurea) et des cordons boisés en galerie d’Aulne blanc (Alnus incana). Sur les marges du site, des habitats rocheux comprenant des falaises, escarpements et éboulis et des formations forestières de Mélèze (Larix decidua), Pin sylvestre (Pinus sylvestris) et Chêne pubescent (Quercus humilis) sont à remarquer.Flore et habitats naturels

C’est une des rares plaines alluviales des Alpes-Maritimes à avoir conservé une diversité de flore hygrophile. On y trouve par exemple des ripisylves à aulne glutineux, des roselières et formations herbacées, des eaux courantes, fossés et berges, des sables et des graviers. Du confluent de l'Estéron jusqu'à la mer subsistent des peuplements de la très rare Massette naine (Typha minima). En revanche, les remarquables peuplements palustres qui ont fait la renommée de l'embouchure du Var en aval de Colomars ne sont plus qu'un souvenir. Les différents aménagements dont a été victime le fleuve ont été fatals aux Fimbristylis bisumbellata, Cyperus flavidus, Cyperus laevigatus...

Faune

Cette rivière abrite un cortège faunistique d’un intérêt biologique élevé avec 96 espèces animales patrimoniales dont 55 déterminantes.

L’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, d’intérêt patrimonial comprend nombre d’espèces rares et localisées dans la région et dans les Alpes-Maritimes, en particulier des espèces liées aux milieux aquatiques et littoraux : le Blongios nain (Ixobrychus minutus), espèce paludicole déterminante liée aux phragmitaies, devenue rare et localisée en France et en région P.A.C.A. à la suite d’une régression marquée de ses effectifs reproducteurs, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), rapace remarquable, d’affinité médioeuropéenne, affectionnant les grands massifs forestiers avec des clairières jusqu’à 2 000 m d’altitude, la Sterne pierregarin (Sterna hirundo), espèce déterminante et localisée liée aux milieux aquatiques et littoraux, dont jusqu’à 200 couples nichent sur les rives du Var et à son embouchure, le Chevalier guignette (Actitis hypoleucos), espèce paléarctique remarquable, liée aux rivières et torrents à courant rapide, assez localisée et peu abondante comme nicheuse en région P.A.C.A., le Petit Gravelot (Charadrius dubius), espèce remarquable plutôt localisée en région P.A.C.A. et liée au milieu aquatique (cours d’eau), le Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus), espèce littorale remarquable, localisée et assez rare en région P.A.C.A., dont une vingtaine de couples nichent localement (seule station de cette espèce dans le département des Alpes-Maritimes), le Petit-duc scops (Otus scops), espèce remarquable de nette affinité méridionale, encore assez fréquente mais en diminution sensible, la Huppe fasciée (Upupa epops), espèce remarquable de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, présent jusqu’à 1 800 m d’altitude, le Pic épeichette (Dendrocopos minor), espèce forestière remarquable plutôt localisée et pas très fréquente en région P.A.C.A., liée aux forêts claires de feuillus caducifoliés jusqu’à 1 600 m d’altitude, affectionnant en particulier les formations de ripisylves, l’Hirondelle rousseline (Cecropis daurica), espèce déterminante d’affinité méditerranéenne, en expansion en région P.A.C.A., le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), espèce remarquable, liée aux cours d’eau froids, propres et bien oxygénés, à courant plutôt vif, de 100 à 2 400 m d’altitude, le Monticole bleu (Monticola solitarius), espèce rupicole remarquable, d’affinité méditerranéenne, peu abondante et assez localisée, se rencontrant dans les zones de falaises et d’escarpements rocheux, les gorges, les ruines, les garrigues claires rocailleuses, jusqu’à 1 600 m d’altitude, la Pie-grièche à tête rousse (Lanius senator), espèce déterminante des milieux ouverts méditerranéens, le Var concentrant la majorité de la population régionale, la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), espèce remarquable de milieux ouverts et semi ouverts, en régression à l’heure actuelle, le Bruant proyer (Emberiza calandra), espèce remarquable de milieux ouverts, encore assez fréquente de nos jours mais en régression. Cette ZNIEFF est également une zone de passage pour de nombreux autres oiseaux comme le Busard cendré (Circus pygargus), le Faucon Kobez (Falco verspertinus), l’Oie cendrée (Ancer ancer), Nette rousse (Netta rufina), la Glaréole à collier (Glareola pratincola), la Guifette moustac (Chlidonias hybrida), le Goéland railleur (Chroicocephalus genei), la Sterne hansel (Gelochelidon nilotica), la Sterne naine (Sterna albifrons), la Mouette mélanocéphale (Ichthyaetus melanocephalus), l’Avocette élégante (Recurvirostra avosetta), le Chevalier gambette (Tringa totanus), la Marouette ponctuée (Porzana porzana), la Marouette poussin (Zapornia parva), la Marouette de Baillon (Zapornia pusilla), l’Alouette calandrelle (Calandrella brachydactyla), la Grande aigrette (Ardea alba), le Héron pourpré (Ardea purpurea), le Crabier chevelu (Ardeola ralloides), le Butor étoilé (Botaurus stellaris), la Cigogne blanche (Ciconia ciconia), la Spatule blanche (Platalea leucorodia), l’Ibis falcinelle (Plegadis falcinellus), le Flamant rose (Phoenicopterus roseus) et le Grèbe à cou noir (Podiceps nigricollis). 

Le cortège mammalogique se compose du Bouquetin (Capra ibex), du Grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), une espèce déterminante et du Petit rhinolphe (Rhinolophus hipposideros) une espèce remarquable rare et localisée dans les Alpes Maritimes.

L‘herpétofaune locale renferme notamment le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce remarquable d’affinité méditerranéenne des milieux ouverts, rocailleux et ensoleillés dont il existe encore sur le site d’importantes populations en nombre d’individus. Il est accompagné par le Seps strié (Chalcides striatus), espèce remarquable à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce remarquable du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés, et la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

Les amphibiens sont représentés par le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), espèce remarquable peu abondante à répartition très localisée en région P.A.C.A., correspondant à un endémique franco-italien présent en France surtout dans les Alpes-Maritimes, recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.

Parmi les poissons d’eau douce, citons une espèce déterminante, l’Anguille d’Europe (Anguilla anguilla) et trois espèces remarquables : la Blennie fluviatile (Blennius fluviatilis), espèce d’affinité méditerranéenne, assez localisée et peu fréquente dans la région et dans les Alpes-Maritimes (le Var étant sa seule station connue dans ce département), vulnérable, menacée et exigeante sur les conditions écologiques de son habitat (les cours d’eau, canaux et lacs aux eaux claires et peu profondes, stagnantes ou à courant lent, sur substrat rocheux), la Truite de mer (Salmo trutta), signalée sur le cours aval du Var, encore rare dans le département des Alpes-Maritimes mais en augmentation, sensible à la pollution et à la modification de ses habitats, dont les effectifs actuels restent globalement faibles et le Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce d’affinité méridionale, liée aux cours d’eau clairs et bien oxygénés à débit rapide sur substrat de graviers.

En ce qui concerne les arthropodes, leurs peuplements sont diversifiés et comprennent des espèces peu communes, dont plusieurs sont endémiques des Alpes Maritimes, voire de la vallée du Var.

Chez les crustacés, signalons la présence du Gammare Echinogammarus pungens, espèce remarquable d’Amphipodes, peu fréquente et localisée en région P.A.C.A. à l’embouchure de quelques fleuves et rivières des Alpes Maritimes, du Var et des Bouches du Rhône (Var, Siagne, Argens, Touloubre, Rhône), de trois espèces  d’Isopodes : Trichoniscus nicaensis, espèce déterminante dont une seule station est connue, endémique des Alpes Maritimes sur les rive du fleuve Var, Armadillidium simoni, espèce remarquable calcicole, des pinèdes, chênaies et garrigues jusqu’à 650 m d’altitude, liée aux substrats datant de l’ère secondaire, principalement les calcaires jurassiques, endémique des Alpes Maritimes mais localement abondante, et Proasellus rouchi, espèce remarquable et endémique, inféodée aux nappes de graviers et sables sous écoulement du fleuve Var.

Deux trichoptères déterminants sont cités du Var, Allogamus hilaris et Plectrocnemia praestans, ainsi qu’un Ephéméroptère déterminants, Ecdyonurus zelleri.

Les coléoptères sont représentés par des espèces endémiques et déterminantes comme le staphylin Paramaurops varensis, de la sous famille des Pselaphinés (Coléoptères endogés), d’affinité méditerranéenne et endémique des départements du Var et des Alpes Maritimes (débordant sur les Alpes-de-Haute Provence), où il est bien répandu, les Carabidae Harpalus punctipennis, espèce orophile endémique des Alpes-de-Haute Provence et des Alpes Maritimes où elle est très localisée, présente sous les pierres dans les éboulis et prairies alpines, Laemostenus obtusus, espèce cavernicole et troglophile, endémique franco italienne, en limite d’aire et strictement localisée en France aux départements des Alpes de Haute Provence et des Alpes Maritimes, entre 350 et 1 700 m d’altitude dans les grottes et les cavités, Laemostenus angustatus, d’affinité montagnarde, troglophile et guanobie, en limite d’aire et endémique des Alpes franco-italiennes où elle se rencontre presque toujours à haute altitude dans les terriers de mammifères (marmottes notamment), les bergeries obscures, les anfractuosités profondes des rochers, parfois sous les pierres, ainsi que la Phytoécie blessée (Phytoecia vulnaris), longicorne présent en France uniquement dans le sud-est et Trachyphloeus lothari, Curculionidés endémique des Alpes Maritimes françaises où elle est localisée à seulement deux stations. Il est important de signaler des citations anciennes de coléoptères qui mériteraient d’être confirmée et actualisée grâce à des prospections ciblées : Athous crassicornis, Athous frigidus, Carabus solieri, Licinus oblongus, Trechus delarouzeei, Dichotrachelus doderoi, Hypera temperei et Ropalopus insubricus.

Une punaise phytophage déterminante est également citée de cette zone, la Corée alpine (Coriomeris alpinus).

Chez les odonates, signalons la présence de deux espèces remarquables, l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce protégée qui affectionne les écoulements modestes à eaux courantes claires, ensoleillées et peuplées d'hydrophytes et le Caloptéryx occitan (Calopteryx xanthostoma), espèce ouest méditerranéen, inféodée aux rivières à eaux claires.

Parmi les orthoptères, citons la Courtilière provençale (Gryllotalpa septemdecimchromosomica), rare espèce déterminante qui peuple certains milieux marécageux en zone méditerranéenne, principalement des marais littoraux et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), espèce remarquable cavernicole endémique franco-italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides.

Enfin, les peuplements de lépidoptères sont représentés par six espèces déterminantes : la Plusie de Bellier (Euchalcia bellieri), Noctuidae très localisé à haute altitude (surtout entre 1 700 et 2 700 m), rare, localisée et endémique des trois département alpins de la région, et dont la chenille se nourrit sur l’Aconit anti thora (Aconitum anthora), l’Hespérie rhétique (Pyrgus warrenensis), espèce très rare et localisée, endémique des Alpes, occupant certaines pelouses subalpines et alpines, le Semi-Apollon (Parnassius mnemosyne), espèce protégée au niveau européen, d'affinité montagnarde et liée à la présence de corydales, qui fréquente les pelouses et les lisières forestières, surtout entre 1 000 et 2 000 m d’altitude, l’Alexanor (Papilio alexanor), espèce protégée au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodée aux éboulis et pentes rocailleuses jusqu’à 1700 m d’altitude où croît sa plante hôte locale Ptychotis saxifraga, la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce en forte régression, ne subsistant en France plus que dans les Alpes-Maritimes à l’est du fleuve Var, le Moiré piémontais (Erebia aethiopellus), espèce endémique franco-italienne cantonnée aux Alpes occidentales, inféodée aux pelouses alpines sèches à Fétuque paniculée (Festuca paniculata), et des espèces remarquables comme l’Hespérie des cirses (Pyrgus cirsii) et l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion).

Deux mollusques déterminants sont également signalés dans cette zone : la Maillot des pélites (Solatopupa cianensis), espèce protégée en France et endémique des Alpes-Maritimes (seulement 2 stations où elle est cependant très fréquente), vivant à la surface des rochers humides et des éboulis où il est strictement lié aux roches silicatées du Permien (grès rouge) entre 500 et 1 300 m d’altitude et la Marbrée des pélites (Macularia saintivesi), escargot déterminant et endémique, est inféodé aux grés rouges du Permien située dans les gorges du Cians et de Daluis. On peut l'observer sur les parois de ces roches particulières et dans ses anfractuosités.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF prend en compte l’ensemble du cours du Var depuis la commune d’Entraunes jusqu’à son embouchure à Saint Laurent du Var, ainsi que le Coulomp et la vallée de la Vaïre.