ZNIEFF 930020166
VALLÉE DE L'ESTERON ORIENTAL D'AIGLUN À GILETTE

(n° régional : 06146100)

Commentaires généraux

Description de la zone

La vallée de l’Estéron est un site exceptionnel où les deux éléments les plus remarquables ont été classés en ZNIEFF de type I : la Clue d’Aiglun et la clue du Riolan. La région abonde en curiosités et phénomènes érosifs : cascade de Vergay, Cinq Baumes, Grotte Saint Martin. La zone intègre également le Mont Auvière qui surplombe la vallée de l’Estéron à 964 m.

Flore et habitats naturels

Les habitats remarquables de la ZNIEFF sont les landes sèches à Callune (Calluna vulgaris), Genêt d’Allemagne (Genista germanica), Bruyère arborescente (Erica arborea) de l’Erico arboreae Genistetum pilosae (Genistion tinctorio germanicae), établies sur substrat siliceux (sables), la remarquable hêtraie acidophile à houx (Ilex aquifolium) de basse altitude (700 m), très localisée, les forêts de charme houblon (Ostrya carpinifolia) du Carpinion orientalis occupant les ubacs supraméditerranéens, les ripisylves à Aulne blanchâtre (Alnus incana) et Aulne glutineux (Alnus glutinosa) de l’Alnion incanae bordant les ruisseaux affluents de l’Estéron, les formations de tuf à Palustriella commutata du Cratoneurion commutati, les communautés chasmophytiques du Saxifragion lingulatae ornant les falaises calcaires (Ballotetum frutescentis, Saxifragetum lingulatae). Parmi les éléments floristiques patrimoniaux, certains milieux sont très riches en endémiques. Les pelouses pierreuses hébergent la Sabline cendrée (Arenaria cinerea) et les rochers bien exposés présentent un cortège remarquable avec la Ballote buissonnante (Acanthoprasium frutescens), la Campanule blanchâtre (Campanula albicans), le Passerage à feuille d’Halimus (Hormatophylla halimifolia), la Potentille saxifrage (Potentilla saxifraga), la Raiponce de Villars (Phyteuma villarsii). L'Orpin à odeur suave (Sedum fragrans) se développe dans les anfractuosités et les entrées de grottes.

D’autres espèces à répartition plus large, mais rares cependant, sont également présentes. La douceur du climat permet à des méditerranéennes thermophiles de remonter la vallée comme le Cleistogène (Kengia serotina) et la Lavatère maritime (Lavatera maritima) qui poussent aux pieds des falaises tournées vers le sud. Les friches et olivettes hébergent la Porcelaine grecque (Andrachne telephioides) dans sa seule localité française (Gilette). Les milieux plus frais permettent à des montagnardes ou à des médio européennes de se développer : la Fraxinelle (Dictamnus albus) dans les ourlets forestiers, la Julienne laciniée (Hesperis laciniata) sur les rochers, la Pulsatille de Haller (Pulsatilla halleri) et l’Epiaire d’Héraclée (Stachys heraclea) dans les pelouses, le Rosier de France (Rosa gallica) sur les coteaux et talus, l’Orchis de Spitzel (Orchis spitzelii) dans les pinèdes claires. Parmi les bryophytes patrimoniaux on peut citer Riccia trabutiana et Mannia californica, hépatiques à thalle très rares en France, colonisant les joints terreux des rochers calcaires xérophiles, Crossidium aberrans, petite mousse croissant sur le sol et les talus xérothermophiles, Zygodon forsteri, mousse épiphyte recherchant les arbres feuillus (Chêne pubescent, Peuplier noir) à cavités se remplissant d’eau (dendrotelmes), Buxbaumia viridis, mousse saprolignicole montagnarde croissant sur les troncs pourrissants de conifères.

Faune

Cette zone abrite 51 espèces animales d’intérêt patrimonial dont 14 sont déterminantes.

Les mammifères comprennent plusieurs espèces déterminantes et remarquables. Citons chez les chiroptères, le Minioptère de Schreiber (Miniopterus schreibersii) une espèce déterminante, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis) et le Petit rinolophe (Rhinolophus hipposideros). Les grands mammifères sont représentés par le Cerf élaphe (Cervus elaphus), une espèce remarquable.

L’avifaune nicheuse, ou probablement nicheuse, est représentée par une espèce déterminante, le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rapace diurne rupicole rare et localisé en France et en région PACA mais en augmentation et plusieurs espèces remarquables : Aigle royal (Aquila chrysaetos), espèce occupant les habitats rupestres (falaises) en période de reproduction, Bondrée apivore (Pernis apivorus), rapace d’affinité médioeuropéenne, recherchant les forêts claires de feuillus et les mosaïques de milieux boisés et de milieux ouverts, Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), rapace d’affinité méridionale, au régime alimentaire ophiophage, Autour des palombes (Accipiter gentilis), rapace d’affinité médioeuropéenne, affectionnant les grands massifs forestiers avec des clairières jusqu’à 2 000 m d’altitude, Faucon hobereau (Falco subbuteo), rapace diurne remarquable des milieux boisés clairs, en régression marquée actuellement, Petit duc scops (Otus scops), espèce d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, présent jusqu’à 1 800 m d’altitude, Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), espèce rupicole qui se nourrit préférentiellement dans les terrains dégagés proches des falaises et autres escarpements rocheux où il niche généralement, jusqu’à 2 600 m d’altitude, Huppe fasciée (Upupa epops), espèce de milieux semi ouverts, d’affinité méridionale, en diminution aujourd’hui, Pic épeichette (Dendrocopos minor), espèce plutôt localisée et peu fréquente en région PACA, liée aux forêts claires de feuillus caducifoliés jusqu’à 1 600 m d’altitude, Pic noir (Dryocopus martius), un grand pic affectionnant les hêtraies sapinières, Cincle plongeur (Cinclus cinclus), espèce liée aux cours d’eau froids, propres et bien oxygénés, à courant plutôt vif, entre 100 et 2 400 m d’altitude, Monticole bleu (Monticola solitarius), espèce rupicole ’affinité méditerranéenne, se rencontrant dans les zones de falaises et d’escarpements rocheux, les gorges, les ruines, les garrigues claires rocailleuses, jusqu’à 1 600 m d’altitude, Gobemouche gris (Muscicapa striata), passereau des forêts claires de feuillus, noté jusqu’à 1 500 m d’altitude, assez rare et localisé en région PACA, Bruant fou (Emberiza cia), passereau d’affinité à la fois méridionale et montagnarde, propre aux milieux ouverts et rocailleux, secs et ensoleillés, de 300 à 2 600 m d’altitude. A noter également l’observation de deux rapaces déterminants, de passage lors de leurs déplacements : le Vautour moine (Aegypius monachus) et le Vautour fauve (Gyps fulvus).

Du côté de l‘herpétofaune citons la présence de quatre espèces remarquables : le Lézard ocellé (Timon lepidus), espèce d’affinité méditerranéenne des milieux ouverts, rocailleux et ensoleillés, le Seps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables, la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches et la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.

Les amphibiens sont représentés par le Spélerpès de Strinatii (Speleomantes strinatii), espèce remarquable peu abondante à répartition très localisée en région PACA, correspondant à un endémique franco-italien présent en France uniquement dans les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence, recherchant les milieux humides, frais et ombragés (forêts, grottes, cavernes, éboulis) de 0 à 2 400 m d’altitude.

Chez les poissons, citons le Barbeau méridional (Barbus meridionalis), espèce remarquable d’affinité méridionale, des cours d’eau clairs et bien oxygénés à débit rapide sur substrat de graviers.

Les arthropodes d’intérêt patrimonial sont représentés par différents cortèges.

Chez les Arachnides, citons la Lycose de Narbonne (Lycosa tarantula), espèce remarquable d'araignée d’affinité ouest méditerranéenne qui recherche les pelouses sèches dans lesquelles elle creuse son terrier.

Chez les coléoptères, citons la présence de cinq espèces déterminantes : le Carabe de Solier (Carabus solieri), espèce protégée en France, très localisée et en régression, endémique de Provence, du sud-ouest des Alpes et de Ligurie, recherchant les hêtraies, chênaies, châtaigneraies et pinèdes humides, notamment en terrain argilo siliceux, recouvert d’une épaisse couche de feuilles mortes et d’humus, les éboulis et les pierriers entre 100 et 2 500 m d’altitude, Laemostenus obtusus, espèce cavernicole et troglophile, endémique franco-italienne, en limite d’aire et strictement localisée en France aux Alpes-de-Haute-Provence et aux Alpes-Maritimes, entre 350 et 1 700 m d’altitude dans les grottes et les cavités, le charançon Pseudomeira ruteri, Curculionidés endémique des Alpes Maritimes où elle est très localisée, l’Athous frigide (Athous frigidus), Elatéridés endémique franco-italien ici en limite d’aire, lié aux prairies sèches de montagne et souffrant de la colonisation de ses biotopes ouverts de prédilection par les ligneux et le Cantharidae Malthodes procerulus.

Un odonate remarquable est également cité, l'Aeschne printanière (Brachytron pratense), espèce d'Europe tempérée préférant les eaux douces stagnantes et permanentes.

Chez les orthoptères, citons le Criquet hérisson (Prionotropis azami), espèce protégée en France, localisée et en régression, endémique des plateaux calcaires de Provence où elle colonise les pelouses rases et le Dolichopode dauphinois (Dolichopoda azami), sauterelle remarquable cavernicole, endémique franco-italienne du sud-ouest des Alpes, assez répandue, troglophile, hygrophile et lucifuge, liée aux grottes, fentes des rochers et autres recoins obscurs et humides.

Les lépidoptères sont quant à eux représentés par deux espèces déterminantes : la Vanesse des pariétaires (Polygonia egea), espèce en forte régression, ne subsistant en France plus que dans les Alpes Maritimes à l’est du fleuve Var et le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), accompagnées de plusieurs espèces remarquable comme le Procris de la vigne (Theresimima ampellophaga), hétérocères diurne d’affinité méditerranéenne, devenue rare suite à sa forte régression probablement due à l’utilisation de pesticides sur sa plante hôte la vigne, l’Azuré du Serpolet (Phengaris arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, et l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), espèce à aire de distribution morcelée, inféodée aux milieux rocheux où croissent les plantes nourricières de sa chenille, des orpins (Sedum).

Enfin, deux espèces de mollusques ont été inventoriées sur ce site, l’Aiguillette de Grasse (Renea moutonii), Aciculidés déterminante rare et vulnérable, endémique provençale du Var et des Alpes-Maritimes, protégée en France, habitant la litière des forêts et les rochers et le Maillot sud-alpin (Pagodulina austeniana), escargot remarquable localisé, principalement présent à l'est de la région, dans les Alpes-Maritimes et au sud-est des Alpes-de-Haute-Provence, d'écologie calcicole, il vit dans les forêts humides entre les rochers ou dans les vieux murs.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF suit le cours moyen de l’Estéron de la Clue d’Aiglun à Gilette, c’est à dire dans une portion de vallée montrant encore un caractère méditerranéen très accusé, tout en intégrant les éléments les plus remarquables de la vallée.