ZNIEFF 930020168
MARAIS DE L'AUDIENCE - LES GRANDS PALUDS

(n° régional : 13100119)

Commentaires généraux

Commentaire général

Les Marais de l’Audience et des Grands Paluds sont constitués d’un complexe de zones humides avec des prairies à Molinies, des ripisylves inondables, des secteurs connaissant des remontées salines, et de vastes marais. L’alimentation de ces marais grâce à l’eau qui jaillit des laurons, eau qui est d’une température constante toute l’année autour de 16°c, permet à une flore froide et tout à fait inattendue de se développer ici dans un ensemble parfois tourbeux. Ce site est en cela complémentaire du marais de Raphèle plus au nord.

Flore et habitats naturels

Le marais tourbeux de l’Audience s’étend sur plusieurs centaines d’hectares au sud des marais du Vigueirat. Il héberge en particulier une colonie d’espèces eurosibériennes particulièrement originale en région méditerranéenne planitiaire, qui plus est, a très faible distance de la mer.

On trouve notamment ici, dans le Schoenetum nigricantis, La Grassette du Portugal (Pinguicula lusitanica), dont l’aire (hormis la population de l’Audience) est strictement atlantique, Utricularia vulgaris, U. minor, Euphrasia rostkowiana, Parnassia palustris en aire disjointe. Molinier et Tallon les qualifiaient de « survivantes glaciaires ». En réalité, une analyse pollinique de la formation tourbeuse réalisée par Triat-Laval révèle que la présence de ces espèces, en particulier Gentiana pneumonanthe, Parnassia palustris et Thelypteris palustris est le résultat de migrations bien plus récentes, notamment par ornithochorie. Quant à Pinguicula lusitanica, espèce atlantique, sa présence est le résultat d’une survivance relativement récente. Néanmoins, cette forte originalité des cortèges floristiques est le reflet de conditions écologiques tout aussi originales (alimentation du marais par les eaux qui sourdent des laurons, à une température fraîche et constante toute l’année).

En périphérie du Marais tourbeux s’observent des prairies à Molinie, avec l’endémique Euphorbia gramminifolia, Scorzonera parviflora, plusieurs orchidées et diverses mares temporaires à végétation du Preslion cervinae avec la Gratiole et où furent citées Mentha cervina et Myosurus minimus, deux espèces à retrouver.

Faune

Ce secteur compte dix espèces déterminantes et dix-sept espèces remarquables. La zone humide correspondant aux marais de l’Audience est une zone intéressante pour l’avifaune aquatique et paludicole ainsi que pour la Cistude d’Europe (Emys orbicularis). On distingue parmi les oiseaux nicheurs la Nette rousse (Netta rufina), le Butor étoilé (Botaurus stellaris), le Blongios nain (Ixobrychus minutus), l’Huîtrier pie (Haematpus ostralegus), l’Echasse blanche (Himantopus himantopus), le Tadorne de Belon (Tadorna tadorna), le Busard des roseaux (Circus aeruginosus), le Faucon hobereau (Falco subbuteo), la Lusciniole à moustaches (Acrocephalus melanopogon), la Locustelle luscinioïde (Locustella luscinioides) et la Panure à moustaches (Panurus biarmicus). L’avifaune de passage et hivernante y est très riche et variée (Ardéidés, Anatidés, Rapaces, Laro limicoles et Passereaux notamment).

L’entomofaune du périmètre est très diversifiée et d’un très grand intérêt patrimonial grâce à la juxtaposition d’habitats steppiques et d’un hydrosystème complexe. Dans les zones humides, citons le Carabe à chaînons (Carabus alysidotus), coléoptère rare, sporadique et en régression qui affectionne particulièrement les marais littoraux ; le Criquet tricolore (Paracinema tricolor) qui peuple les ceintures marécageuses en zone méditerranéenne, la Courillière provençale (Gryllotalpa septemdecimchromosomica), rare espèce méditerranéenne des habitats hygrophiles. Les peuplements d’odonates (libellules et demoiselles) sont caractérisés par la présence de l’Aeshne printanière (Brachytron pratense), élément médio-européen en limite d’aire méridionale inféodé aux marais ; l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), lié aux eaux courantes oligotrophes et ensoleillées et la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii) qui se reproduit localement dans certaines roubines.

Chez les lépidoptères, citons la Diane (Zerynthia polyxena) qui peuple les prairies humides et les ripisylves où croît sa plante hôte locale, Aristolochia rotunda.

Dans les milieux secs et ouverts, le cortège méditerranéeo-steppique correspond à celui de la Crau sèche, avec l’Oedipode occitane (Oedipoda charpentieri), criquet ouest méditerranéen très rare en dehors de la Crau, la Mante-terrestre (Geomantis larvoides), petite mante fluette qui pourchasse ses proies sur les surfaces dégagées, l’Hespérie de la balotte (Carcharodus baeticus), lépidoptère rare et en régression lié aux milieux secs et pâturés où croît sa plante hôte locale Marrubium vulgare, et la Cigale argentée (Tettigetta argentata).

Enfin, citons le Criquet des dunes (Calephorus compressicornis), espèce déterminante rare, en régression et en limite d’aire qui peuple les milieux sablonneux littoraux et autrefois alluviaux.

Commentaires sur la délimitation

·la géologie : les formations tourbeuses de l’Audience sont délimitées dans un premier temps à l’aide des la carte géologique d’Istres et Eyguières au 1/50000ème

·la répartition des populations d’espèces de flore: La Z.N.I.E.F.F. se distingue dans le vaste marais qui borde la Crau à l’ouest par un cortège floristique encore plus original pour la région (petites populations très isolées de Pinguicula lusitanica, Mentha cervina, Euphrasia rostkoviana, Euphorbia graminifolia, Utricularia minor ...).

·le fonctionnement des écosystèmes La tourbière de l’Audience constitue une petite entité fonctionnelle alimentée par la nappe de Crau (eau phréatiques et eaux superficielles).