ZNIEFF 930020290
LE VERDON ET SES VERSANTS BOISÉS, ENTRE LES BASSES GORGES ET LE BARRAGE DE SAINTE-CROIX - RETENUE DE QUINSON

(n° regional: 83190100)

General comments

Commentaire général
A cheval entre les Alpes-de-Haute-Provence et le Var, ce secteur concerne les gorges en partie ennoyées entre le lac de Sainte Croix et le barrage de Quinson.
Le substrat géologique du site est relativement homogène. Il se trouve constitué par les matériaux sédimentaires de calcaires blancs massifs du Portlandien-Berriasien (Jurassique), formant les gorges elles-mêmes. Celles-ci sont surmontées par les formations de marnes et poudingues de Valensole. Des éboulis et des zones d'alluvions recouvrent localement ces terrains.
Du point de vue climatique le site est nettement marqué et caractérisé par les influences provençales, avec un climat sec et ensoleillé. Il est essentiellement inclus dans les étages de végétation méso-méditerranéen et supra-méditerranéen.
Constitués de pentes raides, les gorges et versants sont caractérisés par des formations végétales de rochers, des vires herbeuses et des garrigues à Genêt cendré (Genista cinerea) surtout et Genévriers (Juniperus pl. sp.). En partie supérieure, se développe les fourrés à Buis (Buxus sempervirens), évoluant vers la chênaie pubescente ou en exposition abritée, vers la chênaie verte.

Flore et habitats naturels
Le site ne possède pas d'habitat déterminant. Un habitat remarquable est cependant ponctuellement présent : les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae-Cystopteridion fragilis (62.15)], représentées en particulier des associations végétales des rochers et falaises calcaires ibéro-méditerranéennes [asso. phyto. Phagnalo sordidi-Asplenietum petrarchae (62.111)].
Les pentes semi-boisées de bordure associent également divers habitats typiques ou représentatifs tels que : les éboulis thermophiles à Calamagrostis argenté (Achnatherum calamagrostis) [all. phyto. Stipion calamagrostis (61.3)], les garrigues supra-méditerranéennes à Thym (Thymus vulgaris) [all. phyto. Helianthemo italici-Aphyllanthion monspeliensis (32.63)], les landes supra-méditerranéennes et oro-méditerranéennes à Genêt cendré (Genista cinerea) et Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) [all. phyto. Lavandulo angustifoliae-Genistion cinereae (32.61 et 32.62)], les fruticées d’arbustes xéro-thermophiles divers [all. phyto. Berberidion vulgaris (31.81)], les pinèdes sylvestres sèches supra-méditerranéennes [all. phyto. Cephalanthero rubrae-Pinion sylvestris (42.59)], les boisements thermophiles et supra-méditerranéens de Chêne pubescent (Quercus humilis) [all. phyto. Quercion pubescenti-sessiliflorae (41.711)] et localement les boisements méso et supra-méditerranéens de Chêne vert ou Yeuse (Quercus ilex) [all. phyto Quercion ilicis (45.31 & 45.32)].
La mosaïque de milieux ouverts rocailleux ou rocheux de type garrigues, falaises et éboulis, accompagnés de milieux forestiers (chênaies et pinèdes), contribue à la diversité des habitats du site.
Par sa position plus méridionale et d’avantage ouverte aux influences méditerranéennes, cette portion des gorges du Verdon ne montre plus, dans les gorges de Baudinard, que des formations fragmentaires de l’association endémique du Verdon, le Phyteumetum villarsii qui se résume à quelques peuplements des endémiques Asplenium jahandiezii, Moehringia intermedia et Phyteuma villarsii. Mais pour les mêmes raisons, la formation, surtout littorale, des rochers chauds (Phagnalo sordidi Asplenietum petrarchae) est révélée par des peuplements fournis de Pariétaire du Portugal dans les balmes de la rive gauche du Verdon. Les vires à Sesleria et Fritillaire à involucre sont bien développées dans ces mêmes gorges, avec la Pivoine officinale (Paeonia officinalis) et la Dauphinelle fendue (Delphinium fissum). Le Narcisse à feuilles de jonc atteint ici sa limite extrême vers l’est (Artignosc sur Verdon) dans une formation riche en bulbeuses avec la Fritillaire et la Gagée de Lacaita (Gagea lacaitae).

Faune
Cette zone présente un intérêt patrimonial relativement élevé au niveau faunistique.
Les mammifères d’intérêt patrimonial comprennent localement le Rhinolophe euryale (Rhinolophus euryale), le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), chauve-souris remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne, le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce remarquable et menacée, en régression partout en France, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce forestière remarquable relativement fréquente, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce remarquable rupicole et montagnarde d’affinité méridionale, qui exploite les milieux forestiers surtout riverains de l’eau pour la chasse et les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, le Vespertilion de Capaccini (Myotis Capaccinii), espèce déterminante rare d’affinité méditerranéenne, s’alimentant essentiellement dans les formations de ripisylves, le Vespertilion à oreilles échancrées (Myotis emarginatus), espèce remarquable localisée et peu fréquente, le Petit Murin (Myotis blythi), le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersi), espèce remarquable troglophile, la Barbastelle (Barbastella barbastellus), espèce forestière remarquable et vulnérable, en régression, d’affinité médio européenne, très résistante au froid, le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce remarquable rupicole d’affinité méridionale. Notons l’apparition récente du Castor d’Europe (Castor fiber) sur ce secteur du Verdon, longtemps bloqué par les barrages dans sa reconquête de territoires.
Les oiseaux nicheurs, ou probablement nicheurs, sont représentés par le Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), le Bruant fou (Emberiza cia), l’Alouette lulu (Lullula arborea) ou encore plusieurs espèces remarquables associées au cours d’eau : le Cincle plongeur, (Cinclus cinclus), le Martin-pêcheur (Alcedo atthis), le Guêpier d’Europe (Merops apiaster) et la Rousserole turdoïde (Acrocephalus arundinaceus).
Les reptiles sont représentés par la Cistude d’Europe (Emys orbicularis), espèce déterminante de tortue aquatique, dont la rive sud du Lac de Quinson et notamment la confluence du Beau Rivé abrite la seule population du Verdon.
En ce qui concerne les poissons d’eau douce, l’Apron (Zingel asper), espèce déterminante devenue très rare et menacée d’extinction en France, propre aux cours d’eau clairs, assez rapides, peu profonds, le Blageon (Leuciscus soufia), espèce grégaire des cours d’eau à fonds graveleux, le Toxostome (Chondrostoma toxostoma) et l’Omble chevalier (Salvelinus alpinus), salmonidé remarquable, autochtone des lacs Léman et du Bourget, introduite à la fin du XIXème siècle dans certains lacs d’altitude du Haut Dauphiné, typique des lacs profonds et froids aux eaux propres bien oxygénées et aux fonds graveleux et sensible à la pollution, fréquentent ce site.
Les crustacés sont quant à eux représentés par le cladocère (Macrothrix hirsuticornis), espèce sporadique remarquable, très localisée en région Provence Alpes Côte d’Azur, connue d’une station de Camargue et de la retenue de Quinson où elle est rare, fréquentant le fond des eaux froides (espèce benthique psychrophile) des biotopes de petites dimensions (petits étangs, mares, fossés, tourbières, rizières) et Biapertura intermedia, espèce remarquable connue en région Provence Alpes Côte d’Azur de la retenue de Quinson où cette espèce psychrotherme fréquente les fonds vaseux des biotopes de petites dimensions, riches en macrophytes et aux eaux plutôt acides et pauvres en calcaire.
Les invertébrés sont représentés par l'Hespérie de la balotte (Carcharodus baeticus), espèce déterminante de Lépidoptère Hespériidés d'affinité ouest-méditerranéenne, en régression et affectionnant les pelouses sèches et surfaces pâturées où croissent ses plantes hôtes, en particulier le Marrube commun (Marrubium vulgare) et les Cladocères remarquables Biapertura intermedia, espèce remarquable de Crustacés, connue en région Provence Alpes Côte d’Azur seulement de la retenue de Quinson où cette espèce psychrotherme fréquente les fonds vaseux des biotopes de petites dimensions, riches en macrophytes et aux eaux plutôt acides et pauvres en calcaire, et Macrothrix hirsuticornis, espèce sporadique remarquable, très localisée en région Provence Alpes Côte d’Azur, connue d’une station de Camargue et de la retenue de Quinson où elle est rare, fréquentant le fond des eaux froides (espèce benthique psychrophile) des biotopes de petites dimensions (petits étangs, mares, fossés, tourbières, rizières).

La fréquentation touristique et les activités de loisirs de plein air (randonné, canyoning, escalade…) ne doivent pas se développer au détriment de la flore et de la faune très riches liées aux gorges.
La pression pastorale, qui tend actuellement à se réduire, conduit dans les pelouses sèches à l’installation d’une végétation ligneuse comprenant des landes et des fourrés, précurseur de l’installation de boisements de Pin sylvestre (Pinus sylvestris) ou de Pin d’Alep (Pinus halepensis). Ce stade végétal ultime présente quelques inconvénients : risques d'incendies accrus, banalisation du paysage, diminution de la biodiversité, réduction de l'espace pastoral et de sa valeur.

Comments on the delimitation

Le site englobe le cours inférieur du Verdon et ses versants boisés, entre les basses gorges et le barrage de Sainte-Croix. La petite retenue de Quinson, ainsi que les versants et plateaux qui la bordent, sont inclus. La délimitation du site s’appuie, autant que possible, sur des repères topographiques et géographiques évidents (ruptures de pente, talwegs, dessertes, lisières).