ZNIEFF 930020292
PLATEAU DE VALENSOLE

(n° régional : 83193100)

Commentaires généraux

Description

Localisé dans la partie sud du département des Alpes de Haute Provence, entre les villes d’Oraison, Moustiers Sainte Marie, Gréoux et Manosque, ce vaste site est constitué par le plateau agricole de Valensole lui-même, ainsi que de ses contreforts collinéens bordant la vallée de la Durance sur sa rive gauche. Il englobe ainsi pour partie ou en totalité de nombreuses communes : Brunet, Esparron de Verdon, Gréoux les Bains, Montagnac Montpezat, Moustiers Sainte Marie, Puimoisson, Quinson, Riez, Roumoules, Sainte Croix du Verdon, Saint Julien d'Asse, Saint Jurs, Saint Laurent du Verdon, Saint Martin de Bromes, Valensole, Allemagne en provence et Bras d'Asse. Ce plateau forme un vaste plan incliné en direction du sud-ouest.

Le substrat géologique est composé, sur la majeure partie de la superficie du site, par les formations sédimentaires de Valensole qui comprennent des poudingues et marnes du Miocène supérieur, souvent recouvertes de galets éluviaux récents. Dans les parties basses du site apparaissent les calcaires et marnes de l'Hauterivien, recouvertes localement par des épandages et des colluvions, qui proviennent pour la plupart de l'érosion de la formation sédimentaire de Valensole.

Du point de vue climatique, le site est nettement marqué et caractérisé par les influences provençales, avec un climat sec et ensoleillé montrant un déficit des précipitations estivales.

Compris entre 200 m et 800 m d’altitude, il est essentiellement inclus dans l’étage de végétation supra méditerranéen.

La végétation se compose principalement de boisements clairs de Chênes verts (Quercus ilex) et de garrigues à Lavande à feuilles étroites (Lavandula angustifolia) dans les parties inférieures. Plus en altitude ce sont les chênaies pubescentes qui prennent le relais. Sur le plateau agricole lui-même les formations végétales messicoles et rudérales jouent un rôle important. Les zones agricoles alternent avec des landes à Genêt cendré (Genista cinerea), des bosquets de Chêne pubescent (Quercus humilis) et de Pin d'Alep (Pinus Halepensis), et des lambeaux de pelouses sèches.

Milieux remarquables

Ce site ne possède pas d'habitat déterminant. Deux habitats remarquables sont cependant présents : les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] présentes ponctuellement et les prairies mésophiles de fauche, de plaine et de moyenne altitude, à Fromental (Arrhenatherum elatius) [all. phyto. Arrhenatherion elatioris (38.22)].

Les espaces ouverts sont délimités par un réseau hydrologique et de petits ravins boisés encore bien préservé, qui occupe une surface importante et joue par ailleurs un rôle essentiel de corridor écologique, notamment pour l’avifaune.

Par ailleurs, localement des pratiques culturales, encore peu intensives, ont permis jusqu’à présent le maintien d’écosystèmes agraires riches en plantes messicoles liées aux moissons et champs cultivés [all. phyto. Caucalion lappulae (82.3)], sur certaines parcelles. Ailleurs des pelouses xérophiles et mésoxérophiles occupant des talus et petits coteaux, ont une valeur patrimoniale élevée, notamment en tant qu’habitat pour l’entomofaune, qui comprend nombre d’insectes remarquables, et pour les populations d’orchidées.

Flore

Le site comprend onze espèces végétales déterminantes dont deux sont protégées au niveau national : l'Inule variable (Inula bifrons), composée à fleurs jaunes des lisières et broussailles sèches, et la Sabline de Provence (Moehringia intermedia), caryophyllacée endémique de Haute Provence caractéristique des parois calcaires et qui atteint ici la limite ouest de son aire de distribution, et une autre en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Diplachné tardive (Kengia serotina), graminée rare des pelouses rocailleuses très sèches.

Le Potamot des tourbières alcalines (Potamogeton coloratus), la Scabieuse simple (Lomelosia simplex), de découverte récente dans le département, la Scabieuse étoilée (Lomelosia stellata), la Mâche à piquants (Valerianella echinata), la Fléole rude (Phleum paniculatum), le Bifora testiculé (Bifora testiculata), le Cumin pendant (Hypecoum pendulum) et la Roemérie hybride (Roemeria hybrida), ces trois dernières étant des messicoles devenues rarissimes en France, sont les autres espèces déterminantes connues de ce site.

Par ailleurs, il abrite six autres espèces végétales remarquables, dont trois sont protégées au niveau national : la Gagée des champs (Gagea villosa) et la Petite massette (Typha minima) et l'Ophrys de la Drôme (Ophrys bertolonii subsp. saratoi), et deux autres espèces protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : l'Ophrys de Provence (Ophrys provincialis) et la Violette de Jordan (Viola jordanii). Ce site compte par ailleurs parmi les espèces remarquables le Narcisse à feuilles de jonc (Narcissus assoanus).

Faune

Le plateau de Valensole présente un intérêt faunistique très élevé, puisqu’il abrite plus de soixante espèces animales patrimoniales, dont 19 sont déterminantes.

Le peuplement mammalogique local est riche en chauves-souris intéressantes. Trois d’entre elles sont déterminantes : le Vespertilion de Capaccini (Myotis Capaccinii), espèce rare d’affinité méditerranéenne, s’alimentant essentiellement dans les formations de ripisylves, le Grand Murin (Myotis myotis), espèce plutôt commune mais localement en régression et le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), espèce menacée, en régression partout en France. Elles sont accompagnées d’espèces remarquables : le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile et assez rare en montagne, la Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri), espèce forestière relativement fréquente, le Vespère de Savi (Hypsugo savii), espèce rupicole et montagnarde d’affinité méridionale qui exploite les milieux forestiers surtout riverains de l’eau pour la chasse et les milieux rocheux (falaises) pour les gîtes, et le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis), espèce d’affinité méditerranéenne de haut vol, aux mœurs rupestres pour ses gîtes.

L’avifaune nicheuse comporte de nombreuses espèces toutes aussi à intérêt patrimonial marqué les unes que les autres, parmi lesquelles domine le cortège d’espèces d’affinité steppique liées aux milieux ouverts : Autour des palombes (Accipiter gentilis), Circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus), Aigle royal (Aquila chrysaetos) (zone de chasse), Bondrée apivore (Pernis apivorus), Busard cendré (Circus pygargus), Busard Saint Martin (Circus cyaneus) (nicheur certain : un couple), Faucon hobereau (Falco subbuteo),  Caille des blés (Coturnix coturnix), Outarde canepetière (Tetrax tetrax), Oedicnème criard (Burhinus oedicnemus), Chevêche d’Athéna (Athene noctua), Grand-duc d’Europe (Bubo bubo), Petit-duc scops (Otus scops), Guêpier d’Europe (Merops apiaster), Rollier d’Europe (Coracias garrulus), Martin-pêcheur d’Europe (Alcedo atthis), Huppe fasciée (Upupa epops), Alouette calandre (Melanocorypha calandra), très rare alouette steppique dont le plateau de Valensole abrite l’une des dernières populations provençales, Alouette calandrelle (Calandrella brachydactyla), un peu moins rare que la précédente, Cochevis huppé (Galerida cristata), Cincle plongeur (Cinclus cinclus), Pipit rousseline (Anthus campestris), Fauvette à lunettes (Sylvia conspicillata) (présente ici en bonnes densités), Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), Pie-grièche méridionale (Lanius meridionalis), Pie-grièche à tête rousse (Lanius senator), nicheuse devenue très rare aujourd’hui, Moineau soulcie (Petronia petronia), Bruant proyer (Miliaria calandra), Bruant ortolan (Emberiza hortulana), Bruant proyer (Emberiza calandra), Bruant mélanocéphale (Emberiza melanocephala) (espèce nicheuse très occasionnelle).

Les amphibiens sont représentés par le Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), espèce remarquable ouest-européenne d'affinité méridionale.

Trois espèces de reptiles sont inventoriées localement : la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce remarquable du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés, la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce remarquable à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux, et le Seps strié (Chalcides striatus), espèce remarquable à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables.

Chez les insectes d’intérêt patrimonial mentionnons la présence de quatre espèces déterminantes : le lepture dantesque (Pedostrangalia revestita), espèce déterminante de Cerambycidae dont la larve vit dans la carie rouge humide des vieux arbres feuillus, rendue rare et menacée sur toute sa répartition européenne par la disparition de son habitat, le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce de lépidoptère d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), le Marbré de Lusitanie (Iberochloe tagis), espèce de lépidoptère très localisée représentée par la sous-espèce bellezina, endémique du sud de la France et de l’extrême nord-ouest de l’Italie, inféodée aux milieux ouverts où croît sa plante nourricière Iberis pinnata et le Pique-prune (Osmoderma eremita), coléoptère de la famille des cétoines (Cetoniidés), protégée au niveau européen, rare et en régression, inféodée aux vieux arbres dans lesquels sa larve se développe au sein des cavités volumineuses pleines d’humus. Elles sont accompagnées de plusieurs espèces remarquables : le longicorne Plagionotus floralis, espèce remarquable euro-sibérienne des pelouses et garrigues présente en France principalement dans le quart sud-est, les reliefs du couloir rhodanien abritant l'essentiel de ses populations, le Sténochore du chêne (Anisorus quercus), espèce remarquable de Cerambycidae inféodée aux chênes à feuilles caduques et aux érables, rare en France où la région PACA abrite ses plus importantes populations, le longicorne Anaglyptus gibbosus, espèce remarquable ouest-méditerranéenne inféodée aux arbres feuillus des boisements thermophiles, la Laineuse du prunellier (Eriogaster catax), lépidoptère nocturne peu commun lié aux chênaies et fruticées, en régression et sensible aux pesticides, la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), espèce de lépidoptère diurne d’affinité ouest méditerranéenne, protégée en France, liée aux friches, garrigues et boisements clairs où croît la principale plante nourricière de sa chenille, la Badasse (Dorycnium pentaphyllum), la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce d’affinité ouest méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1100 m d’altitude, l’Azuré du baguenaudier (Iolana iolas), lépidoptère méditerranéen localisé et peu commun, lié à son unique plante hôte le baguenaudier (Colutea arborescens), l'Azuré des orpins (Scolitantides orion), lépidoptère d’affinité méridionale à aire de distribution morcelée, inféodé aux milieux rocheux où croissent les plantes nourricières de sa chenille, des orpins, l'Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce protégée qui affectionne les écoulements modestes à eaux courantes claires, ensoleillées et peuplées d'hydrophytes et le Sympétrum du Piémont (Sympetrum pedemontanum), odonate Libellulidés lié aux cours d’eau et canaux.

Citons également la présence de l’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes), crustacé Décapode remarquable aujourd’hui en régression.

Enfin, chez les mollusques, mentionnons Vertigo moulinsiana, espèce méditerranéo-atlantique déterminante de Vertiginidés très rare et vulnérable vivant dans les zones humides ouvertes et Anisus spirorbis, espèce remarquable, de distribution européenne, localisée dans les zones humides temporaires ou permanentes.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 2 n'englobe pas de ZNIEFF de type 1.

L'intensification des pratiques agricoles constitue à termes une menace pour les populations d'espèces végétales messicoles, et à leurs espèces animales associées liées à des pratiques plus extensives.

Commentaires sur la délimitation

Ce vaste site correspond à un grand plateau entrecoupé de nombreux vallons, combes, ruisseaux et petits massifs forestiers. Si les motivations de la délimitation de cette ZNIEFF sont avant tout d’ordre fonctionnel, de façon à inclure des habitats et populations d’espèces à forte valeur patrimoniale, le positionnement de ses limites est établi au mieux sur des repères visuels marqués et sur des éléments topographiques ou géographiques importants : ruptures de pentes, talwegs, crêtes secondaires, réseau routier local, dessertes, lisières, etc.