ZNIEFF 930020293
MASSIF DE CONCORS, PLATEAU DE PEYROLLES, MONTAGNE DES UBACS, BOIS DU LIGOURES

(n° régional : 83196100)

Commentaires généraux

Description de la zone
Vaste ensemble constitué d'une mosaïque de milieux, telles les forêts de Chênes vert ou pubescent qui couvrent des surfaces considérables, les boisements de Pin d'Alep et localement de Pin pignon, les milieux cultivés ou les pelouses. Ces deux derniers milieux constituent un terrain d'alimentation privilégié pour les grands rapaces. Deux massifs principaux dominent l'ensemble, celui de Concors et la montagne des Ubacs. Certains habitats sont d'extensions plus modestes mais souvent de grand intérêt biologique, les falaises et les vires rocheuses, les éboulis ou les croupes sommitales.
La coupe géologique callavo oxfordienne des Lamberts représente, avec celle des Reynauds plus à l'est (en dehors de la ZNIEFF) une zone de grande valeur géologique présentant à la fois un intérêt paléontologique et stratigraphique.

Flore et habitats naturels
Sur le plan de la flore et des habitats naturels, on peut noter l'existence de parcelles cultivées ou en friches en périphérie du bassin d'Aix (secteurs des Pinchinats et de la Keyrié) où se rencontrent les Tulipes œil de soleil et sylvestre, l'Ornithogale à fleurs penchées, ou entre le Petit Sambuc et Jouques où sont connues la Phléole en panicule et le Bifora testiculé.
Aux expositions fraîches des montagnes des Ubacs et de Concors ou du vallon des Masques, se développent les formations des vires rocheuses à Seslérie avec la Fritillaire à involucre, ou sur les falaises, les formations à Silene saxifrage et Doradille des sources (Asplenium fontanum) avec, signalée sur le rocher du Grand Sambuc, la Julienne laciniée. Au vallon de Cascaveou, comme à celui des Masques, sur les rochers d'adret, des formations à Doradille de Pétrarque (Asplenium petrarchae) ont été autrefois signalées. Sur les pelouses de la crête des Ubacs et du col du Sambuc se rencontrent le Crépis de Suffren dans des poches sablonneuses, et trois espèces de Gagées, la Gagée des rochers, la Gagée de Granatelli et la Gagée des prés. A la base du flanc nord de la montagne des Ubacs, une chênaie blanche avec de très gros individus a la particularité d'abriter quelques Houx.
L'Anémone palmée a été citée des garrigues du plateau de la Keyrié dès 1866. Cette anémone, très localisée, a plusieurs fois été annoncée comme disparue depuis sa découverte, pour être ensuite retrouvée. Sa dernière « disparition » semble dater de 1970, jusqu’à sa redécouverte en 1999. Ceci montre combien la plante sur ce plateau est rare, difficile à trouver et donc intrinsèquement vulnérable. Parmi les nombreuses orchidées qui se développent dans ce secteur, il faut mentionner l’endémique Ophrys de Provence. Les parcelles agricoles en périphérie de la zone montrent de beaux peuplements de Tulipe œil de soleil. Dans le vallon de Cascaveou se rencontrent quelques éléments de l’habitat à Doradille de pétrarque, caractéristique des rochers calcaires chauds.

Faune
Ce site abrite quarante et une espèces d’intérêt patrimonial dont neuf sont déterminantes.
Ce vaste ensemble naturel bien préservé est doté d’une faune d’un grand intérêt biologique. Le peuplement de Chauves souris est notamment composé de trois espèces déterminantes : Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii), typiquement méditerranéenne et strictement cavernicole présente dans les régions aux paysages karstiques riches en grottes  le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum), en déclin dans la région, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations et le Petit Murin (Myotis blythi) affectionnant la chasse en milieux ouverts et occupant des gîtes variés (bâtis ou cavités). On note aussi la présence d’une espèce remarquable, le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) en régression marquée et dont le site abrite l’une des dernières colonies de reproduction du département des Bouches-du-Rhône. Les mammifères sont également représentés par une espèce déterminante : le Loup gris (Canis lupus) (un couple cantonné). L’avifaune est notamment représentée par l’Aigle royal (Aquila chrysaetos) (l’un des rares couples reproducteurs des Bouches du Rhône), le Circaète Jean le Blanc (Circaetus gallicus), l’Autour des palombes (Accipiter gentilis), la Bondrée apivore (Pernis apivorus), le Faucon hobereau (Falco subbuteo), le Grand Duc d’Europe (Bubo bubo), et un cortège intéressant de passereaux de garrigues, crêtes et pelouses avec le Bruant fou (Emberiza cia), le Bruant ortolan (Emberiza hortulana), la Pie grièche méridionale (Lanius meridionalis). La Caille (Coturnix coturnix) et la Huppe fasciée (Upupa epops) sont nicheuses dans les zones cultivées extensives. On signale également la présence du Lézard ocellé (Timon lepidus) et du Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus).
La communauté entomologique est diversifiée et originale, se distinguant par la présence de sept espèces déterminantes, le Criquet hérisson (Prionotropis hystrix azami), endémique des plateaux calcaires de Provence, l’Hespérie à bandes jaunes (Pyrgus sidae), lépidoptère d’affinité méditerranéo asiatique inféodé aux pelouses et lisières où croissent ses plantes hôtes (Potentilla hirta et espèces proches), l'Hespérie de la balotte (Carcharodus baeticus), espèce d'affinité ouest-méditerranéenne, en régression et affectionnant les pelouses sèches et surfaces pâturées où croissent ses plantes hôtes, en particulier le Marrube commun (Marrubium vulgare), le Moiré de Provence (Erebia epistygne), espèce d’affinité méditerranéo-montagnarde dont l’aire de répartition ibéro-provençale est morcelée et restreinte, inféodée aux pelouses sèches à fétuques (surtout Festuca cinerea), le Marbré de Lusitanie (Euchloe tagis bellezina), espèce très localisée représentée par la sous-espèce bellezina, endémique du sud de la France et de l’extrême nord-ouest de l’Italie, inféodée aux milieux ouverts où croît sa plante nourricière Iberis pinnata, le Sablé de la luzerne (Polyommatus dolus dolus), espèce de rhopalocères, dont la sous-espèce dolus est endémique de Provence et peuple les chênaies claires, lisières et pelouses où croissent ses plante hôtes des sainfoins (Onobrychis ssp), le Charançon Pleurodirus aquisextanus, espèce rare et localisée de Curculionidés, endémique du Bas Languedoc, des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse. D’autres espèces d’insectes remarquables les accompagnent. Chez les lépidoptères citons la Zygène cendrée (Zygaena rhadamanthus), espèce ibéro provençale protégée et localement liée à la Badasse (Dorycnium pentaphyllum), la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce ouest méditerranéenne protégée qui fréquente les garrigues, pentes rocailleuses et bois clairs, strictement inféodée à sa plante hôte locale Aristolochia pistolochia, le Louvet (Hyponephele lupina), espèce méditerranéo asiatique en régression et l’Azuré du serpolet (Maculinea arion), rare et menacé en Basse Provence, dont le périmètre abrite la seule population des Bouches du Rhône. Chez les orthoptères citons l’Arcyptère provençale (Arcyptera kheili), criquet endémique de Provence, la Proserpine (Zerynthia rumina), espèce d’affinité ouest méditerranéenne protégée en France, dont la chenille vit sur l’Aristoloche pistoloche (Aristolochia pistolochia) dans les forêts claires et sur les coteaux pierreux, chauds et ensoleillés jusqu’à 1100 m d’altitude et parmi les arachnides le Scorpion languedocien (Buthus occitanus), espèce ouest méditerranéenne localisée et assez rare en région PACA où elle se trouve en limite d’aire. Deux espèces remarquables d’odonates sont également signalées, l’Agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), espèce protégée  d’affinité méditerranéo atlantique, inféodée aux ruisseaux et canaux ensoleillés et l’Agrion joli (Coenagrion pulchellum), espèce médio européenne en régression, qui colonise les étangs et autres milieux d’eaux stagnantes peuplées de végétaux hélophytes.

Commentaires sur la délimitation

Logique de massif fondée sur la zone de chasse de l’un des rares couples d'aigle royal du département, et englobant beaucoup de localités disséminées de chauves-souris, d'oiseaux, de flore, etc. Au sud, la ZNIEFF vient butter contre celle de la Sainte Victoire au niveau de Vauvenargues et du secteur du col des Portes, à l'ouest et au nord, les limites évitent les zones périphériques des agglomérations d'Aix, de Venelles, de Meyrargues et de Jouques.