Description de la zone
Situé dans la partie centrale du massif des Dentelles de Montmirail, cet ensemble constitue le prolongement, vers l’est, du massif de Gigondas (les « Dentelles »). Il se présente sous la forme d’une longue échine rocheuse qui va de la crête de Saint Amand (point culminant du massif des Dentelles de Montmirail à 732 m d’altitude), à l’ouest, à l’Arfuyen, à l’est et qui est entrecoupée de couloirs d’éboulis. Le Saint Amand, tabulaire dans toute sa partie sommitale, est limité à l’est et au nord par des parois rocheuses plus ou moins prononcées. Il se prolonge vers l’est par une arête rocheuse souvent très étroite qui se termine par la croupe de l’Arfuyen, aux formes plus douces.
L’assise géologique est constituée de calcaires compacts du Portlandien et du Kimméridgien qui ont permis la mise en place d’un modelé karstique (lapiaz, etc.), mais également de marnes ou calcaires marneux, principalement du Valanginien.
Cette crête, ininterrompue sur plusieurs kilomètres, orientée ouest est et qui domine de 200 250 m environ des reliefs moins individualisés, offre, en versant nord, des pentes très fortes, principalement au niveau du Saint Amand. Et la présence de la paroi rocheuse y est à l’origine de l’existence d’un véritable microclimat. Alors que le versant sud est très xérothermophile, le versant nord est soumis à un ensoleillement moindre et à des températures très fraîches.
Alors que l’adret est entièrement situé dans l’étage mésoméditerranéen, tout l’ubac est occupé par l’étage supraméditerranéen. En versant sud, on retrouve un taillis de chêne vert, des pinèdes de pin d’Alep, et un matorral à genévriers, l’ensemble étant entrecoupé de pelouses très réduites et d’éboulis. En versant nord en revanche, le boisement du Saint Amand y présente des affinités nettement montagnardes. On est ici en présence d’une chênaie buxaie à houx qui s’est implantée sur une ancienne hêtraie qui a été coupée à blanc il y a sans doute plusieurs siècles. Mais, en région méditerranéenne et à cette altitude, la hêtraie n’a pas pu se reconstituer. La chênaie pubescente qui, en raison de sa localisation n’a plus été exploitée depuis plusieurs décennies, a évolué vers un taillis très dense et de très belle venue.
Flore et habitats naturelsLa très grande originalité de ce site provient du contraste saisissant entre les deux versants de la ligne de crête rocheuse, qui induit une mosaïque d’habitats où alternent boisements matures, pelouses relictuelles et formations édaphiques.
De toutes les chênaies pubescentes vauclusiennes, celles de la partie septentrionale du Saint Amand est sans doute l’une des plus diversifiées au plan spécifique. Elle se singularise par un apport notoire de flore européenne ou eurasiatique, toujours rare en région méditerranéenne, avec des espèces de l’ancienne hêtraie renforcées par un contingent important d’espèces de la chênaie pubescente évoluée et très fraîche. Ce site présente également les seuls milieux ouverts de l’ensemble du massif des Dentelles de Montmirail. C’est ainsi que les clairières de la chênaie pubescente de la base du versant nord du Saint Amand sont favorables à la présence de pelouses à orchidées avec Ophrys saratoi (ophrys de la Drôme). Sur l’arête rocheuse qui court de la Crête de Saint Amand à l’Arfuyen, des lambeaux de pelouses persistent. C’est ainsi que sur le plateau sommital du Saint Amand, une petite population du très rare Milium montianum (millet printanier, rude) arrive à se maintenir en compagnie de Gagea pratensis (gagée des prés) et de Bufonia perennis (bufonie vivace). En suivant la crête, vers l’Arfuyen, on rencontre également, sur des surfaces très réduites, la formation à Genista pulchella subsp. villarsiana (genêt de Villars), alors que celle, saxicole, à Potentilla caulescens (potentille caulescente) est bien installée à l’ubac du Saint Amand.
FauneCinq espèces animales remarquables ont été recensées dans le secteur du Saint Amand et de l’Arfuyen.
Pour les oiseaux nicheurs, ou probablement nicheurs, citons, le Circaète Jean-le-Blanc (1 couple reproducteur), le Bruant fou, nicheur assez fréquent localement et l'Alouette lulu.
Du côté des reptiles, il s'agit duSeps strié (Chalcides striatus), espèce à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables et de la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés.
Répartition et agencement des habitats : les formations rupestres, les boisements à chêne vert, chêne pubescent, pin d’Alep, pin sylvestre, les pelouses occupent la totalité de cette zone, permettant ainsi de définir les contours de cette ZNIEFF.
Cette démarche se justifie par le fonctionnement et les relations existant entre ces différents écosystèmes : il existe une complémentarité entre les milieux ouverts, terrain de chasse privilégié pour l’avifaune nichant dans les milieux plus fermés ou les sites rupestres.
La climatologie ainsi que les contraintes du milieu physique (géologique et géomorphologique) du massif confortent la définition du pourtour de la zone. Celle-ci s’arrête en piémont, dès que l’anthropisation devient trop forte (pression de l’agriculture et mitage de l’espace) et dès que l’on quitte les sites rupestres.