ZNIEFF 930020313
MONTAGNES DE BLUYE ET DE GEINE

(n° régional : 84103100)

Commentaires généraux

Description de la zone


Cet ensemble situé au nord est du massif du mont Ventoux correspond à une partie du bassin versant du Toulourenc, cours d’eau qui prend sa source près d’Aulan dans la Drôme et qui se jette dans l’Ouvèze entre Entrechaux et Mollans. Il comporte principalement les versants occidentaux de la montagne de Geine (1 250 m environ) et de la montagne de Bluye (1 061m, séparée de la montagne de Geine par le Rocher du Charles), anticlinaux orientés nord ouest sud est, parallèles à celui du mont Ventoux et qui relèvent de la même morphogénèse pyrénéo alpine. Encadrés par des synclinaux (en particulier ceux de Sénaris et du Toulourenc), ils alternent combes parfois encaissées, grands couloirs d’éboulis souvent très pentus et parois rocheuses.
L’assise géologique est constituée de calcaires compacts à faciès urgonien du Crétacé qui sont à l’origine de la présence d’un modelé karstique (avec lapiaz, etc.), mais également de marnes ou de calcaires marneux.
Très isolé du reste du département par la barrière climatique et biogéographique constituée par le mont Ventoux, cet ensemble présente un climat à forte affinité tempérée, malgré les influences toujours présentes du climat méditerranéen qui y pénètrent par l’ouest.
Malgré l’altitude, seuls les étages méso  et supraméditerranéen y sont représentés avec pinèdes de pin d’Alep et de pin sylvestre, chênaie verte et chênaie pubescente qui s’expriment plus souvent sous forme de matorral que de taillis en raison des fortes contraintes édaphiques. En adret de la montagne de Bluye, le pin d’Alep occupe le secteur le plus occidental, alors que le chêne vert est présent, de manière homogène, jusqu'à Brantes où il s’estompe rapidement pour céder la place au chêne pubescent. De même, le pin sylvestre remplace le pin d’Alep quand les températures sont plus basses et les précipitations plus importantes. Dans les ravins qui aboutissent au Toulourenc, des saussaies pionnières arrivent à s’installer, et ce même si ces derniers sont généralement en assec une grande partie de l’année. Le relief étant souvent très accidenté, les quelques milieux ouverts se concentrent sur les pelouses sommitales de la montagne de Bluye et de ses prolongements vers l’est, du rocher du Charles et de la montagne de Geine ou dans les dépressions où se localisent les quelques agrosystèmes.

Flore et habitats naturels


C’est dans les quelques rares milieux ouverts qui arrivent à se maintenir que se concentre le maximum de biodiversité. Même si ces derniers se réduisent, des pelouses marno calcaires situées près du col de Fontaube arrivent à maintenir la présence d’Euphorbia graminifolia (euphorbe à feuilles de graminée), endémique provenço dauphinoise.

Faune


Cette zone possède un cortège faunistique assez intéressant de vingt-six espèces animales patrimoniales, dont neuf espèces déterminantes.
L’avifaune nicheuse patrimoniale est principalement représentée par des espèces forestières (Bondrée apivore, Autour des palombes, Torcol fourmilier, Gobemouche gris, Pic noir) et rupicoles (Pigeon colombin, Grand-duc d’Europe, Monticole bleu,) dont le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), rare et déterminant mais aujourd’hui en augmentation en tant que nicheur. Il convient de mentionner également quelques espèces aviennes intéressantes de milieux ouverts (Circaète Jean le blanc, Huppe fasciée, Pipit rousseline, Pie grièche écorcheur, Bruant fou) dont une espèce déterminante, le Busard cendré (Circus pygargus) d’affintié steppique méditerranéenne. Signalons également la nidification locale de la Fauvette orphée ainsi que la présence ponctuelle de deux espèces déterminantes : l’Aigle botté (Hieraaetus pennatus), espèce migratrice et le Vautour fauve (Gyps fulvus), pour qui cette zone représente une place d’alimentation. Le Cerf élaphe fréquente également ce secteur.
Les chiroptères sont représentés par une espèce déterminante, le Grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum).
L’entomofaune compte quatre espèces déterminantes dont deux espèces ibéro-provençal d’affinité méditerranéo-montagnardes : le Moiré de Provence (Erebia epistygne), papillon de jour inféodé aux pelouses sèches à fétuques et le Sténobothre cliqueteur (Stenobothrus grammicus), criquet typique des milieux secs arides et pierreux. Citons également deux autres espèces de lépidoptères : l’Alexanor (Papilio alexanor) protégé au niveau européen, rare et dont l’aire de répartition est morcelée, inféodé aux éboulis et pente rocailleuses ainsi que le Marbré de Lusitanie (Iberochloe tagis bellezina), très localisé inféodée aux milieux ouverts où croit sa plante nourricière Iberis pinnata.

Commentaires sur la délimitation

Répartition et agencement des habitats : le cadre géomorphologique permet de définir les contours de cette ZNIEFF qui prend en considération tous les habitats situés entre la base de la montagne de Bluye, en rive droite du Toulourenc et la crête de la montagne de Geine.

Cette démarche se justifie par le fonctionnement et les relations existant entre les différents écosystèmes : il existe une complémentarité entre les milieux ouverts, terrain de chasse privilégié pour l’avifaune nichant dans les milieux plus fermés ou les sites rupestres.

Dans la vallée du Toulourenc, sont exclus de la zone, tous les sites occupés par les lits mineur et majeur du Toulourenc ainsi que les habitats proches dont l’existence est liée à la présence de ce dernier (en particulier les agrosystèmes installés sur des sites alluviaux).