ZNIEFF 930020314
HÊTRAIE DU GRAND LUBERON

(n° régional : 84105146)

Commentaires généraux

Description de la zone

La partie centrale du versant nord du grand Luberon est occupée, au niveau de l’étage montagnard méditerranéen, par une hêtraie qui se présente sous forme de lambeaux disjoints localisés dans une série de vallons et sur les microversants les mieux exposés aux courants humides. Elle s'étend de la Tuny à l'ouest, au vallon des Parties à l'est, sur un substrat géologique assez homogène formé de calcaires et de calcaires marneux de l'Hauterivien. Elle ne passe en versant sud que dans la partie haute du vallon de la Fayette. Sur le même versant, cet ensemble comporte également le vallon supérieur de Vaunière situé au niveau de l’étage supraméditerranéen. La conjonction des facteurs climatiques liés à cette zone (température relativement fraîche, de 10 °C en moyenne annuelle, brouillards fréquents, protection contre les vents desséchants), a favorisé la sauvegarde de cette hêtraie relique, formation toujours rare sous le climat méditerranéen. Mais d’autres facteurs sont à prendre en considération. La deuxième moitié du XXe siècle a vu l’abandon progressif de l’exploitation intensive de la forêt, notamment dans des zones d’accès difficile et, sur la forêt communale de Saint Martin de Castillon par exemple, la hêtraie n’a pas subi de coupes depuis près de 80 ans. Elle a donc pu largement y reconstituer ses peuplements. Aussi, elle trouve ici une de ses stations les plus méridionales de la France continentale et se présente sous la forme d’une futaie (une des plus belles du Luberon) au couvert dense et à la biodiversité élevée car elle a atteint un stade de développement et de maturité intéressants.

Flore et habitats naturels

Par rapport aux autres hêtraies sèches du département de Vaucluse, celle du versant nord du grand Luberon se singularise par un contexte mésophile assez marqué, à l’origine d’une flore à fortes affinités montagnardes et médio européennes avec des espèces qui possèdent ici leurs seules localités vauclusiennes ou qui sont parfois assez rares en région méditerranéenne. Viola jordanii (violette de Jordan), toujours très rare dans le Vaucluse, mériterait d'être confirméee à la Fayette. Dans les zones d'éboulis à petits blocs se développe une formation à tilleuls et à érables (Tilio Acerion), formation de ravins, toujours très rare dans le Vaucluse (présente également dans les gorges de la Nesque). C’est aussi dans ce même contexte et, en raison d’un microclimat très favorable (abri du mistral et des grandes sécheresses estivales) que s’est installée, dans la partie haute du vallon de Vaunière, une chênaie pubescente à houx à la biodiversité élevée.

Faune

Cette hêtraie accueille six espèces animales patrimoniales, toutes remarquables.

Il s’agit de quatre espèces remarquables de rapaces diurnes nicheurs : Bondrée apivore, Circaète Jean-le-Blanc, Autour des palombes et Faucon hobereau.

Deux insectes remarquable ont également été observés sur le site : l'Échiquier de Russie (Melanargia russiae), lépidoptère d'affinité steppique, localisée et dont la sous espèce cleanthe est endémique des montagnes du nord de l'Espagne et des Alpes du sud et le silphide Nicrophorus investigator, espèce nécrophage à distribution paléarctique mais localisée dans les zones de basse altitude, où elle a généralement subi une régression significative.

Commentaires sur la délimitation

La ZNIEFF s’appuie sur toutes les formations forestières mésophiles du grand Luberon.

Plus bas en altitude, les formations davantage mésoxérophiles ou xérophiles (chênaies pubescentes et vertes) n’ont pas été retenues. Il en est de même de la partie sommitale occupée par des formations de milieux ouverts et qui relève d’une autre ZNIEFF.

En revanche le lambeau de hêtraie du versant sud du grand Luberon (vallon de la Fayette) ainsi que la chênaie pubescente à houx du haut vallon de Vaunière ont été intégrés à la ZNIEFF car ils relèvent du même contexte.