ZNIEFF 930020323
PLAINE DE RUSTREL

(n° régional : 84118100)

Commentaires généraux

Description de la zone

La plaine agricole de Rustrel, installée sur des marnes noires très imperméables, s'étend à l'ouest du village de Rustrel, entre les ocres du Colorado provençal au sud, et les premiers contreforts des monts de Vaucluse au nord. La situation géographique particulière de cette plaine, située aux confins du bassin d'Apt, abritée du mistral mais exposée aux courants humides venant de l'est, crée un contexte climatique particulier se rapprochant d'un climat de type montagnard. Le système de production agricole est axé en partie sur des cultures de céréales, de légumineuses fourragères, de prairies de fauche et de friches pâturées. Le tout émaillé de quelques vignes, vergers et chênes truffiers.

Le maintien d’une agriculture extensive de type traditionnel permet à des plantes liées exclusivement aux céréales, les messicoles, de survivre et de se développer dans de bonnes conditions. Bien des espèces qui se manifestent dans ces milieux ont accompagné la progression de l’homme néolithique à partir du bassin méditerranéen et sont, de ce fait, très attractives et populaires.

 

Flore et habitats naturels

Dans cet ensemble très composite, ce sont les agrosystèmes à céréales d’hiver qui constituent le principal élément patrimonial. Leur maintien a été favorisé par l’utilisation de semences non sélectionnées, par un emploi très réduit d’engrais chimiques et par l’absence d’usage de pesticides et d’herbicides dans le but de protéger les troupeaux des agriculteurs éleveurs. Ils hébergent une flore messicole qui doit être considérée comme étant du plus grand intérêt biologique par la rareté, l’importance et la diversité des espèces qui s’y développent, et entre autres, par la présence de très nombreuses espèces menacées comme Androsace maxima (androsace à grand calice), Adonis annua (adonis annuel), Adonis flammea (adonis rouge feu), Adonis aestivalis (adonis d’été), Delphinium pubescens (pied d’alouette pubescent), Bifora testiculata (bifora à deux coques), Conringia orientalis (roquette d’Orient), Centaurea benedicta (chardon béni), Camelina microcarpa (caméline à petits fruits), Valerianella echinata (valérianelle à piquants), Ceratocephalus falcatus (cératocéphale en faux), Bupleurum subovatum (buplèvre presque ovale), Turgenia latifolia (turgénie à feuilles larges), Galium tricornutum (gaillet à trois pointes), Agrostemma githago (nielle des blés), Vaccaria hispanica (vachère), Polycnemum majus (grand polycnémum), Gagea villosa (gagée velue), etc.

Ces messicoles, qui sont souvent très spécialisées par leur écologie et leur biologie, s’avèrent très vulnérables aux modifications de leur environnement. La plupart d’entre elles se développent très rapidement au printemps et fleurissent avant la moisson, mais certaines poursuivent leur cycle sur les chaumes (flore post messicole). Si quelques messicoles produisent peu de graines et ont des semenciers à faible durée de vie, d’autres, en revanche, possèdent un pouvoir de germination qui peut rester actif pendant plusieurs années. Le développement optimal de cette flore messicole est lié à des parcelles régulièrement cultivées en céréales d’hiver. Elle peut donc s’effacer et réapparaître au gré des changements de culture si on lui en laisse néanmoins la possibilité. Des messicoles peuvent même subsister dans des jachères ou des friches jeunes pendant quelques années. Aux Quatre Chemins où Sideritis montana (crapaudine des montagnes) accompagne Visnaga daucoides (ammi cure dents), Inula bifrons (inule changeante), et la subhalophile Bupleurum tenuissimum (buplèvre très menu) se maintiennent toujours. En raison de la nature du substrat, la moindre dépression peut héberger une flore mésohygrophile avec Juncus sphaerocarpus (jonc à fruits sphériques) près de Passeron ou des prairies de fauche à Anacamptis laxiflora (orchis à fleurs lâches). Sur les talus des bords de routes, on rencontre encore Allium rotundum (ail rond), mais de façon sporadique et souvent par individus isolés.

 

Faune

Le cortège faunique de la plaine de Rustrel est relativement intéressant. Il comprend 17 espèces animales patrimoniales dont deux sont déterminantes.

On note la présence du Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile en reproduction sur le secteur.

Les espèces aviennes nicheuses locales à mettre en évidence sont le Moineau soulcie, le Faucon hobereau, la Caille des blés, le Petit duc scops, la Chevêche d’Athéna ou Chouette Chevêche, le Guêpier d’Europe, la Huppe fasciée, le Pic épeichette, le Bruant proyer, l’Alouette lulu et le Cochevis huppé.

Concernant l’herpétofaune, il convient de citer la présence la Couleuvre de Montpellier (Malpolon monspessulanus), espèce remarquable du sud de la France, de la péninsule Ibérique et du Maghreb qui affectionne les garrigues ouvertes et les milieux karstiques bien exposés et de la Couleuvre à échelons (Zamenis scalaris), espèce remarquable à distribution franco-ibérique, typique du cortège provençal et affectionnant les milieux secs et broussailleux.

Une seule espèce d’insecte d’intérêt patrimonial est à signaler, le Sympétrum du Piémont (Sympetrum pedemontanum), espèce remarquable d'odonates Libellulidés des canaux et cours d'eau intermittents, peu commune en France.

Commentaires sur la délimitation

Répartition et agencement des habitats : dans cette zone, c’est la mosaïque des agrosystèmes qui occupe l’essentiel de l’espace et permet de définir les limites de la ZNIEFF.

Cette démarche se justifie par le fonctionnement de ces agrosystèmes.

Les secteurs ne relevant pas de la même unité fonctionnelle ont été exclus (sites boisés du piémont des monts de Vaucluse, ocres de Villars/Rustrel, etc.).