ZNIEFF 930020330
LE LEZ

(n° régional : 84126100)

Commentaires généraux

Description de la zone


Le Lez, affluent rive gauche du Rhône est, avec l’Aygues et l’Ouvèze, l’un des trois cours d’eau qui structurent le Haut Comtat. Son parcours vauclusien est très fractionné puisqu’il pénètre dans le Vaucluse en longeant la partie septentrionale de l’enclave de Valréas (en deux tronçons), se poursuit dans la Drôme, puis redevient vauclusien sur la commune de Bollène. Il s’écoule alors entre la Réserve de chasse de Donzère/Mondragon à l’ouest et le massif silicicole de Bollène/Uchaux à l’est. Il se jette dans le Rhône au sud est de l’Île Vieille, après un parcours vauclusien d’environ 50 km. L’assise géologique est constituée d’alluvions fluviatiles parfois grossières ainsi que de terrains argilo limoneux.
Le Lez est un cours d’eau en tresse, à bande active relativement large sur son cours amont. En revanche, sur son cours aval, à partir de la ville de Bollène, la bande active est très étroite avec un seul chenal d’écoulement qui est d’ailleurs canalisé (avec enrochements et rectification du cours). C’est une rivière à forte charge et à régime torrentiel de type méditerranéen. En raison de la localisation et de la configuration de son bassin versant amont, ce cours d’eau est affecté régulièrement par des crues, qui peuvent être violentes et occasionner des pertes de biens. Habituellement pérenne, le Lez peut, en période estivale, avoir un étiage très réduit.
Bien que situé entièrement en région méditerranéenne, la végétation du Lez vauclusien bénéficie d’une position de carrefour biogéographique. Son caractère de cours d’eau non exclusivement méditerranéen est renforcé par l’existence d’un gradient amont aval, surtout sensible au niveau des formations arborescentes (les formations herbacées ripicoles sont, elles, bien plus homogènes). La ripisylve méditerranéenne à peupliers couvre le lit majeur, parfois sous forme de véritable forêt galerie (en amont de la ville de Bollène et près de la confluence avec le Rhône), parfois réduite à un linéaire arboré, mais avec des lacunes importantes. Elle est composée d’espèces arborescentes et arbustives à croissance rapide qui connaissent régulièrement des phases de destruction en fonction de la fréquence des crues et des fluctuations de la nappe phréatique. Elle ne peut donc pratiquement jamais évoluer vers des formations matures. De plus, sur le Lez, les épisodes de crues des années 1990 ont modifié l’alluvionnement (avec exhaussement de la bande active sur certains secteurs) et l’érosion (avec création de berges et anses d’érosion), ce qui a eu pour conséquence d’affecter les dynamiques végétales et la composition floristique des milieux.

Flore et habitats naturels


En raison de sa localisation, les formations riveraines méditerranéennes du Lez (Populetum albae, etc.) sont souvent enrichies, sur son cours amont par des espèces à affinités montagnardes ou médio européennes. Les formations à hydrophytes et à hélophytes sont moins développées que sur d’autres cours d’eau de même nature car les habitats favorables y sont toujours rares. Les lits de graviers du Glaucium flavi, occupent des surfaces réduites mais sont souvent colonisés par un fort contingent d’espèces naturalisées. Sur les secteurs restés sauvages, on peut rencontrer, mais de façon fragmentaire, les formations méditerranéennes des limons riverains du Paspalo Agrostidion, limons profonds et humides, riches en matières azotées. En revanche, la très forte artificialisation du cours aval n’a pas permis le maintien des espèces (Schoenoplectus pungens, scirpe piquant par exemple) observées à la fin du XIXe siècle par de Saulces Larivière, à une époque où le cours du Lez devait méandrer et où il n’était pas encore chenalisé.

Faune


Le Lez est un cours d’eau d’un intérêt faunistique plutôt élevé. Vingt espèces animales patrimoniales ont été recensées, dont 6 sont déterminantes.
Les mammifères locaux sont représentés par le Castor d’Europe, la Loutre d’Europe (depuis 2011), et le Vespertilion à oreilles échancrées, les amphibiens par le Pélodyte ponctué. Les oiseaux nicheurs comprennent des espèces liées aux ripisylves (Faucon hobereau, Huppe fasciée, Torcol fourmilier, Pic épeichette), des espèces liées aux berges nues du cours d’eau (Martin pêcheur d’Europe, Guêpier d’Europe), des espèces inféodées au lit même du cours d’eau (Petit Gravelot, Cincle plongeur). Le cortège ichtyologique est tout à fait remarquable avec des espèces très rares en Provence comme la Lamproie de Planer, l’Anguille d’Europe et l’Apron, sans parler des espèces un peu plus répandues telles que le Blageon, le Toxostome, le Barbeau méridional et la Bouvière.
Les arthropodes sont représentés par la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii), espèce remarquable d’odonates (libellules et demoiselles), protégée en Europe, d’affinité ouest méditerranéenne, dont la larve aquatique se développe au niveau du chevelu racinaire des arbres rivulaires des cours d’eau de plaine ou certains lacs bordés par la ripisylve, et l’Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes), espèce remarquable de Crustacés Décapodes, en régression et devenue rare et localisée en région Provence Alpes Côte d’Azur.

Commentaires sur la délimitation

Dans le but de maintenir le continuum de l’hydrosystème, la ZNIEFF prend en considération l’ensemble de la bande active et du corridor végétal.

Les limites extérieures de la ZNIEFF correspondent à l’avancée extrême de la ripisylve. Les cultures ou les sites trop urbanisés ont été exclus de la ZNIEFF, de même que les exploitations de gravier.