ZNIEFF 930020331
BASSIN DE MONIEUX/SAULT

(n° régional : 84127100)

Commentaires généraux

Description de la zone

Le grand ensemble qui court du mont Ventoux à la montagne de Lure, et qui se caractérise par un relief karstique aux géoformes les plus diversifiées, est interrompu dans sa partie centrale par le bassin de Monieux/Sault, localisé entre le plan d’eau de Monieux et Aurel, et qui correspond à un fossé d’effondrement occupé par le cours supérieur de la Nesque. Il fonctionne comme un poljé, vaste dépression fermée au relief peu marqué (650 800 m d’altitude) et résultant d’un colmatage détritique constitué de résidus de décalcification et d’alluvions fluviatiles.

Le climat y présente des affinités nettement montagnardes avec des températures basses, des précipitations assez abondantes (plus de 1000 mm/an à Sault), un enneigement non négligeable et un mistral souvent violent et froid en provenance du mont Ventoux.

Ce bassin aux boisements réduits (quelques formations de résineux et de taillis de chêne pubescent), situé dans l’étage supraméditerranéen et à la base de l’étage montagnard, est le domaine d’une agriculture et d’un élevage ovin de type extensif. Les agrosystèmes s’organisent de part et d’autre du cours de la Nesque avec les prairies de fauche, puis les cultures de céréales en alternance avec la lavande, le lavandin parfois associé à d’autres plantes aromatiques (sauge, hysope, etc.). Les céréales y présentent une importance grandissante, surtout en raison du retour à la culture du petit épeautre, céréale longtemps abandonnée et qui retrouve aujourd’hui un peu de son prestige d’antan. Ces agrosystèmes à céréales permettent à des plantes, les messicoles, de survivre et de se développer dans de bonnes conditions. Bien des espèces qui se manifestent dans ces milieux ont accompagné la progression de l’homme néolithique à partir du bassin méditerranéen et sont de ce fait très attractives et populaires.

Ces conditions climatiques et pédologiques ont créé des paysages austères qui demeurent malgré tout très anthropiques par rapport au plateau périphérique demeuré désertique.

 

Flore et habitats naturels

Ce bassin aux sols souvent imperméables est occupé, à proximité immédiate de la ripisylve de la Nesque, par des prairies de fauche naturelles très froides et humides, à la limite du marécageux. Une flore nettement médio européenne s’y est installée avec Anacamptis laxiflora (orchis à fleurs lâches). Mais on y rencontre aussi Dactylorhiza occitanica (dactylorhize du Midi), espèce probablement endémique du Midi méditerranéen français. Au-delà de ces prairies, sur des sols mieux égouttés, ce sont les agrosystèmes à céréales qui impriment leur marque au paysage. Leur maintien a été favorisé par l’utilisation de semences non sélectionnées, par un emploi très réduit d’engrais chimiques et par l’absence de l’usage de pesticides et d’herbicides dans le but de protéger les troupeaux des agriculteurs éleveurs. Ils hébergent une flore messicole qui doit être considérée comme étant du plus grand intérêt biologique par la rareté, l’importance et la diversité des espèces qui s’y développent, et entre autres, par la présence de très nombreuses espèces menacées comme Adonis flammea (adonis rouge feu), Adonis annua (adonis annuel), Agrostemma githago (nielle des blés), Androsace maxima (androsace à grand calice), Bupleurum rotundifolium (buplèvre à feuilles rondes), Camelina microcarpa (caméline à petits fruits), Ceratocephalus falcatus (cératocéphale en faux), Gagea villosa (gagée velue), Gallium tricornutum (gaillet à trois pointes), Tulipa sylvestris subsp. sylvestris (tulipe des forêts), etc. Cette dernière espèce possède une amplitude écologique très large puisqu’elle se rencontre dans pratiquement tous les écosystèmes du bassin de Monieux/Sault et parfois avec des populations très importantes. Ces messicoles, qui sont souvent très spécialisées par leur écologie et leur biologie, s’avèrent très vulnérables aux modifications de leur environnement. Ces espèces annuelles dont le pouvoir de germination reste actif pendant plusieurs années, peuvent s’effacer et réapparaître au gré des changements de cultures, si on leur en laisse néanmoins la possibilité. Des messicoles peuvent même subsister dans des jachères ou des friches jeunes pendant quelques années. Sur les talus des bords de routes, Allium rotundum (ail rond) arrive à se maintenir, en particulier à Virgile, près de Sault et à la Loge, mais avec des effectifs toujours très réduits. Salvia aethiopis (sauge d’Éthiopie) citée dans les années 1970 aux Michouilles pourrait encore exister car cette espèce se rencontre tout près, sur le plateau d’Albion.

 

Faune

Ce bassin renferme un patrimoine faunistique d’une richesse élevée avec 30 espèces animales patrimoniales présentes dont six déterminantes.

Concernant les mammifères, il convient de citer la présence du Cerf élaphe (Cervus elaphus), grand ruminant remarquable, aujourd’hui plutôt forestier, en expansion géographique et numérique en France et en région PACA, présent jusqu’à 2 500 m.

L’avifaune nicheuse comprend plusieurs espèces déterminantes et remarquables telles que le Blongios nain, le Busard cendré, le Faucon hobereau, la Caille des blés, l’Oedicnème criard, le Petit duc scops, la Chevêche d’Athéna ou Chouette Chevêche, la Huppe fasciée, le Torcol fourmilier, le Pic épeichette, la Fauvette orphée, la Fauvette grisette, la Pie grièche écorcheur, la Pie grièche à tête rousse, la Pie grièche méridionale, la Moineau soulcie, le Bruant ortolan, le Bruant proyer, l’Alouette lulu, la Rousserole turdoïde. Le Circaète Jean le blanc vient s’alimenter ici.

L’herpétofaune est caractérisée, entre autres, par la présence du Pélodyte ponctué (Pelodytes punctatus), espèce remarquable ouest-européenne d'affinité méridionale, du Seps strié (Chalcides striatus), espèce remarquable à répartition Franco-Ibérique qui fréquente les garrigues, les pelouses et les friches de Provence, sous les pierres et autres gîtes favorables et de la Couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus), espèce remarquable à répartition majoritairement Franco-Italienne qui privilégie les fourrés et les friches.

L’entomofaune est quant à elle notamment représentée par le Caloptéryx occitan (Calopteryx xanthostoma), espèce remarquable d'odonates (libellules et demoiselles) d’affinité ouest méditerranéenne, inféodée aux rivières méditerranéennes à eaux claires et par le Clairon à huit points (Trichodes octopunctatus), espèce remarquable prédatrice de floricoles en méditerranée occidentale, présente très marginalement en PACA dans la vallée du Rhône.

Commentaires sur la délimitation

Répartition et agencement des habitats : dans cette zone, ce sont les agrosystèmes qui occupent l’essentiel de l’espace et permettent de définir les limites de la ZNIEFF.

Cette démarche se justifie par le fonctionnement de ces agrosystèmes.

Les secteurs qui n’ont pas une vocation agricole prononcée ont été exclus de la zone, de même que ceux ne relevant pas de la même unité fonctionnelle.