ZNIEFF 930020336
COMBES OCCIDENTALES DES MONTS DE VAUCLUSE, DE VALESCURE À LA GRANDE COMBE

(n° régional : 84129118)

Commentaires généraux

Description de la zone


Localisé dans la partie la plus occidentale des monts de Vaucluse, cet ensemble se compose d’un plateau situé entre 600 et 700 m d’altitude centré sur le Mourre de la Belle Etoile, la Plaine, le Suei. Il est entaillé de combes (Valescure, Fontaine de l’Oule, Baumions, Grande Combe) et plonge sur la plaine comtadine par les impressionnantes parois rocheuses du cirque de Fontaine de Vaucluse, ce qui confère à l’ensemble une qualité paysagère exceptionnelle.
L’assise géologique est constituée de calcaires très compacts à faciès urgonien qui datent du Crétacé et sur lequel se développe un modelé karstique avec dolines, lapiaz, avens (Valescure), combes étroites et encaissées. Toutefois, sa manifestation la plus célèbre reste la Fontaine de Vaucluse, résurgence qui véhicule les eaux d’infiltration du mont Ventoux, de la montagne de Lure, du plateau d’Albion et des monts de Vaucluse et qui a donné son nom au terme géographique de source vauclusienne.
Cette zone est entièrement soumise au climat méditerranéen dans ce qu’il a de plus excessif avec une sécheresse extrême, une aridité très prononcée car l’eau s’infiltre dans un substrat très fissuré, et un mistral très violent. La conjugaison de ces facteurs fait que l’on est en présence d’un des sites vauclusiens qui a été le plus affecté par les incendies.
Et la végétation qui relève de l’étage mésoméditerranéen conserve encore les traces du passage séculaire du feu. Elle est constituée d’un taillis de chêne vert très dégradé piqueté de pelouses toujours réduites, de cistaies et de pinèdes de pin d’Alep. Toutefois, dans les fonds de combes très encaissées, la chênaie blanche peut s’installer avec un cortège d’espèces supraméditerranéennes.

Flore et habitats naturels


Dans cet ensemble de tous les extrêmes, où les formations édaphiques marquent le paysage, le plateau sommital conserve néanmoins quelques milieux ouverts, et ce malgré leur dégradation actuelle du fait de l’abandon du pastoralisme : formation à Genista pulchella subsp. villarsiana (genêt de Villars) en dessus de Valescure, pelouses à Gagea pratensis (gagée des prés) dans la partie haute du vallon de la Fontaine de l’Oule et près des rochers des Trois Luisants où se retrouve également Gagea lacaitae (gagée de Lacaita), steppe relictuelle au sommet du Mourre de la Belle Etoile avec Crepis suffreniana (crépis de Suffren). Près de ce dernier site, aux Plaines, une mare exondée en période estivale abrite Lythrum tribracteatum (lythrum à trois bractées). Dès que le taillis de chêne devient moins dense, Anthemis cretica subsp. gerardiana (anthémis de Gérard) apparaît, en contre haut du vallon de la Fontaine de l’Oule.
Dans le cirque de Fontaine de Vaucluse et les combes proches (vallon de la Fontaine de l’Oule surtout), les formations saxicoles prennent une très grande importance. C’est une des rares localités vauclusiennes où l’on observe la formation xérothermophile d’adret à Asplenium petrarchae (doradille de Pétrarque). C’est d’ailleurs sur ce site prestigieux que cette petite fougère qui affectionne les anfractuosités ou les petits surplombs des parois rocheuses a été découverte et décrite pour la première fois par le Docteur J. Guérin d’Avignon en 1813 sous le nom d’Asplenium vallis clausae (doradille de la vallée fermée). C’est encore sur des parois rocheuses, mais en ubac que s’observe, de Valescure au château de Fontaine de Vaucluse, Hesperis laciniata (julienne laciniée). Sur les vires d’adret situées en piémont de ces parois rocheuses (vallon de la Fontaine de l’Oule), des pelouses aux surfaces réduites abritent Asphodelus ayardii (asphodèle d’Ayard). Dans ces mêmes secteurs, d’autres formations saxicoles existent comme l’exceptionnel matorral à genévrier de Phénicie qui suit la crête qui domine le cirque de Fontaine de Vaucluse. Mais cette flore était encore plus intéressante au XIXe siècle, époque où, sur les rochers et rocailles proches de la source de la Sorgue, E. Requien en particulier avait observé des espèces maintenant probablement disparues : Picris pauciflora (picride pauciflore), Velezia rigida (vélézie rigide), Lomelosia stellata (scabieuse étoilée) et Glaucium corniculatum (glaucienne à fruits en forme de corne) qui est devenue très rare sur l’ensemble du territoire national. Le vallon de Valescure, anciennement cultivé (olivettes et céréales) mais laissé trop longtemps à l’abandon présente un intérêt floristique plus modeste et certaines messicoles comme Cnicus benedictus (chardon béni) qui y avaient été observées jadis n’ont également pas été retrouvées.

Faune


Ces combes présentent, avec un cortège faunistique de 23 espèces animales patrimoniales (dont 5 sont  déterminantes), un intérêt patrimonial assez élevé pour la faune.
Plusieurs espèces de chauves-souris occupent un gîte sur le site. Il s’agit du Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) espèce déterminante et menacée, en déclin dans la région, plutôt thermophile mais présent jusqu’à au moins 2 200 m d’altitude, chassant dans les bocages et les paysages karstiques riches en broussailles, pelouses, pâtures et prairies, souvent proches de l’eau courante ou stagnante, de grottes et d’habitations,  du Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii), espèce déterminante typiquement méditerranéenne et strictement cavernicole présente dans les régions aux paysages karstiques riches en grottes  et du Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros), espèce remarquable en régression marquée, plutôt thermophile et anthropophile. On rencontre aussi le Vespère de Savi et le Molosse de Cestoni deux espèces remarquables aux mœurs rupestres. L’avifaune nicheuse locale comporte à la fois des espèces rupicoles, des espèces forestières et des espèces de milieux ouverts. Parmi les espèces rupicoles, citons notamment le Grand-duc d’Europe, le Monticole bleu et le Faucon pèlerin. Parmi les oiseaux nicheurs de milieux ouverts ou semi ouverts, souvent d’affinité méditerranéenne, méridionale ou steppique orientale, on note ici la nidification du Circaète Jean le blanc, du Petit duc scops, de la Chevêche d’Athéna ou Chouette Chevêche, du Bruant fou, l’Alouette lulu, le Pipit rousseline, la Huppe fasciée. Les Oiseaux forestiers, généralement d’affinité médio européenne, correspondent aux nicheurs suivants : Autour des palombes, la Bondrée apivore Fauvette orphée, espèce d’affinité méridionale, nicheuse dans les bois clairs. Parmi les Reptiles d’intérêt patrimonial, mentionnons la présence ancienne du Lézard ocellé (pas de donnée depuis 2000).
Chez les arthropodes patrimoniaux, citons la Scolopendre ceinturée (Scolopendra cingulata), imposant chilopode (« mille pattes ») limité en France à la bordure méditerranéenne, le Scorpion languedocien (Buthus occitanus), espèce remarquable xéro thermophile d’affinité ouest méditerranéenne,  peu commune et affectionnant les sols meubles voire sablonneux et le Grand fourmilion (Palpares libelluloides), espèce remarquable de neuroptères (fourmilions et ascalaphes) assez commune mais toujours localisée aux steppes et autres formations herbacées maigres et sèches.

Commentaires sur la délimitation

Répartition et agencement des habitats : les formations rupestres, boisées (chêne vert et chêne pubescent), les pelouses occupent la totalité de cette zone, permettant ainsi de définir les contours de la ZNIEFF.

Cette démarche se justifie par le fonctionnement et les relations existant entre ces différents écosystèmes : il existe une complémentarité entre les milieux ouverts, terrain de chasse privilégié pour l’avifaune nichant dans les zones rupestres.

La climatologie ainsi que les contraintes du milieu physique et plus particulièrement l’analyse géomorphologique de la zone confortent la définition du pourtour de la zone ; celle-ci s’arrête aux agrosystèmes périphériques et exclut la Sorgue.

Le piémont trop artificialisé (mitage de l’espace, etc.) n’a pas été retenu.