ZNIEFF 930020345
PLAN DU PAROUART

(n° régional : 04101103)

Commentaires généraux

Description
Localisé à l’extrémité nord est du département des Alpes de Haute Provence, dans la petite région naturelle de l’Ubaye, le site est établi sur la commune de Saint Paul. Il occupe le fond du vallon de l’Ubaye et ses versants proches, à la confluence de l’Ubaye et du torrent de Chabrière.
Le substrat géologique du site s’inscrit dans la nappe sédimentaire de la zone piémontaise, soulevée lors de l’orogénèse alpine et qui occupe l’axe alpin occidental, au niveau de la frontière franco italienne. Les roches comprennent des calcschistes, des dolomies du Norien et des formations détritiques du Dogger, en grande partie recouverts de dépôts récents : éboulis, cônes de déjections, alluvions torrentiels et accumulations de tourbe. Ces dernières sont particulièrement importantes sur le Plan du Parouart et constituent l’une des originalités du site.
Positionné dans la zone biogéographique intra alpine, le site est soumis à un climat de haute montagne aux contrastes thermiques marqués.
Se développant entre 1900m et 2400m, il s’inscrit dans les étages de végétation subalpin et alpin.
La végétation du site est essentiellement composée de pelouses subalpines et alpines, de formations rases des combes à neige, d’éboulis et d’escarpements rocheux. Le Plan du Parouart se caractérise par des formations marécageuses étendues.

Milieux remarquables
Les deux habitats déterminants que compte le site sont des marécages. Ce sont : les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)] et les bas marais pionniers arctico alpins [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)], milieux d'une très grande valeur patrimoniale, qui apparaissent ponctuellement dans de nombreux secteurs de ce site, de manière très caractéristique.
Sept autres habitats remarquables sont également présents : les saulaies arctico alpines des bas marais et bords de ruisseaux à Saule arbrisseau (Salix foetida) [all. phyto. Salicion lapponi glaucosericeae (31.6212)], les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae et Calamagrostion villosae (37.8)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)] et les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)].

Flore

Le site comprend seize espèces végétales déterminantes dont une dizaine signalée historiquement et à rechercher sur le site. Quatre sont protégées au niveau national : la Rhapontique à feuilles d'Aunée (Rhaponticum heleniifolium subsp. heleniifolium), à rechercher sur le site, l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata), la Violette à feuilles pennées (Viola pinnata), l'Avoine odorante (Hierochloe odorata), rarissime graminée des pelouses tourbeuses et marécages boréo alpins inscrite au Livre Rouge National des plantes menacées. Neuf sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), l’Orchis nain des Alpes (Chamorchis alpina), le Bouleau poisseux (Betula pubescens subsp. glutinosa), la Laîche mucronée (Carex mucronata), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, la Renoncule à feuilles de parnassie (Ranunculus parnassifolius subsp. heterocarpus), très rare renonculacée à fleurs blanches d'éboulis calcaires, le Saxifrage à deux fleurs (Saxifraga biflora) et le Saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensioides). Quatre espèces n’ont pas de statut de protection : l'Ibéris toujours vert (Iberis sempervirens), le Sainfoin de Briançon (Hedysarum brigantiacum), légumineuse récemment décrite, le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraiches, le Saxifrage à tige dressée (Saxifraga adscendens), anciennement signalé.
Par ailleurs, il abrite sept autres espèces végétales remarquables. Cinq sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires protégée au niveau national, le Sainfoin de Boutigny (Hedysarum hedysaroides subsp. boutignyanum), le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude, l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina). Une espèce est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris), et une espèce  est sans statut de protection : le Genépi noir (Artemisia genipi).



Faune
Six espèces animales remarquables ont été dénombrées sur ce site.
Il s’agit d’un mammifère : le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce en régression, relique de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 et 3100 m d’altitude, et quatre oiseaux : la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1400 et 2400 m d’altitude, semble-t-il en régression, le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, qui occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment déneigées et balayées par le vent entre 1800 et 2500 m d’altitude, la Caille des blés (Coturnix coturnix) et le Cincle plongeur (Cinclus cinclus), oiseau inféodé aux cours d’eau torrentiels.
Même s’il ne niche pas dans ce vallon, notons également la fréquentation du site par le Gypaète barbu (Gypaetus barbatus), grand vautour déterminant ayant fait l’objet d’un programme de réintroduction sur le massif alpin et nicheur dans la vallée de l’Ubaye.
Chez les mollusques, notons la présence de Quickella arenaria, espèce remarquable de Succinidés, rare et localisée des bas marais et des suintements de pente.


Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «04_101_100   Haute vallée de l'Ubaye   massif de Chambeyron   rochers de Saint Ours   tête de Moïse».

Commentaires sur la délimitation

Les limites qui définissent le site sont dictées par la répartition d’habitats, et en particulier un important écocomplexe de milieux humides, ainsi que par des populations d’espèces à forte valeur patrimoniale. Elles se calent au mieux sur des éléments topographiques marqués (lignes secondaires de crêtes, ruptures de pentes…) et sur des repères géographiques importants (sentiers, lisières…), lorsqu’il en existe.