ZNIEFF 930020346
HAUT VALLON DE MARY - LACS DU ROURE - LACS ET GLACIER DE MARINET

(n° régional : 04101104)

Commentaires généraux

Description
Localisé dans la partie nord est du département des Alpes de Haute Provence, dans la petite région naturelle de l’Ubaye, le site est établi sur la commune de Saint Paul. Couvrant environ près de 1000 ha, il occupe la partie supérieure du versant nord des crêtes s’étendant entre l’Aiguille de Chambeyron et la Pointe du Fond du Roure.
Le site s’inscrit dans la zone géologique briançonnaise et inclut une très grande diversité de roches tant calcaires que siliceuses, d’origine sédimentaire d’âge Crétacé à anté Permien, comprenant notamment des marbres argileux, des calcaires, des dolomies, des grés, des quartzites et des conglomérats houillers. Les dépôts quaternaires récents, associant des éboulis, cônes de déjection, moraines et glaciers rocheux encore actifs, recouvrent une bonne partie des roches en place. Localement s’observent de nombreux dépôts tourbeux. Enfin, plusieurs petits glaciers sont à remarquer sur le versant nord des Aiguilles de Chambeyron.
Positionné dans la zone biogéographique intra alpine, le site est soumis à un climat de haute montagne aux contrastes thermiques marqués.
Etendu entre 2300 m et 3200 m d'altitude, le site s'inscrit dans les étages de végétation alpin et nival.
La végétation du site est principalement composée de pelouses alpines, de landes subalpines, d’éboulis et d’escarpements rocheux. De petits lacs d’altitude, ruisseaux, torrents et bas marais d’altitude occupent le fond de certains vallons.

Milieux remarquables
Les trois habitats déterminants que compte le site sont des marécages : les ceintures péri lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)], les bas marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] et les bas marais pionniers arctico alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)], milieux d'une très grande valeur patrimoniale, qui apparaissent ponctuellement dans de nombreux secteurs de ce site, de manière très caractéristique.
Dix autres habitats remarquables sont également présents : les saulaies arctico alpines des bas marais et bords de ruisseaux à Saule arbrisseau (Salix foetida) [all. phyto. Salicion lapponi glaucosericeae (31.6212)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis Polygonion bistortae (38.3)], les mélèzins cembraies ou forêts de Mélèze (Larix decidua) et de Pin cembrot (Pinus cembra) (42.3), les bas marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)], les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae et Dryopteridion abbreviatae (61.1)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae Cystopteridion fragilis (62.15)] et siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii (62.2)].
Deux autres habitats originaux sont à remarquer : les glaciers (63.3), qui sont les plus méridionaux des Alpes françaises, et les landines riches en lichens à Airelle bleue (Vaccinium uliginosum) [all. phyto. Loiseleurio procumbentis Vaccinion microphylli (31.41)] établies au niveau des crêtes ventées et froides. La présence de ces dernières rappelle les origines arctico alpines d’une partie de la végétation des Alpes.

Flore
Le site comprend douze espèces végétales déterminantes. Trois sont protégées au niveau national : le Saule de Suisse (Salix helvetica), la Laîche faux Pied d'oiseau (Carex ornithopoda subsp. ornithopodioides), petite cypéracée affectionnant les rocailles longuement enneigées de l'étage alpin, et la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico alpins froids d’altitude. Cinq sont protégées en région Provence Alpes Côte d’Azur : le Potamot des Alpes (Potamogeton alpinus), l’Orchis nain des Alpes (Chamorchis alpina), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico alpine rare des marécages et bords de ruisselets, le Pâturin vert glauque (Poa glauca), le Trisète en épi à panicule ovale (Trisetum spicatum subsp. ovatipaniculatum). Quatre espèces sans statut de protection : le Sainfoin de Briançon (Hedysarum brigantiacum), légumineuse récemment décrite, le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas marais arctico alpins, l'Oréochlora fausse seslérie (Oreochloa seslerioides), le Pied d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraiches.
Par ailleurs, il abrite cinq autres espèces végétales remarquables. Trois sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires, le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas marais froids d’altitude. Une est protégée en région Provence Alpes Côte d’Azur : la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris), et une ne présente pas de statut de protection : le Pissenlit à ligules en capuchon (Taraxacum cucullatum).

Faune
Ce site abrite sept espèces animales patrimoniales, dont une déterminante.
Parmi les mammifères figure le Bouquetin des Alpes, ongulé déterminant de nette affinité montagnarde et d’intérêt communautaire et le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce remarquable aujourd’hui en régression et qui correspond à une relique de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches), entre 1200 et 3100 m d’altitude. Le peuplement avien comporte quatre espèces remarquables : le Tichodrome échelette (Tichodroma muraria), passereau localisé nichant dans les falaises montagnardes, la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), galliforme méridional de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1400 et 2400 m d’altitude, semble-t-il en régression, le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes qui occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment déneigées et balayées par le vent entre 1800 et 2500 m d’altitude, et la Niverolle alpine (Montifringilla nivalis), petit passereau d’affinité paléomontagnarde, caractéristique des pelouses avec escarpements rocheux des étages alpin et subnival des massifs montagneux les plus élevés (entre 1900 et 2900 m d’altitude).
Chez les invertébrés patrimoniaux, notons la présence d’une espèce remarquable d’Orthoptères : la Miramelle piémontaise (Epipodisma pedemontana), espèce affectionnant les prés landes des étages alpin et subalpin, entre 1800 et 2900 m d’altitude, endémique des Alpes franco italiennes et en limite d’aire en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (05/04).

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF
Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «04_101_100   Haute vallée de l'Ubaye   massif de Chambeyron   rochers de Saint Ours   tête de Moïse».

Commentaires sur la délimitation

Le site est délimité par sa topographie, dont les hautes crêtes situées au sud-est coïncident également avec la frontière franco-italienne. L’ensemble correspond à l’association de plusieurs hauts vallon d’altitude renfermant des habitats et des populations d’espèces à très forte valeur patrimoniale.