ZNIEFF 930020348
VALLON DE PLATE LOMBARDE - LE VALLONNET - TÊTE DE VIRAYSSE - TÊTE DE SAUTRON

(n° régional : 04101106)

Commentaires généraux

Description

Localisé dans la partie nord-est du département des Alpes-de-Haute-Provence, dans la petite région naturelle de l’Ubaye, le site est établi sur les communes de Saint-Paul, Larche et Meyronnes. Il est délimité par le Brec de Chambeyron, la Tête de Sautron et la Tête de la Courbe.

Le site s’inscrit à la charnière de la zone géologique briançonnaise et des nappes de charriage de l’Embrunais-Ubaye et associe une importante diversité de roches comprenant des calcaires, des dolomies, des marbres, des schistes, des flyschs et localement des grès. Les dépôts quaternaires récents associant des éboulis, des cônes de déjection et des formations d’origine glaciaire occupent les bas de versants sur des surfaces importantes.

Positionné dans la zone biogéographique intra-alpine, il est soumis à un climat de haute montagne aux contrastes thermiques marqués.

Etendu entre 2000 m et 3200 m d'altitude, il s'inscrit dans les étages de végétation subalpin, alpin et nival.

Mélèzins, landes subalpines, prairies, pâturages, pelouses alpines, formations rases des combes à neige, éboulis, escarpements rocheux, ruisselets et bas-marais constituent l’essentiel de la palette du paysage végétal et minéral du site.

Milieux remarquables

Le site compte quatre habitats déterminants se rapportant à des éboulis et des marécages. Ce sont : les éboulis calcaires fins, représentés notamment par des formations à Bérardie laineuse (Berardia subacaulis) [assoc. phyto. Berardietum lanuginosi (61.2322)], les ceintures péri-lacustres des lacs froids et mares d’altitude à Linaigrette de Scheuchzer (Eriophorum scheuchzeri) [assoc. phyto. Eriophoretum scheuchzeri (54.41)], les bas-marais cryophiles d’altitude des bords de sources et suintements à Laîche des frimas (Carex frigida) [assoc. phyto. Caricetum frigidae (54.28)] et les bas-marais pionniers arctico-alpins à Laîche bicolore (Carex bicolor) [all. phyto. Caricion incurvae (54.3)], milieux d'une très grande valeur patrimoniale.

Dix autres habitats remarquables sont également présents : les saulaies arctico-alpines des bas-marais et bords de ruisseaux à Saule arbrisseau (Salix foetida) [all. phyto. Salicion lapponi-glaucosericeae (31.6212)], les landes épineuses oro-méditerranéennes à Astragale toujours verte (Astragalus sempervirens) [all. phyto. Ononidion cenisiae (31.7E)], les mégaphorbiaies montagnardes et subalpines, formations opulentes de hautes herbes des combes humides et fraîches [all. phyto. Adenostylion alliariae (37.8)], les prairies de fauche d’altitude [all. phyto. Triseto flavescentis-Polygonion bistortae (38.3)], les bas-marais alcalins à Laîche de Davall (Carex davalliana) [all. phyto. Caricion davallianae (54.23)], les bas-marais acides [all. phyto. Caricion fuscae (54.4)], les éboulis calcaires alpins [all. phyto. Thlaspion rotundifolii (61.2)], les éboulis siliceux alpins [all. phyto. Androsacion alpinae et Dryopteridion abbreviatae (61.1)], les formations végétales des rochers et falaises calcaires [all. phyto. Potentillion caulescentis et Violo biflorae-Cystopteridion fragilis (62.15)] et siliceux [all. phyto. Androsacion vandellii (62.2)].

Flore

Le site comprend quatorze espèces végétales déterminantes. Six sont protégées au niveau national : l'Androsace de Suisse (Androsace helvetica), l'Androsace pubescente (Androsace pubescens), le Saule à feuilles de myrte (Salix breviserrata), le Saule de Suisse (Salix helvetica), la Laîche faux Pied-d'oiseau (Carex ornithopoda subsp. ornithopodioides), petite cypéracée affectionnant les rocailles longuement enneigées de l'étage alpin, et la Laîche bicolore (Carex bicolor), rare cypéracée des marécages arctico-alpins froids d’altitude. Quatre sont protégées en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : le Dactylorhize couleur de sang (Dactylorhiza incarnata subsp. cruenta), l’Orchis nain des Alpes (Chamorchis alpina), le Jonc arctique (Juncus arcticus), plante arctico-alpine rare des marécages et bords de ruisselets, et le Saxifrage fausse diapensie (Saxifraga diapensioides). Quatre espèces sont sans statut de protection : le Cirse faux hélénium (Cirsium heterophyllum), le Scirpe de Hudson (Trichophorum alpinum), rare cypéracée des bas-marais arctico-alpins, la Laîche très noire (Carex atrata var. aterrima) et le Pied-d'alouette douteux (Delphinium dubium), spectaculaire renonculacée des mégaphorbiaies subalpines, des aulnaies vertes et des prairies fraiches.

Par ailleurs, il abrite huit autres espèces végétales remarquables, dont quatre sont protégées au niveau national : la Bérardie laineuse (Berardia subacaulis), composée archaïque endémique des Alpes sud-occidentales typique des éboulis calcaires à éléments fins, la Primevère marginée (Primula marginata), spectaculaire plante des parois calcaires protégée au niveau national, le Scirpe alpin (Trichophorum pumilum), rare cypéracée circumboréale des bas-marais froids d’altitude, l'Ancolie des Alpes (Aquilegia alpina), une est protégée en région Provence-Alpes-Côte d’Azur : la Minuartie des rochers (Minuartia rupestris subsp. rupestris), et trois espèces sont sans statut : le Pissenlit à ligules en capuchon (Taraxacum cucullatum), le Genépi noir (Artemisia genipi), la Gentiane de Schleicher (Gentiana schleicheri).

Faune

Ce site héberge cinq espèces animales patrimoniales, toutes remarquables.

Chez les Mammifères, citons en particulier le Lièvre variable (Lepus timidus), espèce aujourd’hui en régression et qui correspond à une relicte de l’époque glaciaire, fréquentant des milieux assez variés (alpages, éboulis, landes, forêts, pelouses, champs, cultures, friches) entre 1200 et 3100 m d’altitude. Quant aux Oiseaux, remarquons notamment deux espèces intéressantes : la Perdrix bartavelle (Alectoris graeca), espèce méridionale de montagne recherchant les versants montagneux ouverts et ensoleillés avec des barres rocheuses entre 1400 et 2400 m d’altitude, semble t il en régression, et le Lagopède alpin (Lagopus mutus), espèce remarquable, menacée et en régression, d’origine arctique, relique de l’époque glaciaire dans les Alpes, qui occupe les reliefs de croupes et de crêtes, fréquemment déneigées et balayées par le vent entre 1800 et 2500 m d’altitude.

Chez les insectes, notons la présence de deux lépidoptères intéressant, le Céphalion (Coenonympha gardetta macromma), sous-espèce remarquable de la sous-famille des Satyrinés, endémique du centre et de l’ouest des Alpes, à aire de répartition disjointe, inféodée aux pelouses et fourrés de l’étage subalpin, et l’Azuré du Serpolet (Maculinea arion), espèce protégée au niveau européen, inféodée aux bois clairs et ensoleillés, pelouses et friches sèches avec présence de ses plantes hôtes, des serpolets et de sa principale fourmi hôte, Myrmica sabuleti, jusqu’à 2400 m d’altitude.

Fonctionnalité/Liens éventuels avec d’autres ZNIEFF

Cette ZNIEFF de type 1 est incluse dans la ZNIEFF de type 2 «04_101_100 - Haute vallée de l'Ubaye - massif de Chambeyron - rochers de Saint-Ours - tête de Moïse».

Commentaires sur la délimitation

Le site est délimité avant tout par sa topographie, dont les hautes crêtes situées à l’est coïncident également avec la frontière franco-italienne. L’ensemble correspond à l’association de plusieurs hauts vallon d’altitude renfermant des habitats et des populations d’espèces à très forte valeur patrimoniale.